En 2024, les flux d’investissements directs étrangers (IDE) vers le continent ont augmenté de 84%, mais cette hausse est trompeuse car elle est largement biaisée par un méga-projet touristique et urbain conduit par un fonds souverain émirati en Egypte. Même l’ex-CNUCED, devenue ONU Commerce & Développement, le concède dans son Rapport annuel sur les IDE
Les flux d’investissements directs étrangers (IDE) à destination de l’Afrique ont enregistré une impressionnante hausse de 84% en 2024 pour s’établir à 94 milliards de dollars, selon le Rapport annuel sur les IDE publié lundi 20 janvier par ONU Commerce et Développement (l’ex-CNUCED). En réalité, ce chiffre est plus que trompeur car il est impacté par un gigantesque projet annoncé dans la péninsule de Ras El-Hekma en Egypte. En neutralisant de méga-projet, les IDE vers le continent n’augmenteront plus que de 23%, à 50 milliards de dollars, soit moins que le bénéfice annuel de la plus grande banque américaine JP Morgan.
Selon l’ex-CNUCED, le financement de projets s’effondre, les investissements greenfield (création d’une unité à l’étranger) restent faibles, tandis que les fusions et acquisitions sont stables. Les projets Greenfield baissent de 8 % en nombre et de 7 % en valeur, bien que les investissements dans les semi-conducteurs et l’IA aient maintenu les valeurs proches du record de 2023.
Au niveau global, les IDE reculent de 2 % à 1.300 milliards de dollars, dans un contexte de ralentissement économique et de tensions géopolitiques. Mais ONU Commerce & Développement souligne que le déclin serait supérieur à 10 % si l’on exclut les fortes variations des flux d’investissement dans quelques économies européennes.
Les IDE vers les pays en développement ont chuté de 7 % en 2023, pour atteindre 867 milliards de dollars. Le durcissement des conditions de financement a entraîné une chute de 26 % des financements internationaux de projets, essentiels pour les investissements en infrastructures. Bien que l’année 2024 risque de ressembler à l’exercice précédent, ONU Commerce & Développement reste néanmoins optimiste, citant l’assouplissement de la politique monétaire (via la baisse des taux directeurs des banques centrales) et les efforts de facilitation des investissements que déploient les gouvernements.
Les investissements augmentent dans des secteurs manufacturiers à forte valeur ajoutée, comme l’automobile et l’électronique, dans des régions et des pays ayant un accès facile aux principaux marchés. Mais de nombreux pays en développement restent marginalisés. Minés par le risque politique, ils peinent à attirer les investisseurs et à participer aux chaînes mondiales de production.