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Sénégal : Va-t-on vers un dialogue des sourds ?

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Initialement prévu pour se tenir mardi 30 mai, c’est finalement aujourd’hui que s’ouvre, en principe, le dialogue national au Sénégal.

Un rendez-vous annoncé par le Président Macky Sall au lendemain de sa réélection controversée en 2019 et qui a pour objectif de parvenir à un consensus sur les principaux enjeux du pays. Quatre années après, la promesse du chef de l’Etat refait surface mais dans un contexte sociopolitique particulièrement volatile. Si bien que nombreux sont les observateurs de la vie politique sénégalaise qui s’interrogent sur la pertinence de ce rassemblement national. La question qui se pose est de savoir si avec ce dialogue national, Macky Sall parviendra à éteindre l’incendie des violences qui secouent son pays depuis quelque temps.

A cette affaire Sonko qui cristallise la polémique, s’ajoutent les velléités supposées ou réelles du Président sortant de briguer un 3ème mandat

A l’origine de ce climat sociopolitique délétère, il y a les ennuis judiciaires du principal opposant de Macky Sall : Ousmane Sonko déjà condamné dans un premier procès à six mois de prison avec sursis sur diffamation du ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang. Ousmane Sonko est actuellement au cœur d’une autre poursuite pour viols répétés et menaces de mort sur la personne d’Adji Sarr, une employée d’un salon de beauté de Dakar. A cette affaire Sonko qui cristallise la polémique, s’ajoutent les velléités supposées ou réelles du Président sortant de briguer un troisième mandat en février 2024.

Pour leur part, les partisans du principal opposant au chef de l’Etat, des députés et élus territoriaux, ont décidé ce mercredi 31 mai d’aller chez Ousmane Sonko  pour prendre part  au “dialogue du peuple organisé par le F24”. En tous les cas, dans le contexte de tensions liées à cette affaire, on peut se demander quelle sera la participation de l’opposition à ce dialogue national dont le timing du démarrage tombe, comme si ce n’était pas un hasard, à la veille du verdict du procès pour viols de “l’enfant terrible” de Ziguinchor qui risque l’inéligibilité dans une affaire qui tient en haleine le Sénégal depuis plus de deux ans.

Sonko dénonce un acharnement politique sur sa personne. Mais les différentes affaires qui pourraient lui valoir une disqualification dans la course à la présidentielle, et pire écourter sa carrière politique, qu’il espère longue et brillante, sont-elles sorties ex-nihilo? Ont-elles été fabriquées de toutes pièces par le pouvoir pour mettre un empêcheur de gouverner en rond sur la touche? Si oui, les seuls discours d’Ousmane Sonko ne peuvent pas convaincre l’opinion ! Il en faut plus, notamment des arguments bien solides et des plaidoiries magistrales dont les avocats ont la maîtrise, pour sortir leur client du pétrin et, le cas échéant, le blanchir totalement. Car, Ousmane Sonko ne peut empêcher ses adversaires d’utiliser le fouet que lui-même leur a fourni pour le taper. Surtout que dans l’arène politique, tous les coups sont malheureusement permis. Il ne reste plus à la justice sénégalaise qu’à faire preuve d’équité totale et jouer son rôle en toute impartialité, afin d’essayer de redorer son blason quelque peu terni par les accusations qui fusent de toutes parts, faisant d’elle le moyen par lequel le pouvoir casse ses opposants. Le cas de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall et celui de l’ancien ministre du «ciel et de la terre», Karim Wade ne disent, malheureusement pas le contraire et le timing des procès engagés contre Ousmane Sonko, certes par des citoyens comme lui, n’est pas non plus anodin! La présidentielle de 2024, c’est déjà demain! Si tout bon démocrate doit appeler à la justice pour Ousmane Sonko, il faut tout de même que justice se fasse. Et ça le champion de Yewwi Askan Wi doit l’accepter et éviter que le brasier sénégalais ne soit pas de son fait organisé.

Toujours est-il que ce rendez-vous risque de tourner à un dialogue de sourds pour ne pas dire à un entre-soi, tant la quasi-totalité de l’opposition et une bonne partie de la société civile ont décidé de ne pas répondre à l’appel.

Pour sûr, depuis deux ans, le Sénégal considéré pendant de longues décennies comme le phare de la démocratie en Afrique de l’Ouest et un îlot de stabilité dans une sous-région réputée pour ses nombreux coups d’Etat, le pays de Léopold Sédar Senghor est plus que jamais à la croisée des chemins, et c’est peu de le dire.

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