Leur dénominateur commun : suprémacistes blancs, Sud-africains ou avoir vécu en Afrique du Sud, milliardaires et ingénieux capitaines d’industrie de la tech. Ils sont aujourd’hui les conseillers qui murmurent à l’oreille de Donald Trump et son fameux slogan de campagne : Make America Great Again. Rien que ça !
Qui sont-ils ? Eux, ce sont Elon Musk, David Sacks, Peter Thiel, Paul Furbet. Dans un article du Financial Times, ce quatuor suprémaciste est décrit par le célèbre quotidien britannique en ces termes : “ Elon Musk a vécu dans l’Afrique du Sud de l’apartheid jusqu’à l’âge de 17 ans. David Sacks, l’investisseur en capital-risque devenu fundraiser (Collecteur de fonds, NDLR) pour Donald Trump et “troll” anti-Ukraine, l’a quittée à l’âge de 5 ans et a grandi dans une famille de la diaspora sud-africaine dans le Tennessee. Peter Thiel [fondateur de Paypal, ndt]a passé plusieurs années de son enfance en Afrique du Sud et en Namibie, où son père était impliqué dans l’extraction d’uranium, dans le cadre des efforts clandestins du régime de l’apartheid pour se doter d’armes nucléaires. Et c’est un Sud-africain vivant près de Johannesburg, Paul Furber, obscur développeur de logiciels et journaliste technique, qui a été identifié par deux équipes d’experts judiciaires en linguistique comme étant à l’origine de la conspiration QAnon, qui a contribué à façonner le mouvement “Make America Great Again” (MAGA) de Donald Trump. (Paul Furber nie être “Q”).” Sic !
Ce qui anime Donald Trump et ses irréductibles conseillers, c’est de protéger la «civilisation occidentale» qui serait attaquée dans ses fondamentaux, c’est-à-dire le monde construit après la deuxième guerre mondiale autour d’institutions multilatérales qui lui obéissent : FMI, Banque mondiale, OMC… Mais également le fait de passer d’un monde bipolaire, qui a vécu jusqu’â la dislocation de l’Union Soviétique un 26 décembre 1991, à un monde multipolaire en pleine mutation avec la naissance des BRICS. Si ce constat est aujourd’hui unanimement observé, l’outrance du candidat républicain & Co. sous-tend d’autres objectifs : personnels et de la défense des Américains d’origine caucasienne contre «les mangeurs des animaux de compagnie de Springfield.» Ainsi, le temps d’une campagne présidentielle que Trump mène depuis sa défaite contre Biden, il semble avoir en partie lié son destin et l’avenir de ses entreprises, aux résultats attendus de l’élection du 5 novembre. Si Donald Trump est élu, il pourrait gagner en influence. Il a d’ailleurs promis un grand chambardement. La tête pensante de ce bouleversement serait Elon Musk, conseiller de la Maison Blanche sur les questions d’intelligence artificielle, où Trump envisage une politique plutôt opposée à la régulation de cette technologie, visant ainsi à renforcer la puissance des États-Unis face à la Chine et aux pays du Sud global en pleine transformation. Dans ce contexte, sous prétexte de défendre la suprématie blanche et la civilisation occidentale, Trump et ses conseillers n’hésitent pas à user de provocations pour cibler les minorités. Ainsi, au Madison Square Garden de New York, cité underground et multiculturelle par essence, le «comédien» et «humoriste» américain Tony Hinchcliffe s’est distingué par ses propos infamants et pleins de haine de l’autre — un exploit, étant donné l’ambiance. Ce quadragénaire s’est attaqué sans retenue à divers groupes — Noirs, Latinos, Arabes, Juifs, Asiatiques, etc. — afin de s’assurer d’offenser un large public, sauf les suprémacistes blancs. Sa tirade la plus virale a ciblé Porto Rico, territoire américain dans les Caraïbes : «Il y a littéralement une île de déchets flottants au milieu de l’océan en ce moment. Je crois qu’elle s’appelle Porto Rico», a-t-il lancé, déclenchant des éclats de rire dans le public.
En somme, les spécialistes s’accordent à dire que les élections américaines du 5 novembre s’annoncent comme les plus périlleuses. Revigoré par les conseils d’anciens stratèges ayant des liens avec l’Afrique du Sud de l’époque de l’apartheid, Donald Trump, s’il remporte la présidentielle, pourrait être incité à adopter un régime autoritaire rappelant celui de Peter Botha (ancien président sud-africain) et de ses prédécesseurs de sinistre mémoire. Il pourrait ainsi envisager de «démanteler» une prétendue cinquième colonne qui relève davantage du fantasme. Dans cette optique, son projet inclurait de confier à Elon Musk la direction d’un vaste département pour s’attaquer aux fondements de la démocratie américaine. Wait and see.