
. La diplomatie économique, chère au gouvernement français, y est-elle pour quelque chose? en tout cas, la visite officielle qu’effectuait, ce mardi 29 avril, le président angolais, José Eduardo Dos Santos, en France marque un tournant dans les relations entre Paris et Luanda après des années de brouille diplomatique
. Le Président angolais a été reçu à l’Elysée par son homologue français François Hollande, et a rencontré une délégation de patrons
Cela faisait deux décennies que le président angolais, José Eduardo dos Santos n’avait pas mis les pieds en France. Certes, il sort très rarement de son pays mais surtout, les relations entre Luanda et Paris s’étaient refroidies en 2001 pour une affaire de ventes d’armes, dans les années 1990 à l’Angola, qui mettait en cause un certain nombre de personnalités françaises du milieu des affaires ou de la politique. José Eduardo dos Santos avait peu apprécié que la justice s’en prenne et même condamne des hommes d’affaires et des responsables qui lui avaient apporté un précieux soutien alors qu’il se battait contre l’Unita. Il n’empêche qu’en 2008, alors que l’affaire était toujours en cours devant les tribunaux français, l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, avait fait le voyage à Luanda pour tenter de renouer les liens. Mais en 2011, l’affaire fut définitivement enterrée avec des jugements plus cléments. Le travail de rapprochement peut alors réellement démarrer. En octobre dernier, Laurent Fabius se rend à Luanda pour inviter le président Dos Santos à venir à Paris. Le chef de l’Etat angolais ne se rend pas au sommet de l’Elysée début décembre, mais il accepte de venir à Paris plus tard. Ce mardi 29 avril, il a même rendu l’invitation à François Hollande.
L’Angola : interlocuteur de poids en Afrique centrale
Depuis le début de l’année, l’Angola préside la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), organisation régionale très impliquée dans le règlement des crises, notamment dans l’est de la RDC. De son côté, la France, en première ligne sur le plan diplomatique dans le règlement de la crise en Centrafrique notamment, a besoin de tous les appuis régionaux possibles. Six pays de la région participent à la Mission africaine de stabilisation (Misca). L’Angola peut, quant à elle, apporter un appui financier. C’est ce que Luanda a fait en fournissant une aide destinée à payer une partie des arriérés de salaires des fonctionnaires centrafricains le mois dernier.
L’intérêt économique
Si Luanda se verrait bien ravir la première place au Nigeria, l’Angola reste aujourd’hui le deuxième producteur africain de pétrole avec près de deux millions de barils par jour. Toute son économie repose sur « l’or noir ». Tous les grands du secteur y sont, comme le groupe français Total, installé depuis plus de soixante ans. Mais le pouvoir angolais souhaite aussi diversifier son économie et préparer l’après-pétrole. Maintenant que les obstacles judiciaires et diplomatiques semblent levés, la France compte bien en profiter. Ce que souhaite Paris, qui vient de confier le commerce extérieur au ministre des Affaires étrangères, c’est de permettre à des entreprises françaises d’autres secteurs tels que l’eau ou les transports, de bénéficier de la croissance insolente (5,5 à 6% par an) de l’économie angolaise. En 2012, les échanges entre les deux pays s’élevaient à environ 1,4 milliard d’euros dont les deux tiers en importations pour la France. Pour équilibrer ce rapport et augmenter la cadence, Ubifrance (l’agence chargée de promouvoir les entreprises françaises à l’étranger) a organisé, en décembre, un voyage de patrons à Luanda. Des patrons à qui José Eduardo dos Santos a consacré quelques heures au cours de sa visite, au Quai d’Orsay.
La France, un important investisseur pour l’Angola
Les entreprises françaises emploient près de 25 000 Angolais. Mais José Eduardo dos Santos veut plus : « Les partenariats avec les entrepreneurs angolais impliquent le transfert de connaissances et de technologies et le croisement de participation. Ainsi, nous invitons une fois de plus les entrepreneurs français à investir en Angola dans des partenariats très avantageux avec les Angolais». L’« Angolanisation » est un programme du gouvernement pour inciter les entreprises étrangères à employer des Angolais. Il impose également des transferts de technologies. La France est le troisième investisseur étranger en Angola. Mais ses entreprises œuvrent surtout dans le secteur pétrolier qui représente 40% du produit intérieur brut du pays.