Face à la fronde populaire, le chef de l’Etat kényan a décidé de renoncer à une série de hausses d’impôt sur les biens de consommation courante prévues dans le projet de Loi de finances 2024. Il était temps, car la situation sociale commence à devenir très tendue. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, dit la maxime
Les principales modifications incluent la suppression de la TVA sur quelques produits de consommation courante, l’annulation de la hausse des frais de transfert d’argent par smartphone, la limitation de l’éco-prélèvement aux produits importés, et la protection des agriculteurs locaux avec des droits de douane sur certains produits importés. Ces mesures ont pour objectif de favoriser la production locale, protéger les emplois, et soutenir des secteurs clés comme l’éducation et l’agriculture, tout en augmentant les revenus nécessaires pour le développement national, indique un communiqué de la Présidence de la République.
Le recul de William Ruto intervient suite à des manifestations qui ont secoué Nairobi, ces derniers jours, mobilisant des milliers de citoyens afin de faire pression sur le Parlement pour qu’il n’adopte pas le projet de loi de Finances en l’état (ndlr : avec la hausse du taux de la TVA et de la taxe sur les transferts par mobile money).
Le Kenya face au poids du service de la dette
Côté gouvernement, la justification était de collecter des ressources supplémentaires afin d’équilibrer les finances publiques. Le Kenya est en effet étranglé par le poids du service de la dette extérieure qui représente 54,7% de la dette publique à fin 2023, en plus des pressions inflationnistes. L’inflation a atteint 5,1% (en variation annuelle) en mai dernier contre 5% en avril 2024, principalement en raison de la hausse des prix alimentaires, des boissons alcoolisées, du tabac, ainsi que des coûts liés au logement, à l’eau, à l’électricité et au gaz, selon le Bureau national des statistiques.
L’Assemblée nationale a approuvé le 6 juin dernier le budget pour l’exercice fiscal 2024/25, qui s’élève à 4.002 milliards de shillings kényans (30,7 milliards de dollars). Ce budget alloue des fonds significatifs à l’éducation, l’énergie, les infrastructures, les TIC, l’agriculture et la santé.