Comment renforcer la résilience des infrastructures du continent africain face au changement climatique ? Une question devenue incontournable à mesure que les phénomènes extrêmes, tels que les inondations, les sécheresses et la désertification, se multiplient à travers de nombreux pays africains, exacerbant la vulnérabilité de leurs économies déjà fragiles. La gravité croissante de ces événements met en lumière l’urgence de trouver des solutions innovantes et durables
C’est dans le but d’apporter des réponses concrètes à cette interrogation cruciale que la Facilité africaine de soutien juridique (ALSF) a organisé le Forum Africa Public-Private Partnerships (PPP), les 17 et 18 septembre 2024, à Nairobi, un événement qui a mis en avant le rôle décisif des partenariats public-privé dans l’adaptation des pays africains au changement climatique.
Faire des PPP des moteurs de résilience climatique
L’édition 2024 du Forum Africa Public-Private Partnerships, organisée les 17 et 18 septembre à Nairobi, par la Facilité africaine de soutien juridique (ALSF), organisation internationale d’assistance juridique aux pays africains, a mobilisé un panel d’invités prestigieux. Avec un objectif clair : discuter de la mise en place de partenariats public-privé pour intégrer la résilience climatique dans les projets d’infrastructures. En d’autres termes, démontrer que la coopération entre les gouvernements africains et les acteurs du secteur privé peut non seulement jouer un rôle déterminant dans le développement des économies du continent, mais aussi les protéger des impacts croissants du changement climatique.
Olivier Pognon, Directeur général de l’ALSF, organisatrice de l’événement, en est convaincu. Lors de l’ouverture du Forum, il a mis en avant les obstacles à la bancabilité des projets résilients et a appelé à l’établissement de partenariats plus efficaces, capables de soutenir des initiatives adaptées à des réalités climatiques de plus en plus difficiles. Olivier Pognon a également souligné les 16 ans d’engagement de l’ALSF dans l’analyse comparative des PPP et dans la création d’unités de partenariats, dont le but est de promouvoir, de faciliter et d’évaluer les partenariats public-privé.
Parmi les participants à ce forum, figuraient notamment James Muhati, Secrétaire Principal du Département d’État à la Planification économique du Kenya, Abebe Gebrehiwot Yihdego, chef du Département PPP au ministère des Finances d’Éthiopie, ainsi que des représentants d’organisations internationales telles que la Banque Africaine de Développement, la Global Infrastructure Facility ou encore la Bank for Development and Trade (TDB).
L’événement, sous la forme de discussions et de groupes de travail constructifs, a permis d’explorer de quelles manières les gouvernements et le secteur privé peuvent collaborer davantage pour réduire les risques climatiques à travers des projets durables, portés par des partenariats public-privé, permettant, non seulement de développer les infrastructures, mais aussi d’assurer leur résilience à long terme face aux aléas naturels. En créant un cadre propice à la collaboration entre gouvernements, investisseurs privés et organismes internationaux, le Forum ALSF a voulu démontrer que les PPP peuvent jouer un rôle essentiel dans l’adaptation au changement climatique, à l’image du projet de barrage de Thwake au Kenya, cité par le Secrétaire principal du Département d’État à la Planification économique du Kenya, pour sa capacité à contrôler les inondations de manière significative.
Des axes d’amélioration concrets pour bâtir des PPP plus durables
Tout en veillant à ce que les communautés locales bénéficient directement des infrastructures déployées, les participants ont souligné l’importance d’une gouvernance climatique plus inclusive, où les partenariats public-privé peuvent jouer un rôle clé en tant que leviers d’une adaptation durable à long terme.
A l’issue des échanges, de nombreuses recommandations ont émergé pour accroître la bancabilité des projets d’infrastructures, comme intégrer des études de faisabilité plus approfondies sur la résilience climatique ou adapter les cadres réglementaires afin d’attirer davantage d’investissements dans les énergies renouvelables, les infrastructures de gestion de l’eau et les projets de transport durable.
Ainsi, des mesures adaptées, telles que l’évaluation des risques climatiques en amont des projets et leur intégration dans les contrats de PPP, pourraient aider à prolonger la durabilité des infrastructures. Une approche plus flexible dans la négociation des contrats, afin de permettre des ajustements au fil du temps, en fonction des changements climatiques, a également été valorisée lors des discussions.
L’événement organisé par l’ALSF a aussi mis en lumière la nécessité pour les gouvernements africains de mettre en œuvre des conditions contractuelles flexibles et de favoriser la coopération internationale, dans un souci d’améliorer la bancabilité et la durabilité de leurs projets d’infrastructure.
Conscient de l’importance de mobiliser des ressources financières, les participants ont aussi indiqué la possibilité de recourir à des mécanismes de financement climatique, tels que l’African Climate Change Fund, qui permettraient d’accélérer et d’intensifier l’adaptation des pays africains au changement climatique.
L’ALSF, un acteur central dans la progression des PPP en Afrique
L’ALSF, dont la mission est de fournir une assistance juridique aux pays africains dans le cadre de transactions complexes, tout en renforçant leur capacité à négocier des contrats plus équitables et durables, s’est positionnée, depuis sa création par la BAD en 2008, comme un acteur clé dans le développement des partenariats public-privé à travers l’Afrique. En apportant son expertise juridique et financière pour surmonter les obstacles à la mise en place de projets bancables, en facilitant l’accès à des outils d’analyse de risque climatique et en promouvant des cadres de négociation plus flexibles, l’ALSF contribue à renforcer la capacité des États africains à négocier des projets alignés sur les objectifs de durabilité.