Dans la foulée, après sa prestation de serment en tant que président de la transition, le 25 septembre, Bah N’Daou a signé deux jours plus tard le décret de nomination de Moctar Ouane comme Premier ministre. Ouane est un diplomate de carrière qui officiait, jusqu’à sa désignation à la tête de la primature malienne, comme délégué à la paix et à la sécurité à la Commission de l’UEMOA. Ce haut fonctionnaire dont le choix a déjoué nombre de pronostics n’a pas droit à l’erreur.
64 ans, ancien ambassadeur auprès des Nations-unies, ministre des Affaires étrangères de 2004 à 2009 et actuel délégué à la Paix et à la Sécurité au sein de la Commission de l’UEMOA, Moctar Ouane a au moins le profil de l’emploi. Annonçant, son équipe gouvernementale pour ce mardi 29 septembre, Moctar Ouane est bien plus qu’attendu au pied du mur. En effet, la coloration de son gouvernement ne manque pas d’intérêt pour les Maliens, mais aussi pour la CEDEAO qui veut voir un peu plus clair dans le jeu des putschistes. Car, on se demande si dans les différentes tractations, l’équipe n’était pas déjà au moins partiellement formée, en attendant la nomination du chef du gouvernement. En tout cas, au regard de la rapidité avec laquelle le Premier ministre Ouane entend mettre son équipe gouvernementale sur pied, l’on peut se poser la question de savoir s’il aura les mains totalement libres pour faire son casting.
Moctar Ouane aura-t-il les coudées franches ?
Quoi qu’il en soit, maintenant qu’il est à la tête de l’Exécutif, Moctar Ouane a le devoir d’aller vite et bien en besogne. Pour cela, il aura besoin d’avoir les coudées franches dans son action. En tout cas, avec un carnet d’adresses qui pourrait ouvrir des portes à la diplomatie malienne, l’ex-conseiller à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a, peut-on dire, plus que le profil de l’emploi. Dans ce pays à la classe politique fortement divisée, il paraît comme l’homme de la situation. D’autant que sa réputation le situe aujourd’hui à équidistance des chapelles politiques.
Cela dit, il y a certes l’enjeu de la formation du gouvernement de transition qui devra faire l’objet d’un savant dosage des différentes forces politiques, mais le plus dur reste la conduite de la transition à son terme, pour déboucher sur des élections démocratiques, libres et transparentes, qui devront signer le retour du pays à l’ordre constitutionnel normal. Cela n’est pas gagné d’avance. C’est pourquoi l’on peut comprendre la CEDEAO, quand elle se montre quelque peu tatillonne sur la charte de la transition. Car, la réussite de la transition dépend aussi de la qualité de la charte qui en définit les contours et surtout les attributions de ses dirigeants. Cela dit, on peut s’attendre à ce que la tâche de Moctar Ouane à la tête du gouvernement de la transition, ne soit pas une partie de loisirs. Surtout au lendemain de la forte contestation populaire qui a emporté le régime d’IBK. C’est pourquoi le Premier ministre de la Transition malienne, qui est, peut-on dire, à son premier examen de passage avec la formation du tout premier gouvernement de cette transition, n’a pas droit à l’erreur. Car, il a obligation de résultat. Aussi est-il impératif pour lui de ne pas se tromper dans son casting, sous peine d’en payer le prix. D’autant qu’il est assis sur un siège éjectable.
En tout état de cause, Il appartient aussi aux Maliens de mettre du leur, pour une réussite de cette transition. A commencer par les militaires qui doivent donner tous les gages de leur bonne foi à travailler à ne pas tirer la couverture sur eux pour mieux revenir ou rester aux affaires. Car, loin d’être l’affaire des seuls dirigeants ou de l’élite politique, cette transition se veut celle du pays tout entier qui a besoin de renouer au plus vite avec l’ordre constitutionnel normal.