A l’instar de tous les membres de l’Union européenne, Lisbonne a été contrainte de se débrancher du tuyau russe et de diversifier son sourcing en gaz naturel après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Le Nigeria, premier producteur d’hydrocarbures en Afrique, a consolidé ses positions sur le marché européen. Il a ainsi conquis le Portugal dont il est devenu le premier fournisseur de gaz naturel liquéfié (GNL)
En 2024, Lisbonne a importé 49.141 gigawattheures (GWh) de gaz naturel, dont 96 % sous forme de GNL, selon les données du ministère portugais de l’Energie. Dans ce volume, le Nigeria a assuré 51 %, suivi des Etats-Unis (40 %) et de la Russie (4,4 %). La ministre portugaise de l’Energie, Maria da Graça Carvalho a affirmé que les importations de GNL nigérian devraient augmenter au cours des prochaines années.
Les sanctions contre Moscou, une aubaine pour le Nigeria
Cette évolution s’inscrit dans une dynamique plus large. A la suite des sanctions européennes contre Moscou et de la fin de l’accord de transit gazier entre la Russie et l’Ukraine, l’Europe a dû accélérer la diversification de ses approvisionnements énergétiques. Le cabinet conseil britannique Energy Aspects, spécialisé dans les marchés énergétiques, le renoncement par l’Europe aux 15 milliards de mètres cubes de gaz russe a intensifié la concurrence entre le vieux continent et l’Asie pour l’accès aux cargaisons de GNL. Ainsi, les pays européens ont renforcé les liens avec plusieurs fournisseurs alternatifs, notamment les Etats-Unis et le Nigeria. Cependant, le GNL américain, bien que disponible en grandes quantités, reste coûteux à transporter. Cela renforce l’attractivité du gaz nigérian, dont les coûts logistiques sont plus compétitifs.
Le gazoduc Nigeria -Maroc pour doper les besoins de l’Europe
Le Nigeria dispose d’un gros potentiel d’exportation, avec une production d’environ 22 millions de tonnes de GNL par an. Ce volume pourrait encore croître avec l’extension des infrastructures, notamment avec la mise en service d’un septième train de liquéfaction.
A long terme, un projet structurant pourrait redéfinir les flux d’approvisionnement en gaz vers l’Europe, notamment le gazoduc Nigeria-Maroc d’une capacité projetée à 30 milliards de mètres cubes par an. Prévu pour traverser une dizaine de pays en Afrique de l’Ouest avant d’être relié au Gazoduc Maghreb-Europe (GME), il permettrait d’acheminer directement du gaz nigérian vers les marchés européens.