Le Premier ministre Ismail Ould Bodde Ould Cheikh Sidiya a remis, ce jeudi 6 août 2020, au Président Ghazouani, la démission de son gouvernement qui aura tenu à peine un an.
C’est la fin d’un cycle qui était, aux yeux de beaucoup de Mauritaniens, la continuité de l’ère Aziz. Le rapport de la Commission d’enquête parlementaire (CEP)a sans doute précipité le cours des évènements, obligeant le Chef de l’Etat à rebattre les cartes, beaucoup de ministres de la période Aziz étant cités dans les dossiers dont la justice vient de se saisir pour continuer des investigations loin d’avoir livré tous leurs secrets.


Mohamed Cheikh Ould Ghazouani, président de la République Islamique de Mauritanie
Les prochaines heures vont permettre de savoir l’orientation générale que le President Ghazouani compte donner à un quinquennat dont la première année a été troublée par la pandémie du Covid-19 mais également par la tentative de rompre avec ce « nehj » (voie) que des pro-Aziz ont cherché à imprimer comme marque de fabrique à un pouvoir ayant comme péché originel, de conserver les mêmes hommes qui aujourd’hui se démarquent, sans gêne, d’un Président Aziz qu’ils ont pourtant célébré comme un Dieu.
L’ouverture sur l’opposition que prendrait la formation d’un gouvernement d’union nationale est peu probable, mais l’on peut s’attendre à ce que l’Union pour la République (UPR), le parti au pouvoir, fasse plus de place aux autres formations de la majorité et aux personnalités politiques indépendantes qui ont contribué grandement à l’élection de Ghazouani en juin 2019.
Quoi qu’il en soit, la constante du futur gouvernement sera ce dosage tribalo-régionaliste censé maintenir les équilibres entre les «vrais pouvoirs» (l’Armée, les tribus, l’argent et le savoir) sans lesquels un président ne peut gérer un pays dont la vie politique est rythmée par les coups d’Etat (6 depuis 1978).