Selon les derniers chiffres de l’OMC, l’Afrique pèse pour à peine 3% du commerce mondial. Une contribution marginale comparée à celle des autres continents. Mais il est un autre registre dans lequel l’Afrique occupe un rang peu élogieux. En effet, l’Afrique reste avec 10% des échanges, le continent qui commerce le moins avec lui-même. Pourtant, à l’heure où la ZLEC peine toujours à s’imposer, certains pays du continent s’illustrent de fort belle manière par le poids de leurs investissements dans d’autres pays africains. Quels sont ces pays ? Quels sont les secteurs qui ont la faveur de ces investissements ?
Le Maroc
Dopé par un secteur bancaire florissant, le royaume chérifien ne cache plus ses ambitions de leadership sur un continent en manque d’une véritable locomotive. En témoignent ses investissements dans les pays africains depuis le début des années 2000. En effet, le Maroc aura en quinze ans investi quelque 4 milliards de dollars US en Afrique, soit 60% de ses réalisations à l’étranger. Les principaux bénéficiaires de cette manne financière sont l’Égypte (20%), la Côte d’ivoire (19%) et le Mali (environ 15%). Les secteurs de la banque, du tourisme et des BTP entre autres restent les plus soutenus. Les perspectives économiques du pays restent favorables selon un récent rapport de la Banque africaine de développement avec une croissance du PIB réel prévue de 3,7% en 2020 et de 3,9% en 2021. Cependant, le pays reste vulnérable du fait de sa forte dépendance vis-à-vis de l’Europe notamment de l’Espagne. Mais également de l’agriculture, elle-même dépendante de la pluviométrie. La nouvelle donne dictée par le coronavirus pourrait sérieusement affecter les secteurs aériens et touristiques qui représentent près de 12% du PIB du pays.
L’Afrique du Sud
L’Afrique du Sud, premier investisseur africain sur le continent, consacre lui aussi une part importante de ses investissements sortants aux pays africains. La Banque mondiale estimait ceux-ci à environ 8 milliards de dollars US l’année dernière. Le pays est cependant confronté à de nombreux défis tels que la restructuration de son secteur public qui freine sa croissance mais également de son secteur minier. Par ailleurs, la trop forte dépendance de l’Afrique du Sud vis-à-vis de la Chine pourrait mettre à mal ses performances économiques à court et moyen terme. En effet, le géant asiatique reste la principale destination des exportations sud-africaines ainsi que le pays dont il importe le plus. «L’Afrique du sud gagnerait davantage à développer ses relais de croissance sur le continent », précise Céleste Fauconnier, économiste à la Rand Merchant Bank. Le pays entretient d’excellents rapports commerciaux avec ses voisins (Namibie, Botswana, Zimbabwe…) dont il est la principale source d’importations.
Le Nigeria
Avec plus de 70% du PIB de l’Afrique de l’ouest, le Nigeria est incontestablement le pays le plus riche du continent africain en termes de PIB (450 milliards de dollars US environ) mais aussi un gros investisseur dans la sous-région et au-delà. Avec des enseignes d’envergure internationale dont les plus connues sont celles de Dangote Cement, United Bank for Africa ou encore Gloworld, les investissements sortants du géant de l’ouest sur le continent s’estiment aujourd’hui à près de 2 milliards de dollars US. Mais le pays reste très vulnérable aux chocs extérieurs notamment au cours du pétrole, sa principale source de revenu ainsi qu’à sa dépendance économique avec les États-Unis (principale destination des exportations) et la Chine (principale source des importations). Le pays est engagé dans de profondes réformes afin de diversifier son économie. Le secteur agro-industriel reste l’un des secteurs porteurs du pays.