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Le café renaît de ses cendres

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Sur une prévision de 94 000 tonnes cette année, une production de 137 000 tonnes de café vert a été atteinte. Et ce, après des années de chute libre, conséquence de la politique de libéralisation de cette filière.

Café au Burundi« Le retour de l’Etat dans ce secteur après des années de désengagement en faveur du privé, le partenariat public-privé et une bonne précipitation explique cette embellie dans la production du café vert au Burundi », analyse Joseph Ntirabampa, président de la Confédération nationale des caféiculteurs (CNAC Murimaw’Isangi). « La libéralisation de cette filière en 2008 avait découragé les caféiculteurs », explique-t-il. Et le président de la Confédération des caféiculteurs d’ajouter : « le désengagement de l’Etat a ouvert la voie au privé, mais ce dernier n’a pas pu s’impliquer comme il se devait : des vergers ont été délaissés ou arrachés pour laisser la place aux cultures vivrières comme le manioc, le haricot, etc. »

Après le constat d’échec de cette politique de libéralisation du secteur du café, l’Etat est revenu et a repris les choses en main. « Nous travaillons aujourd’hui en synergie, une collaboration étroite entre le gouvernement et les caféiculteurs réunis dans des coopératives pour augmenter la production. », déclare-t-il. La stratégie du gouvernement est le développement de la filière café pour la période 2015-2021. Pour ce faire, le gouvernement burundais investira 81,2 millions de dollars US dans les six prochaines années.

Les résultats de ce partenariat public-privé sont déjà palpables. « La culture du café est en train de se remettre sur les rails. L’Etat y a de nouveau consenti beaucoup d’efforts surtout dans la sensibilisation des caféiculteurs et responsables de la filière que nous sommes. Nous nous sommes mis ensemble avec l’Etat pour réorganiser la filière café », affirme, pour sa part, MélanceHakizimana, caféiculteur de la Commune Giheta, province Gitega, au centre du pays, à plus ou moins 100 km de Bujumbura. A la tête de la coopérative Mboneramiryango (Lumière des ménages), il indique que durant les quatre dernières années, la production du café n’a cessé d’augmenter et atteint aujourd’hui des records jamais enregistrés. « Au sein de notre coopérative, nous avons récolté 15 000 tonnes de café l’année passée, et aujourd’hui on s’attend à plus du double, soit 35 000 tonnes. »

Dans un pays à plus de 90 % agricole, Hakizimana soutient que le café est la principale culture d’exportation du pays et c’est l’or du Burundi. « Il apporte des devises au pays et c’est une source importante de revenus pour les petits agriculteurs. »

A titre d’illustration, lors du premier paiement de cette année, raconte-t-il, les coopératives des caféiculteurs ont injecté dans le pays plus de deux millions de dollars US, et prochainement, on s’attend à plus de cinq millions. Ces montants  » ne concernent que les 39 coopératives qui ont déjà construit des stations de dépulpage et de séchage. » Dans tout le pays, les stations approchent 250 unités, ce qui augure d’un excellent potentiel financier attendu du secteur café pour le pays.

Une relance qui motive les caféiculteurs

AnithaNiyiduha, Colline Musama, Commune Giheta, Province Gitega, au centre du pays ne le cachent pas. « Le café est bénéfique pour moi. Car, avec la culture du haricot, du maïs, il est impossible d’avoir des revenus importants. Avec le café, on subvient aisément à nos besoins et à ceux de nos familles. » Cette caféicultrice met beaucoup d’énergie dans l’entretien du café parce que c’est sa principale source de revenu. « Même si on cultivait beaucoup d’hectares d’ haricots, les revenus restent modiques. » Et d’indiquer qu’aujourd’hui, les gens sont en train de s’investir dans le café parce qu’ils ont compris que sa culture est susceptible de multiplier les revenus de façon conséquente.

Côté gouvernement, Emmanuel Niyungeko, Directeur général de l’Agence de régulation de la filière café (ARFIC) fait savoir qu’après 2021, l’augmentation des exportations du café pourrait générer des recettes estimées à plus de 60 millions de dollars US. Pour atteindre cet objectif, il signale qu’il y a nécessité d’entreprendre des réformes au sein de la filière café au Burundi. Il cite ici le remplacement des vieux caféiers, l’application de bonnes pratiques (la taille, le désherbage, le paillage et la fertilisation adéquate), l’extension des superficies cultivables, l’intensification du programme de fertilisation ainsi que l’adoption de meilleures pratiques de récoltes, post-récoltes et d’usinage. Pour ce faire, le gouvernement a entrepris une large campagne d’installation des pépinières pour avoir de nouveaux plants. Pour cette autorité, le café reste le principal produit d’exportation au Burundi générant plus de 80% des recettes en devises du pays.

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