Le 3 août 2015, une date passée inaperçue en Mauritanie pour la plupart des citoyens. Dix ans déjà que Taya n’est plus au pouvoir ! Dix ans de promesses de changement qu’on attend toujours. Mais pris à la gorge par les difficultés de la vie, et pataugeant dans la boue à Nouakchott où les rues ne supportent pas une pluie de 20 mm, les Mauritaniens ont d’autres chats à fouetter.
L’opposition ne constitue plus un contre-pouvoir
Actuellement, l’opposition perd du terrain parce qu’elle laisse l’initiative au pouvoir. Même sur le terrain des droits de l’Homme où l’Initiative pour la résurgence d’un mouvement abolitionniste (IRA) a ouvert une brèche, l’opposition refuse de s’engouffrer. Elle fait comme si elle voulait que les jeunes (touchés de plein fouet par le chômage), les descendants d’esclaves (IRA) et les M’almin (forgerons) ainsi que les mouvements négro-mauritaniens appelant à un partage équitable du pouvoir, ébranlent les assises du régime et lui ouvrent les portes du palais. La politique du moindre effort, en fait. Comme si, paradoxalement, l’union ne fait plus la force. Le Forum national pour l’unité et la démocratie (FNDU) ne se présente pas aujourd’hui comme un «front» de l’opposition mais un club (ou salon) où l’on vient passer le temps… et discuter de la météo, comme l’écrit fort justement L’Authentique ! Ce n’est pas là un appel à l’insurrection populaire, mais la description de la triste réalité d’un pays où l’opposition ne constitue plus un contre-pouvoir. Même le retour sur scène de Messaoud Ould Boulkheir, président de l’Alliance populaire progressiste (APP), qui tire, à nouveau, à boulets rouges sur le pouvoir, n’augure pas d’un changement des rapports de force de nature à pousser Ould Abdel Aziz à revoir sa gestion du pouvoir. Lui qui a vu de près comment Taya a amorcé lentement, mais sûrement sa descente aux enfers, doit savoir que même en l’absence d’une opposition crédible, le fauteuil de président reste soumis à toutes sortes d’aléas. La crise économique insoutenable qui avait préparé le coup d’Etat du 3 août 2005 est déjà là mais, entre-temps, l’ancien commandant du Bataillon pour la sécurité présidentielle (BASEP) a fait le vide autour de lui. Ce qui fait que son entourage civil (conseillers, hommes d’affaires, proches, etc.) reste à la fois son atout et son pire ennemi. Pas une opposition qui est oups.