Le rapport 2020 de la Banque africaine de développement (BAD) sur les perspectives économiques en Afrique a été lancé ce jeudi 30 janvier dans les locaux de l’institution. Au-delà des statistiques quoique rassurantes sur les économies du continent, la BAD à travers son président, le nigérian Akinwumi Adesina a particulièrement insisté sur l’importance d’une croissance plus inclusive qui se porte notamment sur le capital humain en l’occurrence les jeunes.
Au-delà des chiffres
L’Afrique connaît les taux de croissance les plus élevés au monde avec 3,4% en 2019 et 3,9% prévus au terme de l’année 2020. La bonne nouvelle est que cette croissance est de plus en plus soutenue par les investissements et les exportations que par la consommation privée. En effet, comme le note le rapport, «les investissements ont représenté plus de la moitié de la croissance du continent, la consommation privée représentant moins d’un tiers ». Cependant, cette embellie n’a pas profité aux franges les plus vulnérables de la population. Seuls un tiers des pays ont réussi la prouesse de réaliser une croissance inclusive réduisant ainsi leur taux de pauvreté. Il est important que la croissance soit plus inclusive, car comme l’a insisté le président Akinwumi Adesina lors de son intervention, nul ne «mange» la croissance.


De gauche à droite : Madame Helen Johnson Sirleaf, ancienne présidente du Libéria ; Akinwumi Adesina, Président du Groupe de la BAD et Hanan Morsy, Directrice des politiques macroéconomiques de la BAD.
Une croissance plus soutenue suppose que plusieurs goulots d’étranglement soient levés à travers des réformes structurelles visant à élargir la base productive des pays. Par ailleurs, des secteurs comme l’agriculture, principal pourvoyeur d’emplois devront être renforcés pour mieux résister aux chocs exogènes que constitue le changement climatique notamment. Enfin, il importe d’investir davantage dans le capital humain, principale richesse du continent.
Renforcer le capital humain
En 2050, plus de la moitié de la population africaine aura moins de 25 ans. Il est important de créer dès aujourd’hui les conditions idoines de formation et d’insertion professionnelle de cette frange de la population. «Les politiques mises en place par les dirigeants doivent définir clairement le type de compétences dont les pays africains ont besoin », a insisté le président Adesina. En effet, les secteurs porteurs tels que les nanotechnologies, la biotechnologie et l’ingénierie requièrent une formation pointue. Mais les chiffres relatifs à l’éducation restent mitigés à travers le continent. Si le taux de scolarisation a fortement progressé dans nombre de pays du continent (12% en moyenne), il ressort des dernières études que les taux d’abandon scolaire sont alarmants (33% entre 2010 et 2017). Par ailleurs, les étudiants africains obtiennent des résultats en moyenne inférieurs à ceux des étudiants d’autres régions du monde. Le rapport note que : «par rapport à la note maximale de 625 obtenue aux tests harmonisés au niveau mondial, les étudiants africains ont obtenu en moyenne 374 ».
Pourtant, les pays africains consacrent en moyenne 16% de leur budget national à l’éducation soit 5% de leur PIB selon le rapport. Mais les taux d’efficience des dépenses publiques d’éducation restent encore faibles (41% pour le secondaire). Il importe de soutenir les efforts et les investissements consentis dans ces secteurs afin d’atteindre les seuils universels. Cela contribuerait à terme à réduire les taux de chômage observés sur le continent.
Michée Dare, correspondant à Abidjan