Face à la congestion et l’intensification de la concurrence avec Dar es-Salaam en Tanzanie, le port de Mombasa est condamné à moderniser ses infrastructures s’il veut rester la principale porte d’entrée maritime dans la sous-région. Le gouvernement kényan et l’Autorité de régulation annoncent de nouveaux investissements
Le port de Mombasa est l’une des cibles du programme d’investissement que la Kenya Ports Authority (KPA) s’apprête à lancer au titre de l’année 2025. D’après le CEO de l’Autorité de régulation portuaire, des chantiers seront lancés dès ce mois de janvier pour augmenter la capacité des installations portuaires et répondre à la croissance des volumes. Parmi les travaux prévus, la construction de deux postes d’amarrage capables de traiter respectivement 300.000 EVP et 500.000 EVP dont le financement est négocié avec l’Agence de la coopération japonaise (JICA).
Sont aussi prévus des investissements dans les équipements, de même que la remise aux normes du système d’exploitation du terminal. A terme, ces projets devraient permettre d’atténuer les problèmes de capacité de ce port qui constitue la principale porte d’entrée maritime en Afrique de l’Est. Mombasa traite une bonne partie du trafic-transit de pays voisins enclavés tels que l’Ouganda, le Burundi, la République démocratique du Congo et l’Ethiopie. Ce statut exerce une forte pression sur les installations de la plateforme, ce qui avait motivé la construction d’une liaison ferroviaire pour faciliter le transport des conteneurs.
Environ 34 millions de tonnes ont été traitées au port de Mombasa en 2022. Le bilan du trafic conteneurisé attendu pour 2024 est d’au moins 1,48 million EVP. La baisse de régime de la plateforme depuis quelques années a profité au port de Dar es-Salaam, qui se rêve depuis peu en principale plaque tournante dans la sous-région. En plus de gros investissements dans ses installations, la Tanzanie a ouvert des chantiers d’envergure pour raccorder plusieurs pays voisins par chemin de fer.
La mise à niveau des infrastructures ne suffira pas à régler définitivement le problème structurel de congestion à Mombasa, faute d’investissement dans la connexion avec les pays voisins. L’autoroute qui doit atteindre la frontière avec l’Ouganda est toujours inachevée, faute de financement. A cela s’ajoutent les contraintes liées au passage aux postes frontaliers. Selon un récent rapport de la Banque mondiale, le Kenya fait partie des pays africains dont les frontières terrestres sont contraignantes en raison des barrières tarifaires et non tarifaires (longues procédures administratives, droits de passage élevés, racket policier, restrictions diverses, etc.).