Rentabilité au sommet, risque sous contrôle et dividendes au rendez-vous : la banque ivoirienne signe une année 2024 remarquable et conforte son statut de valeur de rendement sur la BRVM
Les actionnaires d’Ecobank Côte d’Ivoire peuvent ressortir leur calculette avec le sourire. 804 FCFA brut par action. C’est le montant du dividende qui leur sera versé au titre de l’exercice 2024, en hausse de 21,8% par rapport à l’année précédente. Une générosité assumée, qui propulse la filiale ivoirienne du groupe bancaire panafricain dans le peloton de tête des valeurs de rendement de la BRVM.
Le signal est sans équivoque : dans un environnement ouest-africain où la volatilité n’a pas dit son dernier mot, la croissance d’Ecobank CI est rentable, durable… et redistribuée.
Croissance soutenue, dividendes appuyés
Tout commence par des résultats solides. En 2024, Ecobank CI a dégagé un résultat net de 57,5 milliards de FCFA, en hausse de 19,6 %, pour un produit net bancaire à 122,3 milliards de FCFA (+11 %). À parts égales, les intérêts et les commissions ont alimenté la machine. Les charges d’exploitation, elles, sont restées bien gardées, avec un coefficient ramené à 44,9 %. Et le coût du risque ? Divisé par deux, à 0,3 %.
«Le niveau de rentabilité atteint par la banque lui donne les marges de manœuvre nécessaires pour maintenir un dividende généreux sans fragiliser sa trajectoire de croissance», glisse un analyste d’Abidjan, un brin admiratif.
Résultat : un ROE à 28,8 %, un ROA à 2,8 %, un BNPA qui franchit pour la première fois la barre des 1 000 FCFA (1 044 FCFA pour être précis), et un rendement brut de l’action flirtant avec les 8 %. De quoi faire tourner quelques têtes dans les comités d’allocation d’actifs.
Une constance saluée par le marché
Il faut dire que la banque ne faillit pas à sa réputation de bon élève du dividende. Entre 2020 et 2024, le dividende brut par action a quasiment triplé, passant de 294 à 804 FCFA. Le taux de distribution reste lui aussi haut perché, à 77 % du résultat net, contre 75 % en 2023. Une constance qui rassure dans un univers BRVM encore trop souvent exposé aux à-coups.
«Sur la place, peu de valeurs offrent un tel mélange de régularité, de rendement et de maîtrise des fondamentaux», confie un gérant de fonds à Abidjan.
Prêts en repli, recentrage du bilan sur fond d’assainissement
Côté bilan, la stratégie est claire : recentrage sur les actifs les moins risqués. Les crédits nets à la clientèle reculent de 6,9 %, pendant que les placements dans les titres souverains explosent de 32 %. Un arbitrage prudent qui permet à la banque de protéger sa rentabilité tout en renforçant la qualité de son portefeuille. Les créances en souffrance, elles, chutent à 35,7 milliards de FCFA, intégralement provisionnées. La banque s’en félicite.
Cette solidité s’inscrit dans une dynamique régionale portée par certaines entités du groupe. Dans l’espace UEMOA, Ecobank a dégagé 345 millions de dollars de bénéfice avant impôt en 2024, pour un profit net de 306 millions de dollars, en hausse de 12 %. La région représente environ 50 % du résultat net consolidé du groupe, avec un produit net bancaire de 705 millions de dollars, nourri notamment par un revenu net d’intérêt de 426 millions, en nette progression. Ecobank Côte d’Ivoire, première contributrice au sein de la zone, porte une part importante de cette croissance. Une performance qui lui donne non seulement du poids dans les comptes du groupe, mais aussi les moyens – et la légitimité – de pousser plus loin ses engagements.
La banque continue d’investir dans des projets à impact : intelligence artificielle, digitalisation, inclusion financière, accompagnement des PME, éducation, et même une première obligation dédiée au financement du genre (Gender Bond), approuvée par les actionnaires en octobre 2024 et bouclée avec succès en mars. De quoi soigner son image… au-delà des ratios.
Une valeur de conviction pour les investisseurs long terme
À 9,5 fois les bénéfices, l’action Ecobank CI reste raisonnablement valorisée pour une valeur aussi bien profilée. Dans un univers où les rendements souverains grimpent, une action bancaire solide qui verse près de 8 % de rendement brut, se remarque.
Les investisseurs institutionnels ne s’y trompent pas : la banque est en train de devenir une valeur de conviction, autant qu’un bon portefeuille d’assurances.
