- Le pays a presque finalisé la totalité de son budget pour l’année 2015
- Néanmoins, des sources de fragilité existent

La Côte d’Ivoire poursuit son redressement économique depuis la violente crise post-électorale de 2011. Malgré les aléas de la conjoncture mondiale, la croissance reste robuste, portée par l’intensification des programmes d’investissement public et le retour de la confiance des entreprises et des ménages. Les déséquilibres macroéconomiques sont contenus. Fermement soutenu par la communauté internationale et désormais délesté d’une partie du fardeau de sa dette, le pays est en pole position pour renouer avec ses années fastes faites de croissance économique ininterrompue. On avait parlé du « Miracle ivoirien ».
Cette nouvelle donne constitue un terreau fertile pour les finances de ce pays qui continuent de s’améliorer. En 2012 déjà, les autorités ont atteint le point d’achèvement de l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE) et ont bénéficié à ce titre d’allègement de dette massif. D’un niveau supérieur à 70% du PIB, la dette publique a ainsi été ramenée à un niveau soutenable de 45%. La normalisation de la situation avec les créanciers privés étrangers a constitué une autre évolution majeure. Dans le même temps, la hausse cumulée de 50% des recettes fiscales et non fiscales en liaison avec la forte reprise de l’activité a permis de contenir le déficit budgétaire à 3,4% du PIB, contre un objectif de 4,3%. Depuis, cette tendance s’est poursuivie en 2013 et 2014. Les autorités ivoiriennes prévoient même une croissance à deux chiffres à l’issue de 2014 et, au pire, une croissance de 9,1 %. En émettant récemment les Euro-bonds de 500 millions de dollars US sur le marché international, le gouvernement ivoirien ne s’attendait pas à des souscriptions au-delà de cette somme. La délégation conduite par le Premier ministre Daniel Kablan Duncan dans les villes de Londres, New York, San Francisco, Boston, Los Angeles entre les 7 et 18 juillet, a récolté des avis de souscription d’un total de 4714 millions de dollars, soit 8 fois le montant prévu.
L’Exécutif ivoirien se réjouit aujourd’hui de cette réponse internationale retentissante, permettant de constater de nouveau que, les pays donateurs sont confiants sur l’avenir de l’économie ivoirienne. Bruno Koné, le porte-parole du gouvernement a déclaré que « cela a permis de confirmer les bonnes performances de la Côte d’Ivoire, qui avait d’excellentes perspectives tout en étant solvable, crédible sur plan financier ».
Le budget de la Côte d’Ivoire pour l’année 2015 ne souffre plus d’un manque de financement. Il s’élèvera à 8,5 milliards de dollars, soit une hausse de 9,4% par rapport à l’année 2013. C’est ainsi que plusieurs pays africains saluent ces résultats et le retour de la Côte d’Ivoire parmi les pays de l’ouest-africain, les plus stables économiquement.
7.6% de croissance en moyenne sur les 5 prochaines années
Les bonnes performances observées ces deux dernières années soulèvent donc un certain optimisme sur les perspectives économiques de la Côte d’Ivoire. Selon le FMI, la croissance pourrait atteindre 7.6% en moyenne sur les 5 prochaines années, soutenue par une forte progression de l’investissement public et privé. Le PIB réel par habitant progresserait ainsi de 25%. Ce scénario a gagné en crédibilité lorsque la Côte d’Ivoire a vu en 2012 sa dette considérablement réduite et la communauté internationale s’engager sur un montant de 8,6 milliards de dollars pour aider le gouvernement à financer son programme de développement national. Le potentiel est indéniable.
Premier producteur mondial de cacao, la Côte d’Ivoire reste de loin la principale économie de la zone UEMOA. Le pays regorge également de richesses minières et probablement pétrolières, peu valorisées. Néanmoins, les écueils demeurent encore très nombreux. La Côte d’Ivoire demeure une économie exportatrice et donc à ce titre particulièrement exposée aux variations des termes de l’échange. Un reflux des cours du cacao (1/4 des exportations et environ 15% des recettes du gouvernement) aurait notamment des incidences significatives sur l’économie, affectant les comptes extérieurs, les finances publiques et donc la capacité de l’Etat à investir. Un décaissement moindre de l’aide internationale en raison des difficultés budgétaires chez les principaux pays donateurs n’est pas non plus à écarter.
Au-delà, la situation des finances publiques, bien qu’en amélioration, est toujours précaire. Selon une étude de BNP Paribas, les dépenses courantes absorbent 80 % du budget, ce qui limite considérablement la flexibilité du gouvernement dans un contexte de forte pression sociale et de besoins de développement colossaux. Contenir le poids de la masse salariale (42% des recettes fiscales contre une norme régionale de 35%) sera ainsi nécessaire mais pourrait s’avérer particulièrement difficile. Un recours accru à des financements non-concessionnels afin d’accélérer le programme d’infrastructures constitue également un autre risque important. D’autant que la Côte d’Ivoire est redevenue solvable et que de nouveaux partenaires, comme la Chine, sont en train d’émerger.