Dans la quête de l’or du Ghana, une ressource bien plus précieuse est détruite : l’eau. Les rivières et les forêts viables qui autrefois soutenaient les communautés et le pays dans son ensemble sont désormais contaminées par du mercure mortel et d’autres substances toxiques.

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La destruction des réserves forestières, de la faune et de la vie aquatique se poursuit sans relâche. Ces conséquences dévastatrices de l’exploitation minière illégale, ou «galamsey», constituent des menaces existentielles pour notre survie même et le développement durable du Ghana. Si l’impact sur l’environnement et la santé humaine est indéniable, les coûts cachés de cette dévastation s’étendent encore plus loin dans les poches de tous les Ghanéens
La campagne Poison for Gold, lancée par TrustAfrica et Multimedia Group dans le cadre du programme RECLAIM Sustainability !, financé par le ministère néerlandais des Affaires étrangères, a attiré l’attention sur les véritables causes de la menace du galamsey. La campagne révèle qu’il ne s’agit pas seulement d’extraire de l’or, mais aussi de préserver un écosystème entier, de garantir les moyens de subsistance et d’assurer l’accès à une eau propre et salubre pour les générations futures. L’un des principaux objectifs de cette initiative est d’améliorer les moyens de subsistance alternatifs dans les communautés minières tout en plaidant pour une exploitation minière à petite échelle responsable et innovante.
Mercure : le tueur silencieux
L’un des aspects les plus alarmants révélés par la campagne est l’utilisation généralisée de substances toxiques et de métaux lourds dans les opérations minières illégales, principalement le mercure. Ce métal lourd est utilisé pour extraire l’or du minerai, mais au cours du processus, il s’infiltre dans les rivières et le sol, avec une forte tendance à contaminer les sources d’eau et, par la suite, les chaînes alimentaires cultivées dans ces zones et dans les communautés voisines.
La campagne Poison for Gold, par le biais du journalisme d’investigation et de l’engagement communautaire, a établi comment les communautés dépendantes de rivières telles que la Pra, l’Ankobra et l’Offin pour l’eau potable et la pêche sont lentement empoisonnées par le mercure et d’autres métaux lourds. Cela a entraîné de graves complications de santé, notamment des lésions neurologiques, une insuffisance rénale, des problèmes respiratoires et même des malformations congénitales. Les campagnes de sensibilisation et de sensibilisation des médias, ainsi que les témoignages des communautés affectées, mettent en évidence les effets dévastateurs de l’exploitation minière illégale sur les populations les plus vulnérables du Ghana. D’autres rapports des médias ont confirmé que de nombreuses femmes de ces communautés de Galamsey subissent actuellement des fausses couches.
Le coût croissant du traitement de l’eau
L’exploitation minière illégale a transformé certains des fleuves les plus importants du Ghana en terres incultes toxiques. La Ghana Water Company Limited (GWCL), chargée de fournir de l’eau potable sûre et propre à des millions de personnes, est désormais confrontée à la tâche coûteuse de traiter une eau fortement polluée en raison de la menace du Galamsey.
En raison de cette contamination, les usines de traitement des eaux situées le long des fleuves Pra et Birim sont obligées d’utiliser jusqu’à cinq fois plus de produits chimiques pour purifier l’eau potable, ce qui augmente le coût du traitement. Ce coût accru est répercuté sur les consommateurs, ce qui entraîne des factures d’eau plus élevées. Le fardeau financier est finalement supporté par les Ghanéens, y compris les pauvres et les vulnérables dont les sources d’eau ont été détruites dans la poursuite incessante de l’or. Au-delà de ces dépenses supplémentaires, rien ne garantit que l’eau soit entièrement potable ou exempte de substances nocives comme le mercure, qui peut entraîner des problèmes de santé à long terme, comme des lésions neurologiques et une insuffisance rénale. Selon des rapports récents, le mercure peut rester dans l’eau pendant plusieurs années.
Le prix de l’eau par rapport à celui de l’or
L’ironie est amère : alors que les mineurs illégaux extraient de l’or qui quitte souvent le pays pour les marchés étrangers, les Ghanéens doivent payer plus cher pour l’eau potable. C’est comme si une pomme d’or était cueillie des mains des gens, laissant derrière elle un puits empoisonné. Ce cycle dominant, où l’extraction d’une ressource entraîne la dégradation d’une autre, reflète un scénario classique du règne animal où un prédateur chasse à outrance, dévastant l’écosystème au passage.
Dans cette analogie, les mineurs illégaux sont comme des prédateurs, poursuivant sans relâche l’or sans se soucier de l’équilibre de l’écosystème. Lorsque les prédateurs chassent à outrance, la population de proies s’effondre, déstabilisant l’environnement. De même, le Galamsey déstabilise les systèmes hydriques du Ghana, affectant non seulement l’environnement, mais aussi la santé, la sécurité alimentaire et l’économie du pays.
