APG Groupe, présent dans plus de 170 Pays dans le monde, permet aux compagnies aériennes de vendre leurs services même dans les pays où elles n’ont pas de vols. De plus, APG Maroc, qui a introduit la commercialisation au Maroc, en dirhams, la vente de billets de trains dans le monde entier, offre à la clientèle marocaine de nouvelles perspectives. Abdou Jaidi, le patron de cette entreprise qui connaît une croissance à deux chiffres, apporte un éclairage sur une activité qui s’est imposée auprès de nombreux partenaires dans le monde.
AFRIMAG : Nous avons appris, par certaines sources que vous avez permis notamment à la Royal Air Maroc de commercialiser des billets même sur des destinations où jamais aucun de ses avions ne s’est rendu. Et cela contribuerait à améliorer son chiffre d’affaires. Qu’en est-il réellement ?
Aujourd’hui APG a réussi à séduire plusieurs partenaires dans le monde. Pouvez-vous nous présenter APG et son activité ?
Le Groupe APG est le premier groupe mondial de services aux compagnies aériennes. Par services nous entendons différents niveaux de représentation. Aujourd’hui, les compagnies aériennes investissent de moins en moins dans les locaux et dans le staff quand elles s’installent dans un pays. D’autant plus que la tendance est à une certaine volatilité.
Par exemple, quand une compagnie aérienne voit une nouvelle route aérienne qui peut être un peu plus rentable que l’actuelle, elle change d’aéroport, de destination, voire de pays. Et c’est là qu’intervient la force de notre groupe.
Nous sommes présents dans plus de 170 pays à travers le monde. En Afrique, nous sommes présents dans tous les pays. Par ailleurs, il faut préciser que APG Maroc est associée dans la maison-mère APG Inc. et non pas une filiale. D’où une totale indépendance au niveau de la stratégie, et des prises de décisions tout en respectant la charte et les valeurs du groupe.
En à peine quelques années, APG Maroc est très présent dans le paysage du transport aérien au niveau du royaume. Votre apport justifie-t-il ce relatif succès ?
J’ai fondé APG Maroc en 2010 et par la même occasion, j’ai pris des participations dans le groupe. A ce jour, nous représentons une quinzaine de compagnies aériennes. Parmi lesquelles, nous comptons China Southern qui est l’une des majors compagnies mondiales, puisqu’elle dessert 80 villes en Chine. Ce qui est un grand avantage pour les hommes d’affaires marocains qui peuvent acheter leur billet Royal Air Maroc pour Paris et en continuation sur la ville qui les intéresse en chine. Nous avons Kenya Airways qui est en code share avec Royal Air Maroc sur Nairobi. Il faut y ajouter l’Australienne Qantas, la Turque Pegasus, Gulfair, etc. Pour chacune de ces compagnies, une équipe est dédiée au niveau de la représentation.
A cela s’ajoutent d’autres services au niveau de la représentation, notamment le Call-Center, l’Interligne, etc.
Pour revenir au Groupe APG, quel est l’intérêt d’avoir créé une compagnie aérienne qui relie Nice à Bergamo, sachant que le flux entre ces deux destinations est très faible ?
APG a créé sa propre compagnie aérienne, APG Airlines, opérant entre Nice et Bergamo, justement pour développer le flux sur cette destination. Par ailleurs, et c’est l’objectif le plus important, A travers APG Airlines, nous avons créé un hub compagnies aériennes. Je m’explique : lorsque nous sommes passés du billet d’avion papier à l’e-ticket, tous les accords interline entre les compagnies aériennes sont devenus caducs. Sachant qu’un accord interline veut dire qu’une compagnie peut émettre un tronçon donné d’une autre compagnie sur ses propres billets. La Royal Air Maroc peut émettre Paris-Toulouse, alors que c’est un tronçon opéré par Air France. Ce qui fait qu’au niveau de l’Interline, toutes les fins de mois, il y a une compensation entre les billets émis par telle ou telle compagnie qui passe par une chambre de compensation appelée Clearing house. Comme il n’y avait plus d’accord de ce type, nous avons donc utilisé cette plateforme APG Airlines pour pouvoir signer avec les compagnies aériennes des contrats. Nous en sommes aujourd’hui à 120 contrats. En faisant signer RAM – que je prends une nouvelle fois en exemple, car c’est une vraie référence dans notre groupe, de par son professionnalisme et son ouverture vers le monde- à notre interline, elle se connecte à 120 autres compagnies aériennes, elle devient la 121ème et toutes celles qui viennent par la suite sont comprises dans le contrat.
Cela permet d’émettre des billets de compagnies non présentes dans le BSP (BillingSettlement Plan) Maroc sur un titre APG Airlines. Nous pouvons émettre un billet Casa-Zurich sur RAM et Zurich-Singapour sur la compagnie Singapore Airlines grâce à un titre APG Airlines, même si Singapore Airlines n’est pas présente au Maroc.
Concernant l’Afrique qui semble attirer de plus en plus de compagnies aériennes, comment votre activité se développe-t-elle sur le continent ?
