
Pierre-Samuel Guedj, Président d’Affection Mutandi & de la commission RSE&ODD du CIAN
La transformation durable et responsable du continent africain repose sur des principes qui prennent en compte le développement économique, social et environnemental tout en assurant une croissance inclusive et éthique. Voici les fondamentaux clés de cette transformation :
- Croissance inclusive et réduction des inégalités
- Inclusion sociale : la transformation durable doit viser à réduire les inégalités entre les populations, tant au niveau économique que social. Cela implique des politiques qui favorisent l’inclusion des populations marginalisées (femmes, jeunes, populations rurales) dans le processus de développement.
- Économie participative : créer des modèles économiques qui permettent à tous de participer à la création de richesses, notamment à travers l’accès aux services financiers, la promotion de l’entrepreneuriat et l’emploi décent.
- Protection de l’environnement et lutte contre le changement climatique
- Énergies renouvelables : investir massivement dans les énergies renouvelables (solaire, éolien, hydroélectrique) pour répondre aux besoins énergétiques croissants tout en réduisant les émissions de carbone. L’Afrique a un fort potentiel dans ces domaines, et une adoption à grande échelle permettrait de concilier croissance et respect de l’environnement.
- Gestion durable des ressources naturelles : il est essentiel de mettre en place des politiques de gestion durable des ressources comme les forêts, les terres arables et l’eau. Cela inclut la lutte contre la déforestation, la désertification, et la surexploitation des sols, ainsi que la protection de la biodiversité.
- Résilience climatique : adopter des mesures d’adaptation au changement climatique, notamment en renforçant la résilience des communautés vulnérables (en particulier les agriculteurs) face aux événements climatiques extrêmes.
- Éducation et formation pour un développement humain durable
- Renforcement des compétences : promouvoir une éducation axée sur les compétences nécessaires pour faire face aux défis futurs, notamment dans les domaines des technologies vertes, de l’agriculture durable, et des métiers liés à l’environnement.
- Formation à l’éthique environnementale et à la citoyenneté mondiale : l’éducation doit intégrer des programmes qui sensibilisent à la durabilité, aux droits humains, et aux responsabilités citoyennes, pour encourager une société respectueuse de l’environnement et équitable.
- Économie circulaire et transformation industrielle verte
- Économie circulaire : passer d’un modèle économique linéaire (production, consommation, déchets) à un modèle circulaire basé sur le recyclage, la réutilisation et la réduction des déchets. Cela inclut la gestion des déchets électroniques, plastiques, et industriels pour limiter l’impact environnemental.
- Industrialisation verte : promouvoir des industries qui utilisent des technologies propres et réduisent l’empreinte écologique. Cela passe par des incitations aux entreprises pour adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement et par l’investissement dans des technologies vertes.
- Souveraineté alimentaire et agriculture durable
- Agriculture régénérative : développer une agriculture qui restaure et préserve les sols, réduit l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques, et favorise la biodiversité. Cela permet de sécuriser la production alimentaire tout en réduisant l’impact environnemental.
- Souveraineté alimentaire : promouvoir une agriculture locale et diversifiée pour répondre aux besoins alimentaires des populations africaines et réduire la dépendance aux importations, tout en améliorant la résilience aux chocs climatiques.
- Accès équitable aux ressources naturelles et énergétiques
- Accès à l’énergie : garantir un accès universel à une énergie propre et abordable pour tous les Africains, y compris dans les zones rurales. Cela permet d’améliorer les conditions de vie, de stimuler les économies locales, et de réduire la pauvreté énergétique.
- Partage équitable des ressources : assurer une gestion juste et équitable des ressources naturelles (pétrole, gaz, minerais) pour que les bénéfices tirés de leur exploitation profitent à l’ensemble de la population plutôt qu’à des élites économiques ou politiques.
- Bonne gouvernance et transparence
- Renforcement institutionnel : promouvoir la gouvernance responsable, transparente et inclusive. Les institutions doivent être renforcées pour mieux répondre aux défis du développement durable, en luttant contre la corruption et en veillant à ce que les politiques environnementales et économiques soient mises en œuvre de manière équitable.
- Participation citoyenne : encourager la participation des citoyens, des communautés locales et de la société civile dans la prise de décision concernant la gestion des ressources naturelles, la protection de l’environnement, et les politiques économiques.
- Investissements éthiques et responsables
- Financement durable : mobiliser des financements en faveur d’investissements verts et durables. Les investisseurs doivent être incités à soutenir des projets qui respectent des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
- Partenariats public-privé : développer des partenariats entre les secteurs public et privé qui visent la durabilité, notamment en matière d’infrastructure, d’agriculture et de technologie, tout en garantissant que ces investissements soient socialement responsables et respectueux des droits des communautés locales.
- Technologie et innovation pour le développement durable
- Innovation verte : encourager l’innovation dans les technologies respectueuses de l’environnement, que ce soit dans l’agriculture (irrigation durable, agro-technologie), les énergies propres, ou les solutions de transport (électrification des véhicules, mobilité durable).
- Accès à la technologie pour tous : réduire la fracture numérique en favorisant l’accès à la technologie et à Internet, particulièrement en milieu rural, pour que la transformation numérique puisse soutenir la durabilité dans tous les secteurs (santé, éducation, finance).
- Paix, sécurité et stabilité politique
- Gestion des conflits liés aux ressources : une gestion durable et responsable des ressources naturelles est indispensable pour éviter les conflits qui naissent souvent de la concurrence pour ces ressources. Les États africains doivent adopter des mécanismes de gestion pacifique des ressources et renforcer la coopération régionale pour la gestion des biens communs.
- Stabilité politique : la stabilité politique est un préalable à toute transformation durable. Les gouvernements doivent garantir la paix et la sécurité pour attirer les investissements et favoriser un environnement stable pour le développement.
Conclusion
La transformation durable et responsable du continent africain exige une approche intégrée et holistique, qui englobe le respect de l’environnement, le développement social, et la croissance économique inclusive. Cela repose sur des politiques proactives en matière de protection des ressources naturelles, de renforcement des capacités humaines, d’innovation technologique, et de gouvernance éthique et transparente.