La Société nationale d’import-export (Sonimex) s’apprête à déposer son bilan. Une enquête (en trois épisodes) du site arabophone alakhbar révèle les péripéties de la mise à mort programmée d’une société qui, créée pour se dresser contre la boulimie des grands importateurs de produits de premières nécessités, a fini par leur servir de client providentiel.
La Société nationale d’import-export (Sonimex) s’apprête à déposer son bilan. Une enquête (en trois épisodes) du site arabophone alakhbar révèle les péripéties de la mise à mort programmée d’une société qui, créée pour se dresser contre la boulimie des grands importateurs de produits de premières nécessités, a fini par leur servir de client providentiel.
Pour donner un semblant de «légitimité» à ce que d’aucuns qualifient de vaste opération de clientélisme, le gouvernement met en avant l’encouragement de la production locale (notamment le riz) et la création de centaines d’emplois pour des jeunes inscrits sur les longues listes de l’ANAPEJ (Agence nationale pour l’emploi des jeunes).
La décision prise par le gouvernement d’approvisionner les boutiques « Emel » (programme de vente à prix réduits des produits de première nécessité) a accentué la pression sur la Sonimex dont les achats ont augmenté de 300%. La production de riz est ainsi passée de 19.000 T en 2011, à 75.000 T, en 2015. Une offre qui dépasse largement la demande du programme « Emel » que le gouvernement mauritanien a maintenu pour des considérations plus politiques que socioéconomiques.
Après avoir acheté trop de riz, la Sonimex a voulu procéder à une vente en gros aux commerçants mais, étrangement, le gouvernement s’y est opposé. Entre 2011 et 2015, la Sonimex a ainsi acheté pour 49 milliards d’ouguiyas de riz local produit par 17 usines de décorticage dont la plus importante était la SPSIA de l’homme d’affaires LemarOuldWeddady. Mais ces achats ont subitement cessé en 2016. Les producteurs qui ont alors réalisé l’exploit de passer de 19.289 tonnes, en 2011, à 75000 tonnes, en 2015, se sentent trahis. La Sonimex, dont les parts des privés sont passées de 32% à 9%, n’obéit aujourd’hui qu’aux injonctions d’un gouvernement qui, pour une raison connue de lui-même, prépare la mise à mort de cette société. D’aucuns pensent que c’est la seule solution trouvée pour effacer les traces du scandale portant sur la disparition d’importante quantités d’engrais au niveau de la Sonimex de Rosso (on parle d’une valeur de 12 Milliards d’UM).
En fait, ce scénario rappelle le procédé utilisé pour liquider l’ENER (Etablissement national d’entretien routier), autre foyer de corruption, dont les activités sont passées, en perte et non profit, à l’ATTM (Société d’assainissement de travaux, de transport et de maintenance), filiale de la SNIM. Le directeur général de l’ENER, WoneOsmane, qui vient d’être arrêté et envoyé en prison par la police de répression des crimes économiques, ne serait pourtant pas le seul responsable de la situation calamiteuse ayant conduit le gouvernement à se débarrasser de l’entreprise. En effet, depuis plus de trois ans, l’ENER ferait face à une situation financière très difficile avec une dette colossale estimée à 26 milliards d’ouguiyas. 15 milliards contractés auprès de la Société nationale industrielle et minière (SNIM) pour l’achat d’équipements lors de sa restructuration et 3,5 milliards auprès d’une banque de la place consentis sous la forme de prise en charge des salaires. A cela s’ajoutent deux milliards de dettes dus aux fournisseurs et près de 6 milliards dans le cadre d’un contrat-programme avec l’Etat.