Nous sommes très présents dans toute l’Afrique. Il arrive parfois qu’un associé APG chapeaute plusieurs pays à la fois quand vous avez un même BSP regroupant 3 ou 4 pays avoisinants. Quelquefois, le flux ne justifiant pas d’avoir un BSP par pays, IATA en crée un pour plusieurs. Partout où IATA est présente, APG est également installé et peut servir de relais à l’ensemble de ses partenaires.
Est-ce qu’on peut dire que le continent présente de bonnes perspectives ?
L’Afrique représente un des axes majeurs pour APG puisqu’elle connait une croissance à deux chiffres en termes de flux aérien. Les besoins augmentent. L’aérien se démocratise dans la mesure où les prix ont été tirés à la baisse, ce qui donne accès à beaucoup plus de passagers. Il y a aussi le fait que des pays comme la Chine, les Etats-Unis et certains pays européens s’intéressent beaucoup à développer les échanges commerciaux avec l’Afrique. Cela explique pourquoi nous avons plus de trafic vers l’Afrique. De plus, le continent s’ouvre de plus en plus. Les touristes africains vont de plus en plus vers l’étranger. Les liaisons se sont développées et en quelque sorte l’Afrique s’est désenclavée. Vous avez les plus grosses compagnies qui se déploient sur le continent, dont Royal Air Maroc, Emirates, Kenya Airways, Ethiopian Airlines, Turkish, Air France, etc. ce qui nous pousse à trouver un intérêt assez particulier pour développer cette région.
Votre activité comprend également du ferroviaire. Mais comment pouvez-vous passer de l’aérien à cette activité qui est légèrement différente et où il n’y a pas de plateforme de centralisation comme Amadeus ?
Concernant le ferroviaire, il s’agit d’une autre activité qui a été développée par APG Maroc. Avant notre arrivée, les billets de train dans le monde, Europe, Asie, Amérique, ne pouvaient pas se vendre en dirhams au Maroc. Grâce à notre système, cette activité s’est développée. Ce qui fait qu’aujourd’hui pour les agences de voyages partenaires, les corporates ou les particuliers, l’accès à ces trains est plus facile. Nous pouvons commercialiser des billets de trains dans le monde entier. Et tout cela avec un service après-vente qui permet de changer les billets même à distance par email, et sans faire la queue au guichet. Nous délivrons une facture en bonne et dûe forme au lieu d’un coupon qui n’est pas une pièce comptable. De plus, nous permettons de l’acheter à l’avance, ce qui permet au client de faire des changements, et surtout des économies au niveau des tarifs.
Et tout ceci doit-il se faire en devise étrangère ?
Non justement, nous avons développé Rail Europe au Maroc, pour permettre l’achat de billets en monnaie locale, via son système. Rail Europe est la première plateforme mondiale d’achat et vente de billets de trains. L’Afrique fait partie de notre plan de développement dans un avenir proche. Ce système permettra aussi à la Royal Air Maroc si elle le désire, de développer son hub, en vendant aussi des billets de train en continuation jusqu’à la destination finale demandée par le client.
Nous avons deux réseaux de distributions. L’un est en propre, l’autre est constitué des agences de voyages partenaires qui sont nos agents. Avec le train, il n’y pas un système comparable à Amadeus auquel les agences et les compagnies aériennes ont accès. Donc pour le train, les agences de voyages partenaires sont nos revendeurs et nous venons en support. Avec cette complémentarité, notre objectif est de couvrir l’ensemble du territoire national, jusqu’au jour où nous nous retirerons de la vente en direct, car ce n’est pas notre métier, quand toutes les agences de voyages marocaines auront accès à notre système.
Tout ceci doit attirer des concurrents.
Quelles sont les entreprises qui seraient susceptibles de vous prendre des parts de marché ?
En réalité, nous avons des concurrents par métiers, mais non en global, et certains de nos produits avec IATA sont exclusifs. Nous représentons des compagnies aériennes et nous avons un agrément du ministère des Transports. Actuellement, l’activité de General sales agency (GSA), ou agent général en français, est en train de s’organiser au Maroc. Nous gérons les ventes et les encaissons pour le compte des compagnies aériennes. Cet agrément du ministère des Transports nous permet de représenter la compagnie aérienne, de faire de l’assistance au sol au niveau des aéroports. Le grand souci c’est qu’il y a encore des agences de voyages qui représentent des compagnies aériennes, ce qui est contraire à la loi, et à la déontologie. Nous avons souvent vu des compagnies aériennes qui se sont retrouvées du jour au lendemain sans traces de l’agence de voyage, sans oublier qu’une agence ne peut pas être juge et parti. D’où l’intérêt de travailler avec le Groupe APG, qui est expert en la matière, offrant des garanties worldwide, qu’elles soient financières ou professionnelles à ses compagnies aériennes clientes ou potentielles. Le fait de ne pas sécuriser une telle activité peu nuire à l’image du pays. Une agence de voyage ne peut pas représenter une compagnie aérienne et vendre à ses concurrents. C’était un procédé historique au Maroc, mais qui n’est pas du tout valable aujourd’hui. Le sujet a été évoqué avec les autorités civiles compétentes et les mesures sont en train d’être prises afin d’éradiquer ce fléau.