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Empire du milieu, Royaume chérifien, projets pharaoniques

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Après l’annonce faite lors de la visite du roi Mohammed VI en Chine, le projet de ville industrielle au nord du Maroc se précise. Le président du groupe aéronautique chinois Haïte a séjourné à Tanger avec une forte délégation pendant une semaine. On avance d’ores et déjà une superficie de 2000 ha, la création de 100.000 emplois. Et, un fonds d’investissement d’1milliard de dollars est mis en place.

Le roi Mohammed VI et le président Xi Xinping de Chine

Royaume chérifien, certes, mais projets pharaoniques. La nouvelle ville industrielle que projette de construire le géant chinois, Haïte, à Tanger au nord du Maroc, entre bien dans ce cadre. A terme, elle devrait compter quelque 300.000 habitants. Les premiers détails montrent qu’il s’agira de l’un des plus ambitieux projets jamais lancés en Afrique. C’est en mai dernier, lors de la visite du souverain marocain à Pékin que l’annonce a été faite, mais c’est au cours du mois de juin que l’on a assisté aux prémices d’une concrétisation ainsi qu’aux premières indiscrétions. En effet, Li Biao, président du groupe chinois Haïte, a séjourné pendant une semaine au Maorc, avec une forte délégation. Ce n’était certainement pas pour faire du tourisme.

Projet ambitieux et sérieux

On a ainsi les premières indiscrétions qui dénotent du caractère inédit de ce projet. Outre le nombre d’habitants qu’il abritera, le site qui s’étendra sur plus de 2000 ha, devra générer quelque 100.000 emplois. Ces chiffres ont naturellement suscité une certaine incrédulité chez plusieurs observateurs. Mais, au niveau du ministère de l’Industrie, « on confirme bel et bien le caractère certes ambitieux, mais on ne peut plus sérieux ». Pour preuve, notre source cite la visite de Li Biao, mais également le coaching royal. Puisque le cabinet de sa majesté suit de très près la moindre avancée.

Haïte, un groupe aéronautique qui cherche à se diversifier

Le président de Haïte a eu droit à un accueil digne d’un chef d’Etat. Des hélicoptères sont mis à sa disposition pour se rendre personnellement avec son équipe sur le site, et assurer certains déplacements. Li Biao est accueilli notamment par Elias El Omari, le président de la région, Mohamed Yaacoubi, Wali de la région Tanger-Tetouan, Bachir Abdallaoui, maire de la ville de Tanger, ainsi que plusieurs élus locaux, etc. Et bien sûr, Moulay Hafid El Alamy, le ministre de l’Industrie marocain et du commerce est également de la partie. Tout est réglé au millimètre près pour satisfaire les hôtes de marque du groupe chinois dont beaucoup de Marocains n’avaient jamais entendu parler. Et il ya de quoi, puisque le groupe est surtout connu dans l’aéronautique, ni en tant que constructeur, ni comme fournisseur de composantes, mais essentiellement comme prestataire de services en réparation et d’inspection des avions, moteurs et autres matériels aéronautiques. De même, ses dix filiales basées essentiellement en Chine, à Singapour, mais aussi à Nantes, sont essentiellement dans les mêmes domaines d’activité qui touchent également les études. Par conséquent, à moins d’être initié, il est difficile de connaître Haïte et encore moins d’avoir une nette idée sur ce projet.

Partenariat avec la BMCE Bank Of Africa

Sauf que, le groupe chinois ne compte pas réaliser seul le développement industriel. Il entend surtout amener ses compatriotes à venir exploiter le potentiel d’une économie marocaine qui est liée au plus grand marché du monde, à savoir celui de l’Union européenne, et d’autres tels que certains pays du continent africain, notamment ceux du Maghreb, d’Afrique de l’ouest et centrale. Le fait que le Maroc soit également l’économie d’Afrique du Nord la plus ouverte vers le sud n’a pas non plus échappé au groupe chinois.

Ainsi, cette nouvelle ville industrielle devrait-elle accueillir aussi bien l’industrie automobile chinoise que les diverses manufactures de l’Empire du milieu dans des secteurs aussi variés que l’électroménager, l’électronique, la mécanique, la métallurgie légère, etc. Évidemment, Haïte devrait également saisir l’occasion pour réaliser sa diversification dans d’autres secteurs d’activité que l’aéronautique.

Dans ce projet, il ne compte pas aller seul. A ses côtés, il y a notamment des partenaires marocains, dont le nom qui revient le plus est celui de la BMCE Bank of Africa. En Haite Group, Morocco-China International et BMCE Bank of Africa ont signé, le 12 mai 2016, un mémorandum d’entente portant sur la création, au Maroc, de ce parc industriel sino-marocain. Dans la foulée, un fonds d’investissement sino-marocain d’une taille cible d’1 milliard de dollars US, dédié notamment aux secteurs des services financiers, de l’aéronautique, des parcs industriels et de l’infrastructure a également été mis en place.

Des contours qui restent à définir

Cet accord prévoit le lancement d’une société de gestion de fonds et le renforcement du partenariat dans les domaines de l’assurance-Vie en Chine, du leasing d’avions, ainsi que d’un partenariat technique pour le lancement d’une banque dédiée au secteur des nouvelles technologies en Chine.

Néanmoins, les contours de ce projet bien que sérieux restent à définir. Pour le moment, le site exact n’est pas encore identifié. Certains parlent de Meloussa, c’est à dire non loin de l’actuel port de Tanger Méditerranée. D’autres avancent la localité de Chrafate, à moins de 20km de la capitale du Détroit. Pour la superficie également, le chiffre de 2000 ha est bel et bien avancé, mais cela pourrait se limiter du moins dans un premier temps à quelque 1000 ha. Quant au nombre d’emplois, face à l’ambition d’en créer 100.000, il faut noter l’éventualité ou non de voir s’installer des entreprises de secteurs hautement technologiques. Car, il est évident que les coups de la main-d’œuvre marocaine sont de moins en moins favorables à des secteurs comme le textile.

Par ailleurs, il faut noter qu’un tel projet n’est jamais simple à mettre en place. Il faut négocier déjà entre les divers promoteurs, les bailleurs de fonds devant être convaincus par le partenaire technique. Ces derniers devant aussi arracher des avantages auprès des partenaires publics, notamment la construction de routes et autres infrastructures.

Tirer avantage des changements de l’économie chinoise

Quoi qu’il en soit, les Marocains sont conscients de l’importance d’un tel projet et l’administration est totalement mobilisée pour agir en tant que facilitateur. Dans ce cadre, Moulay Hafid Elalamy a souligné que « la Chine a connu au cours des dernières années un changement stratégique dans son modèle économique », notant que ce parc industriel devrait permettre, « d’une part, à la Chine de renforcer ses investissements au Maroc et partant sa compétitivité économique extérieure, surtout en Afrique, et, d’autre part, au royaume de promouvoir la création d’emplois et le transfert de savoir-faire et des technologies ».

Toujours pour le ministre marocain, « à travers son nouveau modèle économique, qui vise à soutenir la demande intérieure via les hausses de salaires, la Chine est en train de perdre de son attractivité économique et se trouve ainsi obligée à renforcer sa compétitivité auprès d’autres pays, notamment ceux dits émergents ».

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