Alors que l’hégémonie des géants de la tech américains dans le domaine de l’intelligence artificielle générative semblait incontestable, un nouvel arrivant remet en question cette domination. Le Chinois DeepSeek, lancé le 20 janvier 2025, est considéré par de nombreux spécialistes comme capable de rivaliser avec ChatGPT
Lancé il y a une semaine, l’application DeepSeek est en tête des téléchargements sur l’App Store depuis quelques jours, et ce n’est qu’un début. DeepSeek s’appuie sur deux modèles de langage open source développés en interne. Le chatbot fonctionne de manière similaire à ChatGPT, avec la capacité de réaliser des tâches nécessitant une forte contextualisation, comme la planification ou la résolution de problèmes complexes.
De l’avis des spécialistes, DeepSeek affiche des performances de haut niveau.
Le véritable tour de force de DeepSeek réside dans sa capacité à produire des résultats d’une qualité proche de ceux de ChatGPT, tout en affichant un coût nettement inférieur. Le modèle V3, qui intègre 600 milliards de paramètres, a coûté environ 5,6 millions de dollars à développer, contre 80 millions de dollars pour GPT-4 (au total, OpenAI aurait dépensé 3 milliards de dollars pour l’ensemble de ses modèles).
DeepSeek a utilisé des puces Nvidia H800, moins coûteuses et spécialement conçues pour contourner les restrictions américaines. L’entreprise chinoise a exploité les dernières innovations pour réduire la durée et les besoins en ressources nécessaires à l’entraînement de son modèle. Pékin a offert des subventions et des avantages fiscaux, réduisant considérablement les coûts de développement.
Sans surprise, des mécanismes de censure sont intégrés à DeepSeek. Le gouvernement chinois veille à ce que certains sujets ne soient pas abordés par l’IA. Ainsi, de nombreux internautes ont tenté de solliciter le chatbot sur des sujets sensibles, tels que la politique de Xi Jinping, les manifestations de la place Tian’anmen ou, ironiquement, l’état de la censure en Chine. Immédiatement après avoir commencé à rédiger une réponse, DeepSeek se rétracte et se contente d’indiquer : «Sorry, that’s beyond my current scope. Let’s talk about something else» («Désolé, cela dépasse mon champ d’application actuel. Parlons d’autre chose»).
L’inquiétude gagne les géants de la tech américains
L’arrivée de DeepSeek a déstabilisé Wall Street. Lundi 27 janvier, l’indice Nasdaq a chuté de 2,63 %. Nvidia, la première capitalisation mondiale, qui équipe l’ensemble des géants de l’IA, a vu son titre dégringoler de plus de 13 %. De son côté, Donald Trump a déclaré : «la publication de l’IA DeepSeek par une entreprise chinoise devrait être un signal d’alarme pour nos industries, qui doivent se concentrer sur la concurrence.»
Un outil gratuit et disponible partout
Contrairement à ChatGPT, dont certaines fonctionnalités sont réservées aux abonnés des plans payants, DeepSeek est entièrement gratuit. Si vous souhaitez l’utiliser, vous pouvez accéder à l’interface web via ce lien ou télécharger l’application mobile disponible sur iOS et Android. Il prend en charge plusieurs langues, dont l’anglais et le français.
En revanche, pour utiliser DeepSeek, il est impératif de créer un compte, ce qui n’est plus obligatoire sur ChatGPT depuis avril 2024. L’interface de DeepSeek est presque identique à celle de ChatGPT. Lors de la saisie de votre question, vous pouvez opter pour le mode «Réflexion profonde» (similaire au mode ChatGPT Pro) ou «Rechercher», qui correspond à l’équivalent de ChatGPT Search.
Le parcours de Liang Wenfeng en brève
Il était le génie derrière Huanfang Quantitative, un fonds spéculatif alimenté par l’IA qui a écrasé Wall Street. Ses algorithmes prédisaient les tendances du marché avec une précision chirurgicale. Comme il n’était pas satisfait de ce parcours sans faute, Liang Wenfeng a vu un problème plus important à résoudre : l’IA pour tous, pas seulement pour l’élite. D’où la création et le lancement de DeepSeek