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Amel Chadli, Vice-présidente Schneider Electric de la stratégie et de l’énergie numérique pour le Moyen-Orient et l’Afrique

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D’abord le constat implacable ! «La récurrence du phénomène de délestage est une véritable problématique et une préoccupation permanente en Afrique subsaharienne». Malheureusement, un constat qui plus est, «n’est pas nouveau et peut être lié à la fois à la qualité globale des infrastructures de production, de transport et à la distribution de l’énergie électrique parfois vétustes ou insuffisamment entretenues sur site». 

Le diagnostic de Amel Chadli, Vice-présidente Schneider Electric de la stratégie et de l’énergie numérique pour le Moyen-Orient et l’Afrique donne froid dans le dos. Détails.  

AFRIMAG : Quels sont les enjeux énergétiques et environnementaux en Afrique et comment concilier croissance de la demande et préservation des écosystèmes ?

Amel Chadli : L’impératif de préserver l’environnement des conséquences néfastes du changement climatique, de la restructuration de l’économie et des contraintes en matière de ressources, sont au centre des enjeux de l’heure pour favoriser l’écologisation de l’économie.

Amel Chadli Vice presidente Schneider Electric de la strategie et de lenergie numerique pour le Moyen Orient et lAfrique

Amel Chadli: “Plus de 620 millions de personnes en Afrique sub-saharienne n’ont toujours pas accès à l’électricité…”

L’énergie ne doit plus être un luxe pour les Africains : elle est indispensable à l’amélioration du bien-être nécessaire à tout être humain pour la cuisson, l’éclairage, le chauffage. Malgré d’importantes ressources naturelles, les énergies fossiles sont peu disponibles en Afrique et l’électricité reste encore rare. Le continent africain a un faible taux d’électrification.

Bien que l’Afrique soit richement dotée de ressources énergétiques renouvelables et non renouvelables, sa production d’énergie actuelle est insuffisante pour répondre à la demande. Plus de 620 millions de personnes en Afrique sub-saharienne n’ont toujours pas accès à l’électricité et plus de 50% de la population dépend de la biomasse pour la cuisson et le chauffage des habitations.

Les défis environnementaux et commerciaux nous obligent à revoir comment permettre l’accès à une énergie verte, qui contribuera à l’essor l’économie du continent.

Le secteur de l’énergie va devoir s’adapter pour relever le défi du changement climatique. Il doit contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre en adaptant progressivement toutes les installations à la nouvelle donne climatique.

L’enjeu est donc, d’améliorer l’accès à l’énergie des Africains, condition nécessaire au développement, tout en s’inscrivant dans un contexte de développement durable. Un développement local durable passe nécessairement par un mode de gouvernance local décentralisé. La décentralisation de la gestion de l’environnement apparait donc comme une solution fiable pour une gestion durable des ressources naturelles et une promotion du développement durable.

L’enjeu de la transition énergétique est donc à la fois de répondre aux besoins énergétiques en forte croissance et de ne pas aggraver les conséquences sur l’environnement (gaz à effet de serre), tout en étant compétitif grâce à la maitrise de la consommation d’énergie, la sobriété énergétique, l’efficacité énergétique et la diversification du mix énergétique vers les énergies renouvelables.

Qu’entend-on par Smart-grids et Off- Grid, peut-on développer ces plateformes sur le continent africain ?

Les Smart grids sont des réseaux de distribution d’électricité qui favorisent la circulation d’information entre les fournisseurs et les consommateurs afin d’ajuster le flux d’électricité en temps réel et de permettre une gestion plus efficace du réseau électrique.

La capacité des Smart grids à gérer l’intermittence des énergies renouvelables et à optimiser l’utilisation d’une production décentralisée ont des solutions pertinentes pour répondre aux besoins futurs des pays africains qui souhaiteraient développer les énergies renouvelables à grande échelle. Cela pourrait être une solution adaptée à ce besoin grandissant de l’Afrique d’intégrer des énergies renouvelables, à grande échelle dans les systèmes électriques nationaux mais sont tributaires des grands bailleurs internationaux qui doivent se mobiliser pour promouvoir l’intégration de ce type d’énergie.

En parallèle et simultanément, l’Afrique devrait, également engager des chantiers de digitalisation avec des partenaires internationaux capables de doter les Entreprises africaines de réseaux intelligents digitalisés. Ceux-ci permettent de détecter des anomalies en temps réel en les engageant dans la voie de la numérisation progressive des procédures et de l’innovation pour un contrôle intelligent de la demande en électricité.

Récemment, Schneider Electric a conclu un accord historique en Égypte de plusieurs centaines de millions d’Euros avec EEHC – Egyptian Electricity Holding Company- afin de convertir l’intégralité du réseau national de distribution électrique en un réseau intelligent pour desservir plus de 20 millions de personnes dans 4 villes égyptiennes.

L’Afrique présente un potentiel particulièrement élevé pour le développement des technologies de Smart grids et Off-grids, porté par l’intégration indispensable des énergies renouvelables dans les systèmes électriques africains.

