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Barrage sur le Nil: les Etats-Unis suspendent l’aide à l’Ethiopie

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L’administration américaine de Donald Trump ne fait rien dans la demi-mesure. Elle vient de décider de suspendre l’aide à l’Éthiopie de manière partielle et sur une période limitée, en attendant qu’une solution soit trouvée au différend qui oppose le pays des Negus à celui des Pharaons, mais également au Soudan.

« Les Etats-Unis sont de plus en plus préoccupés par l’absence de progrès dans les négociations sur un accord trilatéral sur le remplissage et la gestion du Gerd (Grand Ethiopian Renaissance Dam) », a déclaré le porte-parole du département d’Etat américain.

Selon lui, cette décision traduit l’ »inquiétude » de son pays, estimant qu’un remplissage « avant que toutes les mesures de sécurité soient en place » faisait courir « de graves risques aux populations des pays en aval ».
« Procéder au remplissage pendant que les négociations étaient en cours sape la confiance des autres parties », a ajouté le porte-parole du département d’Etat, accusant le gouvernement éthiopien de n’avoir pas respecté ses « engagements » à attendre l’issue des discussions menées par l’Union africaine.

Abiy Ahmed, Abdelfattah Al-Sissi

Abiy Ahmed et Abdelfattah Al-Sissi, respectivement Premier ministre éthiopien et Président égyptien.

Il faut dire que depuis son lancement, ce barrage pose un grand problème entre les voisins, car Addis Abeba considère que cette infrastructure est un droit inaliénable de son peuple sur les ressources du plus long fleuve du Continent. Et au-delà, en tant que pays de 110 millions d’habitants sans ressources énergétiques, l’Ethiope estime que le Gerd est indispensable pour assurer son développement.

Evidemment, un tel barrage qui sera le plus grand jamais exploité sur le continent est une sérieuse menace sur la sécurité hydraulique et donc alimentaire de l’Egypte toute entière et dans une moindre mesure du Soudan.
C’est pourquoi des négociations sont menées pour trouver un accord incluant non seulement la durée de remplissage, mais également qui prévoit des mécanismes de résolution des éventuelles disputes au moment de l’exploitation.

L’Ethiopie insiste pour que le remplissage se fasse dans les plus brefs délais, allant même jusqu’à le démarrer au début de l’été 2020, ce qui n’a pas été apprécié ni par l’Egypte ni par le Soudan. De même, Addis Abeba n’a pas estimé important d’inclure ce mécanisme dans l’accord, puisque pour le gouvernement éthiopien il n’a pas à s’expliquer sur l’utilisation qu’il doit faire de son barrage. Il appartient dès lors à ses voisins de trouver une solution dès à présent.

L’Egypte semble se préparer à cette éventualité et a décidé récemment de mettre en place une nouvelle politique de consommation des eaux du Nil, tout en a lançant la construction de quelque 55 stations de dessalement d’eau de mer.

Evidemment, Washington veut tirer la couverture du côté du Caire et a régulièrement fait pression discrètement sur l’Ethiopie même quand les Etats-Unis s’étaient proposés à abriter des négociations. L’Ethiopie avait alors claqué la porte à cause de l’impartialité américaine.

Aujourd’hui, la position américaine est beaucoup plus clairement assumée avec cette suspension provisoire et partielle de l’aide.

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