La Tunisie, où le président Kais Saied brigue un second mandat dimanche 6 octobre, est un pays en transition démocratique miné par des troubles sociaux, des difficultés économiques et l’instabilité politique depuis la chute du Président Ben Ali en 2011
En mars 1956, ce protectorat français devient indépendant. Un an plus tard, la République est proclamée, la dynastie des beys (héritiers des gouverneurs de l’Empire ottoman) destituée. Le père de l’indépendance Habib Bourguiba devient son premier Président.
Malade et âgé, il est écarté en 1987, après une longue dérive autoritaire, par son Premier ministre Zine El Abidine Ben Ali, qui se fait ensuite élire puis réélire lors de scrutins controversés.
Printemps arabe
Le 17 décembre 2010, un vendeur ambulant, excédé par la misère et les brimades policières, s’immole par le feu à Sidi Bouzid (centre-ouest), déclenchant un mouvement de protestation contre le chômage et la vie chère. Les manifestations, marquées par des émeutes sanglantes, gagnent le pays.
Le 14 janvier 2011, Ben Ali fuit en Arabie Saoudite et la contestation, baptisée Printemps arabe, gagne d’autres pays.
En décembre 2014, Béji Caïd Essebsi est élu Président lors de la première présidentielle au suffrage universel. Il décède en juillet 2019, quelques mois avant la fin de son mandat.
L’universitaire spécialiste de la Constitution Kais Saied est élu Président élu avec 72,71% des voix lors d’une présidentielle anticipée.
La démocratie tunisienne à la croisée des chemins
Ses deux premières années de gouvernance déçoivent les rêves de démocratie tunisienne: à l’été 2021, il opère un coup de force, s’octroyant les pleins pouvoirs. Ses opposants et les associations de défense des droits humains l’accusent de « dérive autoritaire ».
La Tunisie pays de 12 millions d’habitants lourdement endetté (80% de son PIB), traverse une profonde crise socio-économique caractérisée par une croissance quasiment à l’arrêt (0,4%), un chômage élevé (plus de 15%) et un taux de pauvreté qui s’accentue sous l’effet d’une forte inflation (plus de 9%), selon des données 2023 de la Banque mondiale.
De 5e à 12e producteur mondial de phosphate
Le Président Saied a rejeté des réformes préconisées par les institutions financières internationales en contrepartie de prêts, les qualifiant de « diktats » et souhaité relancer l’industrie du phosphate pour se passer de ces emprunts.
Mais la production de cette ressource stratégique s’est effondrée depuis la Révolution de 2011 à cause de troubles sociaux.
Le pays est passé de cinquième à douzième producteur mondial de phosphate. Il demeure l’un des principaux producteurs mondiaux d’huile d’olive.
La Tunisie affronte aussi sa sixième année de sécheresse, qui a provoqué « une réduction de 11% de la production agricole » entre 2022 et 2023, selon la Banque mondiale.
Avec ses côtes situées à moins de 150 kilomètres de l’Italie, la Tunisie est, avec la Libye voisine, le principal point de départ en Afrique du nord pour des dizaines de milliers de migrants cherchant chaque année à rejoindre clandestinement l’Europe en traversant la Méditerranée.
Kais Saied, contempteur des migrants d’Afrique sub-saharienne
Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont été portés disparus en 2023 dans des naufrages près des côtes tunisiennes, selon l’ONG Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).
Suite à une campagne anti-migrants déclenchée par un discours aux accents xénophobes du Président Kais Saied au printemps 2023, des milliers de migrants avaient été rapatriés par leurs pays ou avaient fui la Tunisie vers l’Europe. Des milliers de Tunisiens cherchent aussi à quitter le pays chaque année, face à la détérioration de la situation économique et les fortes tensions politiques.
Le pays compte plusieurs sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco, dont les médinas de Tunis et Sousse ou encore le site archéologique de Carthage, près de Tunis, la cité qui s’opposa à Rome dans l’Antiquité.
Dougga, la « ville africo-romaine la mieux conservée d’Afrique du Nord », selon l’Unesco, est également classée, de même que Kairouan, premier bastion de l’islam en Afrique et capitale de la Tunisie au 8e siècle.
Le Colisée d’El Jem, dans le centre du pays, constitue l’un des plus imposants amphithéâtres romains au monde.
Dernière inscription en date : l’Ile de Djerba, avec ses ruines antiques et ses villages blanchis à la chaux.
Le site archéologique de Bulla Regia, caractérisé par ses étages souterrains ornés de mosaïques, est aussi prisé des touristes
