L’Afrique a connu ces dernières années un taux de croissance moyen d’environ 5%. Malgré ces performances louables, les besoins de financement en infrastructures du continent demeurent conséquents.


Hassanatu Mansaray, spécialiste principale en stratégie et politiques à la BAD
La Banque africaine de développement a en 20 ans (1999-2019) presque décuplé ses prêts en faveur du secteur privé. Mais ses actions restent encore peu connues des principaux bénéficiaires. L’atelier organisé par l’institution panafricaine ce 13 janvier dans ses locaux et portant sur sa politique sur les Opérations non souveraines (ONS) a pour objectif premier de mieux communiquer sur les opportunités qu’elle offre aux acteurs du secteur privé, principal pourvoyeur de croissance.
Les ONS pour qui et à quelles conditions ?
Les opérations non souveraines (ONS) se réfèrent aux «opérations financées par la banque à travers son guichet de prêts au secteur privé à des conditions non concessionnelles (commerciales) et sans exigences de garanties souveraines» a rappelé Hassanatu Mansaray, spécialiste principale en stratégie et politiques. Ces ONS sont accessibles à toute entité privée ou publique sur la base de cinq critères concernant entre autres la solidité et l’autonomie financière de l’entreprise bénéficiaire, sa capacité à créer de la valeur ajoutée ainsi que son actionnariat et sa situation géographique (le siège doit être situé dans l’un des États membres). Par ailleurs, l’apport maximal de la BAD ne peut excéder 33% du coût de l’investissement ou 25% du capital social de ladite entité. Ce plafond peut être dépassé dans le cas des startups à condition qu’il s’agisse de projets d’expansion de structures existantes.
La Banque africaine de développement contribue généralement à hauteur de 3 millions US au moins. Sa contribution qui peut prendre diverses formes se décline en prêts sénior, en garanties, soutien en financement du commerce, capital ou encore en assistance technique.
Les ONS et le défi des infrastructures en Afrique
La taille de l’économie africaine a plus que quintuplé en 20 ans passant de 300 milliards de dollars US en 2000 à plus de 2000 milliards de dollars US en 2019. Et les perspectives sont positives à l’horizon 2030. Il reste que sur le plan des infrastructures, le gap demeure important par rapport aux autres régions du monde. En effet, selon une étude récente de la BAD, les besoins en infrastructures du continent s’estiment entre 130 et 170 milliards de dollars.
Les besoins en énergie s’estiment à eux seuls à plus de 25 milliards de dollars : « seuls 35% des Africains bénéficient de l’électricité», rappelait Wole Lawuyi, chargé principal des investissements dans le secteur de l’énergie à la BAD. La compagnie ivoirienne de production d’électricité (CIPREL) est l’une de ces entités ayant récemment obtenu un soutien financier de la BAD à hauteur de 150 millions d’euros. Cela permettrait à la compagnie d’accroître ses capacités de production à hauteur de 390 MW mais également d’offrir ses services à des tarifs compétitifs. Le secteur de l’énergie constitue 14% du portefeuille des ONS de l’institution panafricaine. Il reste que le secteur agricole bénéficie de moins de 7% des opérations non souveraines de la banque. Chose paradoxale quand on sait que le secteur agricole est le plus grand pourvoyeur d’emplois sur le continent.
Par Michée Dare, Correspondant à Abidjan