Le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a installé, ce jeudi 7 décembre 2023 à Ouagadougou, le banquier Idrissa Nassa, dans ses fonctions de président du Conseil National du Patronat Burkinabè (CNPB), pour un mandat de 5 ans. C’était au cours d’une cérémonie qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes dont le gotha de l’économie.

La salle des banquets de Ouaga 2000 a refusé du monde ce jeudi 7 décembre à l’occasion de la cérémonie officielle d’installation du président du Conseil National du Patronat Burkinabè (CNPB) et de ses instances dirigeantes. Le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré était un témoin privilégié de ce rassemblement qui a servi d’opportunité pour des échanges directs entre les autorités du pays et les chefs d’entreprise à travers leur instance le patronat.
«L’économie de notre pays ne pourra mieux se porter que lorsque nous produirons sur place et arrêter les importations», a déclaré le capitaine Ibrahim Traoré. Il a, alors, invité, le patronat à inscrire à son agenda, le plan stratégique de 2023-2028, dans la vision de la transition qui est le développement endogène et le concept de production. «Nous importons beaucoup et nous souhaitons qu’à partir de janvier, nous trouvions les formules nécessaires pour que les importateurs soient des producteurs et qu’ils puissent contribuer au projet», a signifié le chef de l’État burkinabè tout en appelant que «ceux qui importent le riz», à se préparer «à investir dans la production du riz.»
Selon les statistiques, a révélé le président de la transition, en 2025, le Burkina Faso sera à 100 milliards de FCFA d’importation de riz. «C’est inadmissible alors que nous avons des milliers d’hectares de bas-fonds qu’il reste seulement à aménager», s’est-il insurgé. Pour «quelqu’un qui voudrait désormais importer 10 milliards FCFA de riz, nous allons l’obliger à mettre 2 milliards dans un projet structurant et il en sera de même pour la plupart des produits de grandes consommation», a prévenu le président de la transition.
Il a, par ailleurs, rassuré les investisseurs par rapport à la destination privilégiée pour l’investissement qu’est le Burkina Faso. «Le secteur est ouvert et il y a beaucoup d’opportunités. N’ayez pas peur car le Burkina Faso est un pays stable qui tient ses engagements», a-t-il soutenu avant de souhaiter bonne mission à Idrissa Nassa et toute son équipe.
Mandat placé sous le signe de la redynamisation du CNPB
Quant au nouveau patron des patrons, il a placé son mandat sous le signe de la redynamisation du Conseil national du patronat burkinabè (CNPB), de la transformation structurelle de l’économie nationale et de la meilleure organisation du monde des affaires. «Le 24 octobre 2023 marque une date mémorable dans l’histoire du patronat burkinabè. En effet, pour la première fois et en 49 ans d’existence, se sont tenues les premières élections démocratiques de la faitière des patrons, à l’issue desquelles j’ai bénéficié de la majorité des suffrages de mes pairs», a rappelé le nouveau patron des patrons du Burkina. Pour lui, ce scrutin «confirme la maturité d’esprit» des acteurs du secteur privé burkinabè.
Pour Idrissa Nassa, son bureau a plusieurs chantiers, mais le premier, c’est de redonner confiance aux acteurs économiques parce que le pays traverse une situation difficile. Ensuite, le CNPB va travailler à répondre favorablement à l’appel du président Ibrahim Traoré. «Le secteur privé, à travers le patronat, prendra toute sa part dans cette dynamique qui consiste à travailler et promouvoir les cultures locales pour réduire de façon sensible les importations et faire en sorte qu’à terme, les Burkinabè puissent s’autonourrir avec ce qu’ils produisent», a déclaré le nouveau président du CNPB.
Sous sa direction, a-t-il dit, les opérateurs économiques ne feront pas qu’importer. «Nous allons produire et travailler à augmenter les capacités de production du pays pour que nous puissions, à terme, subvenir à nos besoins alimentaires», foi de Idrissa Nassa. L’homme d’affaires a saisi cette occasion pour rassurer les autorités du soutien et de l’engagement du patronat en particulier et de la communauté des affaires en général, dans le combat pour la reconquête intégrale du territoire national. «Nous partageons votre vision qui est que le Burkina Faso soit un pays de paix et un eldorado économique», a dit Idrissa Nassa à l’endroit du capitaine Ibrahim Traoré.
« Je serai le serviteur de tous les patrons… »
Sur le chômage qui constitue l’une des grosses préoccupations du Burkina Faso tout comme celle de bien d’autres pays de la sous-région, Idrissa Nassa a indiqué que le patronat va travailler à renforcer les capacités des entreprises et à encourager l’investissement, ce qui devrait générer des emplois pour les jeunes. «Nous avons en projet de mettre en place un incubateur au niveau du patronat pour travailler à la formation des jeunes dans le but également de promouvoir l’emploi par la qualification de ces jeunes», a ajouté le président du CNPB, par ailleurs PDG de Coris Bank International (CBI).
Malgré le contexte particulièrement difficile, le Burkina Faso enregistre «un taux de croissance observé de 2,3% en 2022 et une progression projetée de 4,3% en 2023», a révélé le président du CNPB. Il a précisé que le secteur privé est «le premier pourvoyeur d’emplois de notre pays avec plus de 2 millions de salariés hors secteur agricole, selon les données 2021 de l’Observatoire National de l’Emploi et de la Formation du ministère chargé de l’emploi.»
Le secteur privé est aussi «le premier créateur de richesse dans notre pays, le premier contributeur fiscal et le principal mobilisateur de ressources financières pour l’effort de sécurisation de notre territoire national», a affirmé Idrissa Nassa. Selon lui, les chiffres du ministère des Finances montrent que «plus de 90% des recettes fiscales et douanières, soit près de 2 000 milliards de FCFA, proviennent des activités économiques des entreprises privées.»
Dans un Burkina Faso confronté aux attaques armées, les hommes et les femmes d’affaires du pays mènent une «guerre sans merci sur le front économique pour contribuer au bien-être des populations», a mentionné le président du CNPB, exprimant ses sincères félicitations au bureau sortant pour «l’important travail abattu.» «Je serai, non pas le patron des patrons, mais le serviteur de tous les patrons. Nous devons désormais façonner ensemble un nouveau visage du patronat burkinabè qui doit rejoindre, sans tarder, le rang des institutions fortes dont a besoin notre continent», a-t-il soutenu.
Le CNPB a un cahier de doléances, a fait savoir Idrissa Nassa qui a mis en exergue trois préoccupations majeures pour son mandat : d’abord l’acquisition d’un site pour la construction d’un siège. Deuxièmement, il importe, selon lui, de mettre en place un mécanisme qui permette aux entreprises privées de participer au financement pérenne du fonctionnement et des activités du patronat burkinabè, avec le concours de l’Etat et en s’inspirant des expériences pratiquées dans la sous-région. En troisième lieu, les opérateurs économiques nationaux souhaitent être davantage impliqués dans les choix stratégiques et les projets structurants et endogènes afin de pouvoir apporter leurs contributions, pour l’optimisation des retombées pour l’économie nationale.
Par ailleurs, le président du CNPB a fait deux dons d’une valeur de 200 millions FCFA au profit du Fonds de soutien patriotique et du ministère de la Défense.