Un serial entrepreneur 2.0
Ingénieur, globe-trotter, créateur d’entreprises… Alain Yana, Directeur général d’Allstar Technologies, est dans l’air du temps, le numérique. Rencontre.

AFRIMAG : On vous colle souvent l’étiquette de créateur d’entreprises. Est-ce cela seulement qui a marqué votre parcours professionnel ?
Alain Yana : La dominante dans mon parcours, c’est que je suis un « serial » entrepreneur, c’est-à-dire que j’ai créé une série d’entreprises, et porté de nombreux projets de l’idée à la réalisation.
L’autre aspect dominant est ma passion pour l’Afrique. J’ai créé ma première entreprise « Aynet Consulting » en 1997 au Cameroun avec un bureau de liaison en France, dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Je voulais déjà accompagner le continent dans sa modernisation en travaillant à l’époque avec des entreprises partenaires comme CBM (Continental Business Machines) au Cameroun, partenaire d’IBM en Afrique Centrale. Entre les années 2000 et 2010, j’ai travaillé en joint-venture avec ISSAP Productions, une entreprise cliente de mes services et qui évoluait dans le domaine de l’industrie musicale. En plus d’un accompagnement dans l’ère du numérique qui a véritablement changé la donne en matière de musique, j’ai personnellement assuré la production exécutive de nombreux projets musicaux à succès comme celle des albums « Dis l’heure 2 rimes » en 2002, « Dis l’heure 2 zouk » en 2003, « Evolution » en 2006, totalisant plusieurs millions d’unités vendues à un public 12-24 ans en France et dans le monde. Notre collaboration fructueuse a donné naissance en 2006 à la création de l’entreprise « 7ème Sens » également spécialisée dans la musique et que j’ai dirigée trois années durant. L’un des derniers projets à succès pour lequel j’ai officié dans cette industrie fût la production et la commercialisation réussies du dernier album « Africa » du groupe Bisso Na Bisso en 2009 commercialisé par Warner Music France. Bien qu’étant basé en France pendant de longues années, mon activité professionnelle a été régulièrement ponctuée de retours fréquents vers l’Afrique au travers de partenariats avec des entreprises du continent. J’ai ainsi entre autres, participé au Fespam 2001 au Congo Brazzaville avec le groupe Bisso Na Bisso, produit l’hymne de la coupe d’Afrique des Nations « Mali 2002 » avec une pléiade d’artistes africains, conclu un partenariat avec MTN Cameroun en 2003 pour l’organisation de l’évènement «Passi le feu », fournit le plateau d’artistes internationaux pour le concert de lancement du réseau Orange au Niger en 2008, assuré la production exécutive de l’hymne « 1 Geste pour Haïti chérie » regroupant une trentaine d’artistes de renommée mondiale pour faire un appel aux dons suite au terrible tremblement de terre survenu en Haïti en 2010… 2011 a marqué mon retour effectif en Afrique, d’abord au Burkina Faso puis au Niger avec la création de l’entreprise Allstar Technologies.
Vous avez vite pris le goût du risque et une certaine confiance en vous, ce qui explique aussi votre réussite…
Oui aujourd’hui, j’ai à mon actif la création de quatre entreprises en France et en Afrique dont la dernière en date que j’ai créée au Niger.
Mais j’ai également eu à collaborer avec de nombreux chefs d’entreprises et porteurs de projets de référence dans le cadre de leur création, du développement de leurs entreprises ou de certains projets au sein de celles-ci. On peut dire que j’ai eu à participer activement à la conduite d’au moins une quinzaine de projets majeurs au cours de ma carrière professionnelle qu’on peut assimiler soit à des créations d’entreprises soit au développement de nouvelles activités spécifiques au sein de certaines jeunes entreprises.
A partir de quel moment, avez-vous eu l’idée de retourner en Afrique pour partager votre expérience avec les « jeunes frères » ?
J’ai envie de dire que je l’ai eu en moi depuis le début. En effet je suis né au Cameroun et je suis parti à l’âge de treize ans pour suivre mes études en France parce que mes parents en ont décidé ainsi, et que c’était un choix judicieux pour mon cursus scolaire. Cependant j’ai toujours été habité d’une certaine nostalgie du pays pendant toute cette période, et je me suis promis de retourner en Afrique pour me mettre au service du continent. Ainsi vers la fin de mon cursus, en école d’ingénieurs à l’ESTP de Paris, effectivement comme vous l’avez dit, j’ai cherché les idées ou concepts qui n’existaient pas encore ou alors que je pouvais mettre en place dans mon pays d’origine pour satisfaire mon envie de revenir vers la terre-mère et appliquer ce que j’avais appris ailleurs.
Alors quelle stratégie de développement déployez-vous dans les pays où vous êtes présents ?
Alors, ça a l’air simple (rire) mais c’est un peu plus complexe. Notre stratégie, consiste tout d’abord à faire des alliances avec des grandes entreprises. Nous investissons pour les aider à mieux vendre et faire connaître leurs produits, localement. Nous formons du personnel à la maîtrise de leurs technologies pour ensuite créer des relais auprès des clients finaux. Par exemple dès notre arrivée au Niger, nous avons noué un partenariat avec le constructeur informatique HP en tant que partenaire agréé, ce qui nous a engagés à recruter et à former des ingénieurs pour apprendre et maîtriser les technologies HP. On a financé des formations à nos équipes pour apprendre et comprendre en quoi consistaient les technologies que HP vend aujourd’hui.
Après ces formations, nos collaborateurs ont reçu des certifications, prouvant qu’ils sont bien qualifiés pour conseiller et vendre ce type de technologies à nos clients finaux, ce qui nous vaut aujourd’hui d’être partenaire « Gold » de HP. C’est une stratégie d’alliance avec des marques fortes, des constructeurs ou des éditeurs de technologies leaders sur leurs marchés, puis la stratégie s’appuie sur la formation des ressources humaines. Ainsi nous avons formé des Nigériens sur lesquels on a investi pour qu’ils soient formés au même niveau que les autres ingénieurs dans le monde qui sont dans des entreprises partenaires de HP, de Microsoft, de Cisco.
Quel conseil donneriez-vous aux jeunes qui voudraient entreprendre aussi ?
Le conseil de base, c’est de ne rien lâcher ! Les « jeunes frères » doivent avoir confiance en eux-mêmes et faire œuvre d’humilité et de courage. C’est comme ça qu’on arrive à monter une équipe, à porter un projet ou à vendre une idée. Je suis persuadé aujourd’hui, avec l’avènement de l’économie numérique que les cinquante meilleures entreprises du monde en 2050 n’ont pas encore été créées. Ce sont des idées qui vont naître dans l’esprit de nos « jeunes frères » en Afrique et dans le monde et ce sont des gens qui vont réussir grâce à leur détermination à faire aboutir leurs idées.
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Bio-express
- 1996 Diplôme d’ingénieur à l’ESTP Paris
- 1997 Création de l’entreprise Aynet Consulting au Cameroun et en France
- 2006 Création de l’entreprise 7ème Sens en France
- 2012 Création de l’entreprise Allstar Technologies au Niger