Je ne veux plus que des élus qui ne connaissent rien à notre quotidien décident de notre sort
AFRIMAG : Quelles sont les principales difficultés auxquelles sont confrontées aujourd’hui les ressortissants français établis en Afrique de l’Ouest et au Maghreb ?
Frédéric Elbar : Leurs préoccupations tournent essentiellement autour de trois sujets : l’enseignement français à l’étranger (son coût qui devient prohibitif et la qualité qui semble diminuer), la protection sociale (j’y inclus la retraite) qui peut s’avérer compliquée ou onéreuse et la fiscalité française sur leurs avoirs et/ou revenus d’origine française. Il faut également citer le fait qu’ils se sentent souvent seuls et abandonnés par les représentations diplomatiques en place (Consulat, Ambassade…).
Comment comptez-vous résoudre leurs problèmes et leurs difficultés ?
Il n’y a pas de solution magique. Je pense qu’il y a d’abord un gros travail de terrain à faire avec les forces en présence à savoir les institutions françaises du pays d’accueil, les entreprises à capitaux français présentes, les établissements d’enseignement et les acteurs de la communauté civile française. Nous ne pouvons pas demander continuellement à la République française de payer, elle n’en a de toute façon plus les moyens. Il faut donc agir par nous-mêmes avec le soutien de nos autorités et savoir se montrer créatifs et solidaires. Ainsi, en termes d’enseignement il faut repenser le modèle et s’adapter en fonction du pays d’accueil (on peut citer l’exemple du campus franco-allemand à Shangai). Il faut aussi mettre l’entreprise au cœur du dispositif car c’est lorsqu’il y a un intérêt économique que les choses peuvent bouger et qu’elles génèrent de la valeur ; il faut donc aller vers des dispositifs de partenariats public/privé. On peut créer des filières professionnelles avec l’appui des entreprises à capitaux français (mais pas seulement) en liaison avec les établissements d’enseignement français. En ce qui concerne les consulats, il faut envisager que les conseillers consulaires (qui sont des Français élus par leurs concitoyens pour les représenter devant le consulat) aient droit de vote dans les instances consulaires et dans les conseils d’établissement des établissements d’enseignement français. Il faudrait aussi que les consulats soient « notés » par les usagers (il suffirait de mettre une borne interactive avec un questionnaire de satisfaction où chaque usager pourrait de manière anonyme donner son appréciation).
D’aucuns pensent qu’un avocat d’affaires comme vous est plus proche du monde des affaires que du Français lambda établi en Afrique de l’Ouest ou au Maghreb. Que leur répondriez-vous et que pourriez-vous proposer
à cette catégorie d’expatriés ?
Je réponds que je suis un citoyen lambda vivant et travaillant dans ces pays et que mes relations, mes voisins et mes amis ne sont pas tous des patrons ou des gens fortunés.
Je réponds aussi que c’est un atout considérable car je peux prétendre connaître le monde des affaires et donc de l’entreprise alors que les autres élus : députés et sénateurs) sont rarement issus du privé et ne connaissent pas grand-chose à l’entreprise (alors que l’entreprise est créatrice de valeurs, de richesses et d’emplois).
Quid des binationaux ?
Ils sont majoritaires (près de 55% dans chacun des pays de la 9ème circonscription) et leur nombre va en grandissant.
Ils sont malheureusement déconsidérés et depuis longtemps la République et ses représentants leur ont fait sentir qu’ils n’étaient pas vraiment français même si d’un point de vue légal il n’y a bien évidemment pas de discrimination. Or, c’est une grande richesse pour la France et pour le pays d’accueil : c’est un ciment pour les nations. Cette désaffection a entraîné un rejet par ces binationaux du sentiment d’appartenance à la nation française : c’est malheureux et dommageable.
Il faut y remédier. Il suffit de pas grand-chose ; il faut leur donner la parole, les considérer et les faire participer tant que faire se peut aux actions que la République entreprend dans les pays considérés.
Vous êtes un candidat indépendant. Qu’est-ce que vous reprochez aux anciens députés des Français de l’étranger affiliés à des partis politiques ?
Je leur reproche de s’intéresser plus à leur parti et à leur progression au sein de ce parti que de la population qui les a élus.
Qu’est-ce qui motive aujourd’hui votre candidature ?
Je suis un Français de l’étranger lambda qui vit en Afrique et je ne veux plus que des élus qui ne connaissent rien à notre quotidien décident de notre sort. Je veux m’engager pour mes compatriotes et ma communauté (celles des Français d’Afrique).
Bio Express
- Né à Marrakech il y a 50 ans.
- Marié père de deux enfants qui ont fait toute leur scolarité sur le continent africain.
- Diplômé de la faculté de droit de Nice (1989).
- A effectué son service militaire en France en qualité de maître-chien.
- Avocat d’affaires ayant accompagné de grands cabinets internationaux pour leur installation en Algérie, au Cameroun, en Guinée Equatoriale, au Maroc et au Tchad et a accompagné les grands investisseurs internationaux dans leurs investissements en Afrique.
- Conseiller du Commerce extérieur de la France pour le Maroc (par décret du 1er Ministre) de 2003 à 2009.
- Elu conseiller consulaire à Casablanca en 2015.
- Se présente à la députation de la 9ème circonscription des Français de l’étranger aux élections de juin 2017.
- Page facebook : https://www.facebook.com/Frederic.ELBAR.Conseil.Consulaire/
- http://fredericelbar.com/
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