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Coup d’Etat versus troisième mandat : quand Embaló jette un pavé dans la mare

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En cette année 2020 marquée par le covid-19 et ses nombreuses conséquences économiques et sanitaires, on ne pouvait pas se douter que la politique allait être un sujet présent dans les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Pourtant, c’est bien le cas, avec au Mali le récent coup d’Etat militaire, en Côte d’Ivoire et en Guinée, la question que pose les candidatures d’Alassane Ouattara et Alpha Condé pour un troisième mandat.

Umaro Sissoco Embaló, Président de la République de Guinée-Bissau.

La médiation initiée par la Cedeao et les sommets des chefs d’Etat initiés par l’organisation continentale pour résoudre la crise malienne est l’occasion qu’a choisi Umaro Sissoco Embaló, le jeune Président bissau-guinéen pour rappeler que l’idée d’un troisième mandat n’est pas très éloignée d’un coup d’Etat constitutionnel. Par conséquent, pour lui, ce qui se déroule chez son voisin le plus proche, la Guinée et un peu plus loin en Côte d’Ivoire, n’est pas très différent des évènements en cours au Mali. Si la Cedeao veut intervenir dans un pays qui ne respecte pas l’ordre constitutionnel, elle devrait également penser à le faire dans ces deux pays où les Présidents ont été officiellement investis par leurs formations politiques respectives pour se porter candidat.

Sitôt sa déclaration faite devant les caméras de télévision, elle a été reprise massivement par les réseaux sociaux qui ont vu en lui, le nouveau porte-voix des tenants de la normalité constitutionnelle.

Il y a lieu de noter que la Cedeao a banni les troisièmes mandats dans ses principes fondateurs, tout comme les changements de la constitution à la veille des élections. Néanmoins, l’organisation régionale privilégie dans les faits la stabilité des pays au respect de la stricte limitation des mandats présidentiels.

Il y a désormais une jurisprudence bien établie dans les pays francophones de la Cedeao, à commencer par la très démocratique République du Sénégal qui est régulièrement citée en exemple, et qui se trouve à juste titre être un très grand ami de la Guinée-Bissau. En effet, en 2012, le Président Abdoulaye Wade a été, l’un des premiers, à avoir trouvé comment contourner la limitation des mandats par la constitution. Ainsi, a-t-il obtenu de la Cour constitutionnelle la validation de sa candidature alors qu’il avait bel et bien effectué deux mandats. La crise politique d’envergure qui en avait résulté avait poussé la Cedeao à envoyer à Dakar l’ancien Président nigérian Olusegun Obasanjo pour calmer l’opposition et le pouvoir.

Son successeur Macky Sall ne s’est toujours pas prononcé de manière ouverte sur l’éventualité d’un troisième mandat qu’il estime pour le moment assez lointain pour ne pas focaliser autour de la question. En décembre dernier, il avait préféré un « ni oui, ni non » quand la question lui a été ouvertement posée.

Plus récemment, au Togo, Faure Gnassingbe Eyadema a également réussi à se faire réélire après deux mandats. Cette fois également, la Cedeao a mené une intense médiation, sans réussir à faire plier le Président togolais qui finira par se faire réélire.

Chez les pays francophones, les rares exceptions dans la région sont peut-être au Bénin où depuis la révolution de la 1994, les acteurs politiques ne cessent de donner des leçons de démocraties à leurs homologues du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et d’ailleurs. Il y a aussi, le Niger où le président Mahamadou Issoufou a catégoriquement refusé toute idée de troisième mandat.

Mar Bassine Ndiaye

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