Une crise imminente
Le coût financier du traitement de l’eau polluée ne représente qu’une fraction des dangers auxquels le Ghana est confronté. La campagne Poison for Gold a également mis en évidence les effets dévastateurs de cette pollution sur l’agriculture et la sécurité alimentaire. Les agriculteurs dépendent de ces rivières pour irriguer leurs cultures, mais l’eau propre et salubre se raréfie et devient plus toxique, ce qui entraîne une chute des rendements agricoles. Cela affecte à son tour les devises étrangères du Ghana, car la pollution par les algues menace également les cultures commerciales comme le cacao. La hausse des prix des denrées alimentaires est déjà un problème et cette tendance devrait s’aggraver. La destruction des terres agricoles par l’exploitation minière illégale réduit la productivité agricole, ce qui éloigne le pays de l’Objectif de développement durable 2 (Faim zéro).
Le changement climatique aggrave encore la situation. Les effets de la pollution par les algues aggravent les impacts des précipitations irrégulières, des sécheresses et des inondations, qui menacent déjà la production et la sécurité alimentaires. Avec l’augmentation de l’insécurité alimentaire, l’objectif du Ghana d’atteindre l’ODD 2 pourrait être inversé, ce qui exposerait les populations vulnérables au risque de faim.
Le coût humain de la pollution par les algues
Au-delà des implications environnementales et financières, une tragédie humaine se déroule. Le mercure utilisé dans l’extraction de l’or s’infiltre dans les rivières et les sols, et entre dans la chaîne alimentaire par l’intermédiaire des poissons et des cultures. La campagne Poison for Gold a révélé des histoires déchirantes d’enfants nés avec des malformations congénitales, d’adultes souffrant de maladies inexpliquées et de communautés n’ayant pas accès à une eau potable sûre et propre.
Les lois du Ghana, telles que la loi sur les minéraux et les mines de 2006 (loi 703), interdisent clairement les activités minières illégales, mais leur application est faible. L’article 93 de la loi interdit spécifiquement l’exploitation minière sans licence, mais la nature lucrative du Galamsey, alimentée par les prix mondiaux élevés de l’or, lui permet de prospérer.
On estime actuellement qu’environ 60 % des plans d’eau du Ghana ont été pollués en raison d’activités minières illégales. On ne saurait trop insister sur la nécessité de s’attaquer aux effets du Galamsey. Plus tôt nous agirons, mieux ce sera.
Un appel à l’action
Il est clair que la lutte contre l’exploitation minière illégale ne peut être gagnée uniquement par l’application de la loi. La campagne Poison for Gold prône une approche holistique, impliquant toutes les parties prenantes – gouvernement, chefs traditionnels, société civile, médias, communautés locales et acteurs de l’industrie du Galamsey – sur une base durable. Alors que l’attention mondiale se tourne vers l’atténuation du changement climatique dans le cadre des négociations de la COP, la lutte du Ghana contre l’exploitation minière illégale fait partie d’un débat plus large. Les coûts de l’inaction climatique – hausse des températures, augmentation de la pollution et dégradation des écosystèmes – se font déjà sentir. Le galamsey accélère la dégradation de l’environnement, ce qui rend plus difficile pour le Ghana de respecter ses engagements climatiques et accroît sa vulnérabilité aux catastrophes liées au climat.
Pour inverser la tendance, le Ghana doit commencer à considérer la menace du Galamsey comme une violation des droits humains fondamentaux à une eau propre et salubre, et comme un affront à la Constitution pour ne pas avoir protégé les vies, les biens et l’environnement.
• Application stricte des lois minières : réprimer l’exploitation minière illégale, en ciblant à la fois les mineurs et leurs financiers ;
• Investir dans des moyens de subsistance alternatifs : promouvoir des emplois durables comme l’agriculture et l’écotourisme pour offrir des alternatives à l’exploitation minière illégale ;
• Partenariats public-privé : collaborer pour investir dans le traitement des eaux et réguler la pollution minière à la source ;
• Autonomisation des communautés : impliquer les communautés dans la surveillance de l’exploitation minière illégale, en utilisant des exemples de réussite pour inspirer les autres ;
• Réhabilitation des plans d’eau : restaurer les écosystèmes contaminés par le reboisement et la purification ;
• Maintenir les partenariats : tenir les parties prenantes responsables ;
• Résoudre le financement politique : s’attaquer à l’implication des élites politiques et des flux financiers illégaux (FFI) dans le financement du Galamsey.
Conclusion : un avenir qui vaut la peine de se battre
La question de savoir où finit l’or issu de l’exploitation minière illégale doit trouver une réponse pour éviter une malédiction minérale ou un scénario de diamants de sang au Ghana. La lutte contre l’exploitation minière illégale est essentielle non seulement pour la protection de l’environnement mais aussi pour l’avenir de la nation. L’escalade du coût du traitement de l’eau est le symptôme d’une crise plus profonde qui menace les moyens de subsistance et la stabilité de la société. Le Ghana est confronté à un choix clair : agir maintenant pour restaurer les écosystèmes et protéger les générations futures, ou continuer à autoriser l’exploitation minière illégale qui détruit les sources d’eau et augmente le coût de la vie. L’eau, c’est la vie, pas l’or.