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France : Les effets secondaires de la Stratégie d’attractivité

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Etudier en France devrait faire réfléchir, dès la rentrée universitaire 2019, plus d’un étranger. Hors espace UE, la Suisse et le Québec qui conservent leurs privilèges bien établis.

La «stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux» présentée par le Premier ministre Edouard Philippe, le 19 novembre 2018, lors des Rencontres universitaires de la Francophonie, est dans la réalité, un repoussoir, au moment où les  effectifs  de  la  mobilité  étudiante  dans  le  monde  vont  fortement augmenter passant de 5,5 millions actuellement à 9 millions en 2025.

Par cette stratégie « d’in-attractivité », la France se tire une balle dans le pied, en prenant le risque d’accentuer un «décrochage» – déjà perceptible – par rapport aux pays occupant le peloton de tête : Etats-Unis, Royaume-Uni et Australie. Alors que ces pays ont connu une progression notable sur trois ans (2013-2016), la France affiche -8,5% sur la même période. Avec une progression à deux chiffres, ses poursuivants immédiats, l’Allemagne (+ 24,4%), la Russie (26%), le Canada (+ 25,3%) et la Chine (+38,2%) pourraient passer devant, s’il leur vient à l’esprit d’abaisser judicieusement la «barrière» des prix, pour faire jouer, pleinement, la théorie des avantages comparatifs.

attractivite etudes en france«Choisissez la France » (Choose France) table ainsi, à tort, sur la proximité culturelle et l’ancrage francophone au sein de l’OIF de quelque 90 pays pour atténuer les «effets secondaires» de sa Stratégie d’attractivité. La France, qui évoque  une perte d’attractivité de ses concurrents américains et britanniques due, selon ses analyses, à l’effet Trump et aux travers du Brexit, ne se rend pas compte que le relèvement des frais d’études (l’approche économique) privilégiée provoquera une réaction en chaîne de réprobations chez les étudiants africains.

La décision de Paris pourrait cependant avoir quelque chose de bien : pousser les pays africains à redoubler d’efforts pour avoir des systèmes de formations conformes aux standards internationaux.

Dans le classement des étudiants étrangers en France, le Maroc, qui pointe en troisième position, avec un taux de 11%, derrière la Chine (15%) et le Liban (12%) pourrait bien profiter du « repli » français pour bonifier une offre déjà fort intéressante. Des pays africains anglophones pourraient également se détourner du label français vers une destination de proximité comme l’Afrique du Sud, dont les standards ne sont pas loin de la «norme» occidentale. Le pays de Mandela place en effet 9 universités parmi les 17 d’Afrique figurant dans le QS World University Ranking 2019 publié chaque année par la société londonienne QS Quacquarelli Symonds.

Critiquée vertement en Afrique francophone, la «stratégie d’attractivité» de l’Hexagone est, dans la réalité, un dérivé de l’immigration choisie. Le choix de l’étudiant bourgeois. Les projections sur 2027, avec, comme objectif, le cap de 500 000 étudiants en mobilité, est illusoire. Elles ne tiennent pas compte de la concurrence, entre pays de même standing, et de la réadaptation rendue nécessaire par le coût de la stratégie, dans ceux où la France capte ses «étudiants» étrangers dont 45% se trouveraient en Afrique ! Le rapport coûts/bénéfices (3 milliards d’euros contre 4,65 milliards d’euros) est une tendance sérieusement menacée. Pensée en avenir incertain, la stratégie d’attractivité est, avant tout, un choix politique.

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