Personne ne sait si le blé qui n’a pas encore été commercialisé en ce mois de mars pourra sortir du « grenier à blé » russo-ukrainien.
La navigation est en mer Noire et en mer d’Azov est très risquée voire impossible, la marine russe y ayant organisé un quasi-blocus. De même, les primes d’assurance ont fait exploser le prix des cargaisons, et les infrastructures portuaires endommagées.
Ce chaos a déjà conduit certains importateurs de blé (comme l’Egypte, le Maroc ou l’Algérie) à modifier leur sourcing et à se tourner vers la France.
L’opérateur national algérien a émis en mars plusieurs appels d’offres internationaux portant sur la livraison en avril-mai 2022 de 700.000 tonnes de blé, dont 500.000 tonnes d’origine française. Ces volumes devraient pour une bonne part être traités par le port de Rouen, qui exporte 8 à 9 millions de tonnes par an sur 15 millions au total exportés par la France.
L’Algérie a longtemps été un gros client du blé français avant d’opter pour le blé russe, à la fois pour des raisons qualitatives et économiques -le blé russe étant moins cher- mais aussi pour des raisons politiques. En septembre 2021, à la suite d’une brouille diplomatique et en riposte à la décision de Paris de durcir les conditions d’obtention de visas des ressortissants du Maghreb, Alger avait boycotté le blé français. L’Office algérien interprofessionnel des céréales avait inscrit la clause « toutes origines sauf France » dans une partie de ses appels d’offres. La guerre en Ukraine rebat les cartes, et les Algériens ont été contraints de modifier leur cahier des charges dans un sens moins restrictif.