La 31e édition du Déméter, intitulée « Nourrir 2050 : de la fiction à la réalité », est désormais disponible. Cette publication incontournable dans le domaine de la géopolitique agricole et agroalimentaire nous plonge dans une réflexion sur l’avenir de l’agriculture et de l’alimentation. À travers cette nouvelle édition, les fictions alimentaires dialoguent avec les réalités agricoles, explorant différents scénarios pour les années à venir
À l’aube de ce nouveau quart de siècle, l’avenir semble
à la fois imprécis et plein de possibilités. Devons-nous alors accepter son illisibilité ? Il serait facile de sombrer dans le pessimisme, surtout face aux crises géopolitiques et climatiques actuelles.
Un futur incertain mais nécessaire
Cependant, dans ce contexte incertain, il est crucial de regarder loin et d’anticiper l’avenir. L’horizon 2050 approche à grands pas, et avec lui, des défis alimentaires majeurs : une population mondiale en croissance, des besoins alimentaires diversifiés et des enjeux agricoles complexes.
Les défis à venir : agriculture, climat et innovation
En 2050, le monde sera confronté à des défis agricoles colossaux. Il faudra nourrir près de 10 milliards d’êtres humains, avec des demandes alimentaires toujours plus variées. Dans ce contexte, l’agriculture devra évoluer pour répondre aux besoins croissants tout en respectant l’environnement. Les tensions autour de ces enjeux ne manqueront pas d’intensifier les compétitions pour les ressources, qu’il s’agisse de terres arables, d’eau ou d’énergie.
Afin de préparer un avenir durable, il est essentiel de prendre du recul et de repenser nos approches. L’édition 2025 du Déméter propose ainsi de réfléchir autrement à ces questions, en combinant des analyses et des expériences de divers horizons. Cela nous invite à comprendre que la complexité des enjeux alimentaires et agricoles requiert de la modestie, de la motivation et une ouverture d’esprit.
Des visions de l’agriculture en 2040
Dans un scénario purement fictionnel mais basé sur des données scientifiques actuelles, Christian Huygue (INRAE) imagine l’agriculture en 2040. En raison du réchauffement climatique, les températures moyennes ont augmenté de 2°C, affectant les cycles végétatifs et les besoins en eau des cultures. La période des récoltes a profondément changé, obligeant les agriculteurs à s’adapter à ces nouvelles conditions. La Politique agricole commune, désormais plus vertueuse, soutient la transition vers des formes d’agriculture à la fois productives et respectueuses de l’environnement.
En parallèle, des technologies avancées, comme l’holographie digitale, sont utilisées pour surveiller les spores de champignons en temps réel, prévenant ainsi les risques de propagation. Dans ce futur, les agriculteurs sont également soutenus par des systèmes d’intelligence artificielle générative, ce qui renforce leur autonomie, mais pourrait aussi transformer leurs interactions avec les conseillers agricoles. Ces derniers, si présents, pourraient jouer un rôle réduit face à la montée des technologies.
La question de l’insécurité alimentaire
L’évolution de l’agriculture doit impérativement prendre en compte la question cruciale de l’insécurité alimentaire. En 2050, avec une population mondiale avoisinant les 10 milliards, cette problématique sera plus pressante que jamais. Le dernier rapport de la FAO estime qu’en 2023, entre 713 et 757 millions de personnes ont souffert de la faim. De plus, environ 2,33 milliards de personnes, soit 28,9 % de la population mondiale, n’ont pas un accès régulier à une alimentation adéquate.
Dans ce contexte, nourrir 2050 ne sera pas seulement une question de produire plus, mais aussi de garantir une distribution équitable et durable des ressources alimentaires. Les contributions de cette édition du Déméter nous rappellent l’importance de cette réflexion pour préparer un avenir alimentaire à la hauteur des défis à venir.