L’état de l’Afrique, comme «l’état de l’Union» aux États-Unis lors duquel le président présente son programme pour l’année en cours devant la branche législative du gouvernement fédéral, est l’évènement phare de la région Afrique pendant les Assemblées annuelles et les Réunions de printemps du Groupe de la Banque mondiale et du FMI de cette année 2019. La récurrence des grands dossiers donne l’impression que l’Afrique fait du surplace. : Conjoncture économique mondiale, lutte contre la pauvreté, développement économique, efficacité de l’aide, etc.
Alors qu’on estime que d’ici 2030 plus de 620 millions de personnes (soit plus de 80 % des individus les plus pauvres de la planète) risquent de vivre dans des pays fragiles, principalement en Afrique, les facteurs de précarité sont devenus un nouveau défi du développement.
Dans un monde où les puissances économiques se livrent à une guerre sans merci pour assurer leur leadership, l’Afrique se doit alors de réfléchir aux solutions que la coopération régionale peut apporter pour relever le défi de l’existence. Toujours cette vielle question de l’intégration, à l’origine même de la création de l’OUA(Organisation de l’unité africaine) devenue, par mutation non achevée UA (Union africaine), mais il est évident que le développement n’attend pas.
Face aux autres «mondes» (européen, américain et asiatique), l’innovation et la compétitivité se présentent comme «choix» stratégiques dans le cadre du modèle normatif de la stratégie de développement en Afrique. Le potentiel en réserve du Continent milite en faveur d’un afro-optimisme porté par une jeunesse de plus en plus entreprenante.
Une étape essentielle doit être franchie sans tarder : l’intégration commerciale qui joue un rôle prépondérant dans le renforcement de la transformation structurelle et la croissance inclusive sur le continent. L’ensemble des huit (8) communautés économiques régionales (CER) reconnues par l’Union africaine (l’UMA, la Communauté des États sahélo-sahariens (CENSAD), le COMESA, la CAE, la CEEAC, la CEDEAO, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et la SADC) sont, déjà, le socle pour une intégration mieux aboutie. Ces regroupements envisagent la libre circulation des biens et des services comme un secteur prioritaire de l’intégration de leurs pays membres. Ils ne peuvent cependant être considérés comme une «somme» de stratégies efficientes sans une réflexion à l’échelle continentale.
l’Indice d’intégration régionale en Afrique, un projet commun de la Banque africaine de développement, de la Commission de l’Union africaine et de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) mesure les progrès réalisés par les pays africains pour honorer leurs engagements dans le cadre de l’intégration régionale africaine, tels que l’Agenda 2063 de l’Union africaine, le Traité instituant la Communauté économique africaine (Traité d’Abuja, 1991) et l’initiative visant à intensifier le commerce intra-africain de l’UA. Citons parmi les indicateurs de l’Indice : l’intégration commerciale, dont les sous-dimensions de libéralisation des tarifs douaniers et de facilitation du commerce et de la logistique ; l’intégration de la production (c’est-à-dire l’intégration en chaînes de valeur régionales) ; la convergence des politiques macroéconomiques ; la libre circulation des personnes et les marchés du travail, dont les sous-dimensions de mise en œuvre de la libre circulation des personnes via des accords et un suivi général de la libre circulation des personnes.
L’état de l’Afrique découle donc d’une réalité plus nuancée. Si les divergences politiques entre les Etats en quête de leadership ralentissent le processus d’intégration souhaitée, les choix stratégiques globaux sont maintenus dans le respect du cadre d’intégration défini dans le Traité d’Abuja. En juillet prochain, à Niamey, la ZLEC (zone de libre-échange continentale) peut donc, officiellement, être lancée, avec l’atteinte des 22 ratifications nécessaires grâce à la signature de l’Accord par le gouvernement gambien.