Réélu pour un deuxième mandat présidentiel, après avoir investi officiellement le 16 décembre 2023 dans un stade archi-comble de la capitale et devant des invités de marque, Andry Nirina Rajoelina aura une importante tâche de composer un nouveau gouvernement. Ce 26 décembre, le Premier ministre n’est pas encore nommé.
Il a fallu quatre jours après l’investiture du Président élu, que le Premier ministre Christian Ntsay ait déposé le 20 décembre 2023 la démission collective de son gouvernement. Quatre jours, une période jugée un peu longue. En pareille circonstance, la démission du gouvernement doit se faire tout juste après la prise en fonction du Président élu. Mais comme ce dernier n’est autre que l’ancien Président, la Constitution est muette sur le délai du dépôt de la démission. C’est contredire en partie les rumeurs comme quoi Christian Ntsay s’accroche et ne veut pas rendre son tablier.
La présidence a pris acte de cette démission tout en confiant à l’actuel gouvernement de l’expédition des affaires courantes de l’administration, sans donner d’information sur la mise en place du nouveau gouvernement. Quoi qu’il en soit, à la sortie de la proclamation officielle des résultats du scrutin, le 1er décembre dernier, le Président Andry Rajoelina a déclaré «on ne change pas une équipe qui gagne.» Et lors de son discours d’investiture, le 16 décembre, il a évoqué «une ouverture.» Ce qui suppose qu’il y aura un changement dans l’équipe. Reste à savoir si le patron demeurera toujours Christian Ntsay ou une autre personne.
Nommé à la Primature en juin 2018 suite à une crise politique, sous le régime Hery Rajaonarimampianina et reconduit en janvier 2019 par Andry Rajoelina, Christian Ntsay détient le record des PM de cette 4ème République avec cinq années. L’homme est un ancien Représentant international du BIT à Madagascar et n’est pas issu d’un organe politique. Mais il a un atout d’être en lien étroit avec Mamy Ravatomanga, le businessman très proche d’Andry Rajoelina.
Arrogant dans un certain temps, l’homme avait touché aux amours propres des députés, ce qui était à l’origine d’une motion de censure signée par 105 sur 150 membres de la Chambre basse en décembre 2022. Une motion rejetée en dernière heure- pour des raisons plus ou moins floues – par le bureau permanent de l’Assemblée nationale. Ensuite, il n’a pas présenté la loi des Finances rectificatives devant le Parlement et tout dernièrement, lors de la dernière session de l’Assemblée nationale, le gouvernement ne s’est pas pointé au face à face souhaité par les députés. Sera-t-il toujours donc l’heureux élu des députés ?
A remarquer aussi la haine du Premier ministre envers l’actuelle présidente de l’Assemblée nationale, qui avait mis en place, avant l’élection, avec les 4 chefs d’églises du conseil œcuménique (FFKM) une plate-forme de dialogue et de médiation.
L’article 54 de la Constitution précise que le Président de la République nomme le Premier ministre, présenté par le parti ou le groupe de partis majoritaires à l’Assemblée nationale. Bien que d’autres élus sous le fanion de l’IRD (groupe de partis pro Andry Rajoelina) ont choisi un candidat autre que le Président Andry Rajoelina lors du scrutin du 16 novembre dernier, le groupement majoritaire reste toujours l’IRD. Tout porte à croire que Andry Rajoelina ne mettra pas trop de temps à nommer son PM, pour marquer sa vitesse de TGV à travers son parti qu’est le Tanora Gasy Vonona.
Pourtant, dix jours après l’investiture, l’on est encore dans l’attente. Le plus dur reste aussi la formation du gouvernement.