Le géant français Auchan a de grandes ambitions au Sénégal. Il veut concurrencer les épiceries et commerces de proximité. Le N°4 français de la grande distribution prévoit d’y investir entre 6 et 7 milliards de F CFA par an d’ici à 2020 et d’employer à terme 2000 salariés.
Le groupe Auchan a ouvert depuis le 4 juin dernier son premier supermarché dans le pays via son enseigne Atac. Depuis, elle ne désemplit pas. Cette nouvelle grande surface, représentant un investissement de 400 millions de F CFA, enregistre plus d’entrées que prévu. Alors que l’on attendait environ 1 000 visiteurs par jour en semaine et 1 550 le samedi, soit 7 500 clients sur une semaine complète, le magasin de 750 m2 situé dans le centre-ville attire finalement 2 200 clients par jour, soit 15 400 chaque semaine. Il faut dire que l’enseigne préfère ne pas vendre cher et recevoir beaucoup de monde. Autrement dit, elle semble miser plus sur le volume que sur la marge. Les concurrents Casino ou Citydia sur place font le contraire.
Dans son business plan, la filiale d’auchan, Sénégal Atac Supermarchés, veut proposer des magasins modernes, propres, climatisés, garantissant la sécurité alimentaire et offrant des prix au moins comparables à ceux que l’on peut trouver sur le marché. Dans les rayons de la nouvelle grande surface de Dakar, on retrouve beaucoup d’articles Auchan provenant de l’Hexagone. Mais certains produits sénégalais, comme les laitages, les jus de fruits, l’eau et la charcuterie, ont également fait leur entrée. Sénégal Atac Supermarchés collabore en effet directement avec les producteurs locaux comme Patisen, Saprolait, Finamark, Kirène, La Laiterie du berger…. Mais elle prévoit déjà de travailler avec les producteurs de riz, de fruits et légumes, les mareyeurs, les éleveurs…
Au Sénégal, Auchan n’en est pas tout à fait à son coup d’essai. Il y a quelques années, le groupe français contrôlé par la famille Mulliez avait déjà tenté de s’implanter en association avec Marjane, son partenaire marocain de l’époque. Mais l’opération avait finalement été annulée, alors même que les locaux avaient été trouvés. Puis, en 2013, l’entreprise avait fait une autre tentative, octroyant une franchise au Franco-sénégalais Nabil Houdrouge pour faire fonctionner quatre magasins à Dakar. Mais très vite, Auchan s’est rendu compte qu’il ne connaissait pas assez bien le métier pour réussir. Le géant français avait alors deux solutions : soit il arrêtait tout, soit il rachetait les magasins pour venir s’implanter dans le pays. Auchan n’est présent que dans une quinzaine de pays (moitié moins que Carrefour ou l’américain Walmart), mais il rencontre à l’international quelques beaux succès, en Russie notamment. Il développe depuis un an un vaste projet d’internationalisation de ses supermarchés en Europe de l’Est, en Asie et en Afrique, pour un montant d’environ 600 millions d’euros, selon un document rendu public par la Société financière internationale (IFC, groupe Banque mondiale), qui a approuvé un financement dans ce sens. Au Sénégal, Auchan prévoit d’investir entre 6 et 7 milliards de FCFA par an d’ici à 2020 et d’employer à terme 2000 salariés. Une bonne partie de ces investissements sera allouée à l’acquisition de terrains pour la vingtaine de points de vente envisagée. Trois grands magasins de 3000 m2 et six autres, de plus petites dimensions, seront érigés à Dakar, en plus des quatre déjà opérationnels rachetés le 1er septembre à Nabil Houdrouge, l’ex-partenaire franchisé. Après la capitale suivront les régions. En pole position, dès l’année prochaine, celle de Thiès ainsi qu’un de ses départements, Mbour, où se trouve la célèbre station balnéaire Saly.
Sénégal Atac Supermarchés entend également s’installer au sein de grandes villes comme Saint-Louis (Nord), Ziguinchor (Sud), Kaolack ou Touba (Centre). Et le groupe ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il souhaite s’implanter dans le reste de l’Afrique francophone. S’il s’est retiré du Maroc, il est déjà présent en Tunisie (grâce à une part minoritaire dans Magasin général) et a commencé à se déployer en Mauritanie, via un accord de franchise avec un groupe d’investisseurs locaux (dont le Groupe Limam Ould Ebnou). À Nouakchott, une première surface de 1 500 m2 a ouvert début mai dernier. Et une vingtaine d’autres sont prévues dans les principales villes du pays d’ici à cinq ans. Ensuite, Auchan prévoit de s’attaquer au marché nigérien. Avant de mettre le cap plus au sud, vers des pays comme la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Cameroun et même le Ghana. Avec toujours le même objectif : viser la classe moyenne.