Reconnu coupable du «détournement» de fonds publics, l’ancien président de l’Assemblée nationale clame son innocence. Ses partisans parlent d’un « procès politique » pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle de 2023.
La peine de Vital Kamerhe, condamné pour corruption après avoir été le principal allié de l’actuel président de la République démocratique du Congo (RDC), a été réduite de vingt à treize ans de prison mardi 15 juin en appel, a annoncé son avocat Me Jean-Marie Kabengela.
Ancien président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, 62 ans, avait été condamné à vingt ans de « travaux forcés » (de la prison dans les faits) il y a un an avec deux coaccusés, dans un procès anticorruption sans précédent qui avait passionné les Congolais.
Détournement de fonds
M. Kamerhe a été reconnu coupable du «détournement » de fonds publics «portant sur le montant de 48,831 millions de dollars [40,2 millions d’euros] » avec son principal coaccusé, un entrepreneur libanais, Jammal Samih, 79 ans à l’époque.
M. Kamerhe est accusé d’avoir détourné des fonds alloués à la construction de 1 500 logements sociaux dans le cadre du programme dit des «100 jours» annoncé par le président de la République, Félix Tshisekedi, après son investiture le 24 janvier 2019.
Originaire de Bukavu dans l’est de la RDC, M. Kamerhe a été le principal allié de Félix Tshisekedi lors de sa victoire à l’élection présidentielle du 30 décembre 2018. Lui-même candidat, M. Kamerhe s’était désisté au profit de M. Tshisekedi. Les deux hommes avaient conclu un accord politique prévoyant que M. Kamerhe soit candidat à la prochaine élection en 2023.
«Justice expéditive»
M. Kamerhe clame son innocence et ses avocats dénoncent une « justice expéditive ». Ses partisans parlent d’un « procès politique » pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle de 2023. Une manifestation pro-Kamerhe a été dispersée mardi soir à Kinshasa, ont rapporté des témoins.
Commencé en août, son procès en appel a été marqué par le renvoi de nombreuses audiences. La peine du coaccusé de M. Kamerhe, Jammal Samih, a été ramenée de vingt à six ans, d’après Me Kabengela. La peine d’un troisième coaccusé a été ramenée de deux à un an.