Comment adapter les conseils à l’heure du développement durable ? 
Nous assistons aujourd’hui à la convergence du numérique et de l’électrique à grande échelle, stimulant les innovations et l’efficacité énergétique. Cela donne naissance à ce que nous appelons “l’Electricité 4.0”.

Le virage vers une économie verte et responsable est désormais essentiel, puisqu’il permet non seulement d’apporter des solutions de conseils innovantes aux problématiques sociales et environnementales auxquelles notre société fait face, mais aussi de renforcer le système économique en Afrique en fonction de valeurs d’innovation et de collaboration avec le milieu. C’est dans cette perspective qu’accroître le nombre d’entreprises qui investissent en responsabilité sociétale devient incontournable.

Il est démontré que les entreprises qui intègrent des critères de développement durable dans leur stratégie d’affaires améliorent leur performance globale, renforcent leur résilience en créant de la valeur et se distinguent sur les marchés en répondant mieux aux besoins de leur clientèle en termes du développement durable.

Nous sommes fiers d’avoir été désigné l’entreprise la plus durable au monde par Corporate Knights. Une reconnaissance due en particulier à l’alignement de l’entreprise sur les Objectifs de Développement Durable (ODD), à travers ses activités et ses cinq enjeux clés pour le développement durable : Climat, Économie circulaire, Éthique, Santé et équité, et Développement.

Quel est l’approche de Schneider Electric sur le continent africain en matière de services énergétiques et de production décentralisé de production énergétique ?

Une électricité durable et fiable est une condition préalable pour permettre des services énergétiques efficaces. La récurrence du phénomène de délestage constitue une véritable problématique et une préoccupation permanente en Afrique subsaharienne. Ce constat n’est pas nouveau et peut être lié, à la fois à la qualité globale des infrastructures de production, de transport et à la distribution de l’énergie électrique parfois vétustes ou insuffisamment entretenues sur site. Ces désagréments créent des pertes importantes dans le réseau de distribution qui présentent encore des insuffisances technologiques et des déficits énormes en infrastructures électriques modernes.

Aujourd’hui, nous insistons sur l’intégration des sources multiples de production d’énergies renouvelables en vue de parvenir à la création d’un écosystème local, capable d’induire des activités économiques durables et à faible coût.

Ainsi, Schneider Electric a installé une centrale électrique «multi-énergies», basée sur sa solution Villaya en Afrique de l’Ouest. Le but étant de fournir de l’énergie électrique et thermique à partir de l’énergie solaire pour améliorer les activités agricoles telles que l’irrigation, la pisciculture, le séchage, la transformation, la pasteurisation et l’éclairage.

A terme, environ 100 000 personnes utiliseront la solution à travers les 8 sites pilotes des pays de l’UEMOA : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo.

Ce projet ambitieux est une réponse pragmatique à la crise énergétique que connaît l’espace de l’Union et une réponse adaptée à toute zone isolée sans réseau électrique comme facteur de développement social. Les deux principaux avantages de cette innovation sont :

• la promotion de l’accès à l’énergie pour les populations déconnectées des sources d’énergie conventionnelles ;

• et la facilitation de l’amélioration des revenus des bénéficiaires.

Cela permettra également de réduire la pénibilité du travail dans le secteur agricole et de développer des applications agricoles dans le domaine de la pisciculture, des activités agro-industrielles, de l’irrigation et des séchoirs électriques. Les centrales électriques multi-énergies constituent des outils adaptés pour accroître la sécurité alimentaire nationale, demeure une priorité pour les pays africains.

 Comment être résilient dans un monde économique qui se réchauffe ?

Pour être résilientes, les entreprises doivent transformer leurs stratégies de trois façons : repenser leur vision, innover de manière radicale et adopter une politique de long terme ; redéfinir leurs méthodes de valorisation afin de prendre en compte les coûts et bénéfices non estimés ; poursuivre de nouveaux types de partenariats afin d’atteindre des objectifs se situant au-delà de la portée de la seule entreprise.

En outre, les entreprises qui prendront en charge les thématiques de changement climatique et de la pénurie des ressources affectant l’ensemble de leur chaîne de valeur (des matières premières jusqu’au recyclage des produits) seront mieux positionnées pour conserver ou accroître leurs parts de marché et anticiper ces évolutions futures.

A titre d’exemple, le secteur du bâtiment consomme environ 30 % de l’énergie mondiale par leur construction et leur exploitation, et représente 36 % des émissions mondiales annuelles de gaz à effet de serre. En fait, le besoin d’être résilient n’a jamais été aussi grand et les exploitants et les gestionnaires d’installations, d’infrastructures et d’immeubles doivent faire face à la tâche ardue de maintenir le bon fonctionnement des opérations en temps de crise. Avec des centaines de catastrophes dans le monde au cours de la dernière année, des sécheresses aux cyberattaques en passant par une pandémie mondiale, il suffit d’une seule pour avoir un impact sur les entreprises.

Schneider Electric a commencé ce combat depuis plus d’une dizaine d’année. La nomination de notre PDG, Jean-Pascal Tricoire au Conseil d’Administration du Global Compact des Nations Unies marque la reconnaissance de l’engagement des entreprises aux Nations Unies.

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