Le Président sud-africain Cyril Ramaphosa présente jeudi les orientations de son nouveau gouvernement lors de la rentrée parlementaire, après le revers électoral subi en mai par son parti historique, l’ANC, qui l’a contraint à former une coalition élargie
Le président de 71 ans s’adressera, jeudi 18 juillet à 19HOO (17H00 GMT), aux deux chambres du Parlement au Cap pour marquer l’ouverture de la nouvelle législature.
« Ce discours est vraiment un moment historique puisqu’il intervient dans des circonstances uniques et complexes », a déclaré mercredi le président du Parlement, Thoko Didiza.
Un chômage record
Affaibli par plusieurs scandales de corruption et par un mauvais bilan économique lors du précédent mandat de Cyril Ramaphosa, le Congrès national africain (ANC), anciennement présidé par Nelson Mandela, a perdu sa majorité absolue au Parlement pour la première fois en 30 ans à l’issue des élections du 29 mai, où le parti n’a récolté que 40 % des suffrages.
Un résultat qui reflète d’une désillusion croissante des Sud-africains depuis l’instauration de la démocratie en 1994, avec un taux de chômage record de 33 %, des taux de pauvreté et de criminalité élevés, et un accès irrégulier aux services de base tels que l’eau et l’électricité.
Après des semaines de négociations difficiles, le parti a formé une coalition gouvernementale avec 10 autres groupes, s’alignant avec le centre-droit, ce qui, selon certains analystes, devrait rassurer les investisseurs.
Partage du pouvoir
L’ANC a conservé vingt postes ministériels, dont ceux des Affaires étrangères, de l’Economie, de la Défense, de la Justice, ainsi que les compétences en matière de police, au sein d’une administration surdimensionnée de 32 ministères.
Six ministères – dont l’Intérieur – sont désormais aux mains de l’Alliance démocratique (DA, centre libéral), qui était jusqu’ici la premier parti d’opposition très critique vis-à-vis de l’ANC. Son chef, John Steenhuisen, a été nommé ministre de l’Agriculture.
Six autres ministères ont été partagés entre le parti nationaliste Zoulou Inkatha pour la liberté, le parti anti-immigration Patriotic Alliance, le parti afrikaans de droite Freedom-Front Plus et d’autres plus petits partis.
La nouvelle administration, décrite par l’ANC comme un gouvernement d’unité nationale, a tenu sa première réunion ce week end, dans une atmosphère cordiale. Certains observateurs politiques prédisent néanmoins de futurs désaccords.
« Il y a eu un élan de bonne volonté qui semble avoir été forgé lors des premières semaines du gouvernement d’unité nationale. La question est de savoir si cet élan est durable », explique à l’AFP Daniel Silke, analyste politique.
De la politique étrangère à la réforme nationale du système de santé chère à l’ANC, parti de gauche, mais fustigée par la DA, les désaccords sont nombreux au sein de la coalition.
Professionnaliser la fonction publique
Selon William Gumede, professeur de gouvernance à l’université de Witwatersrand, M. Ramaphosa devrait donc axer son discours sur des politiques peu controversées, telles qu’une réforme pour professionnaliser la fonction publique affectée par la corruption.
John Steenhuisen, chef de l’Alliance démocratique, a déclaré, mercredi, que le président devrait présenter « un programme des réformes », qui « dans de nombreux cas, correspond à la politique de la DA lorsqu’il s’agit de débloquer l’investissement et la croissance économique et de permettre la construction d’un Etat compétent. »
Au Parlement, le gouvernement recevra probablement un accueil houleux de la part de l’opposition de gauche uMkhonto weSizwe (MK) et du parti des Combattants pour la liberté économique, arrivés respectivement en troisième et quatrième positions en mai.
Dirigé par l’ancien président Jacob Zuma, le uMkhonto weSizwe (MK), nouveau parti qui a défié les pronostics en remportant plus de 14% des voix, pourrait représenter une épine dans le pied de l’ANC qui a perdu plusieurs de ses cadres au profit du MK, estime William Gumede.
Certains d’entre eux sont d’anciens cadres de l’ANC et « savent donc où sont les +cadavres+ » (dans le placard), lance-t-il.
Avec AFP