L’Union européenne a exprimé, lundi 7 février, sa « vive préoccupation » concernant la situation en Tunisie après la décision du président Kaïs Saïed de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature, soulignant l’importance de l’indépendance de la justice dans le pays.
Après avoir dissout le Parlement, le chef de l’Etat tunisien défait une à une, toutes les institutions qui formaient l’architecture de la démocratie tunisienne. Kaïs Saïed est clairement sur les pas de Zine El Abidine Ben Ali, chassé du pouvoir par la révolution de 2011.
Le Conseil supérieur de la magistrature est un organe constitutionnel indépendant qui a notamment pour mission de garantir l’indépendance de la justice et de veiller à ce que les juges rendent des comptes. Il est également chargé de veiller à l’octroi de promotions professionnelles aux magistrats.
L’Union européenne rappelle » l’importance de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de la justice, qui sont des éléments essentiels pour la démocratie, la stabilité et la prospérité du pays. »
« Des réformes fondamentales similaires, aussi importantes et nécessaires soient-elles, doivent être le résultat d’un processus global et transparent », a-t-elle affirmé.
La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle Saïd a décidé d’imposer des mesures d’exception, notamment : le gel des pouvoirs du Parlement, la promulgation de lois par décrets présidentiels, la destitution du gouvernement et la nomination d’une nouvelle équipe gouvernementale.
La majorité des forces politiques et de la société civile rejettent ces mesures et les qualifient de « coup d’Etat contre la Constitution », tandis que d’autres forces les soutiennent et les considèrent comme une « correction du cours de la révolution de 2011 », qui a renversé le régime du président de l’époque, Zine El Abidine Ben Ali.