On les appelle les «pandemic bonds». Ce sont des obligations émises par la Banque mondiale pour financer des mesures (épidémies, pandémies, catastrophes…) dans les pays vulnérables. Seulement, ces prêts, généralement exorbitants, sont rémunérés par des intérêts versés aux investisseurs détenteurs de ces obligations. Une chose que d’aucuns jugent immorale lorsque l’on sait le nombre de morts dues à ce désastre sanitaire mondial.
AFRIMAG lève un coin de voile sur ces actifs financiers sujets à polémique.
Pandemic Bonds : quand le malheur des uns fait la fortune des autres
Selon les statistiques de la Banque mondiale, les épidémies (paludisme, Ebola, coronavirus…) coûtent chaque année 570 milliards de dollars. Comme solution, l’institution de Bretton Woods créa en 2017 les «Pandemic bonds », une sorte d’actifs financiers optionnels qui fonctionnent comme des assurances. Emises par l’institution, ces obligations sont rachetées par les investisseurs (banques, hedge fund, fonds de pensions…) et ont une durée de trois ans.
Seulement, il y a un revers de la médaille. En effet, depuis 2017 les investisseurs ont continué par percevoir leurs intérêts malgré toutes les épidémies survenues (malaria, Ebola, Coronavirus…). Ceci s’explique par certaines clauses que comportent ces contrats d’investissements notamment sur le virus concerné, le rythme de propagation de la maladie ou encore le nombre de décès. Pire, certaines clauses précisent le nombre de morts au-delà duquel les investisseurs devraient perdre leur mise. Pour Arnaud Levèry de Médecin Sans Frontières : «Tout est fait pour qu’en aucun cas ces instruments financiers ne répondent à une urgence. L’une des clauses indique en effet qu’aucune réaction n’est possible avant un délai arbitraire de 80 jours après le déclenchement de la crise». L’ONG s’inquiète par ailleurs du respect des engagements de ces investisseurs dans la crise sanitaire actuelle du Coronavirus.
Même les fervents défenseurs de ces instruments financiers dénoncent aujourd’hui certaines des clauses floues qui les régissent. Pour le Pr. Arturo Bris : «Tout porte à croire que certains étaient au courant bien avant les événements qu’il y aurait une crise sanitaire en 2020 ».
À l’heure où sévit le Coronavirus sur toute l’étendue de la planète, plusieurs voix s’élèvent aujourd’hui afin que le capital prévu pour être versé le 15 juillet 2020 ne le soit pas.