L’ex-président guinéen, le Pr. Alpha Condé, s’imagine encore et toujours le président de la république.
Selon les rares personnes autorisées à lui avoir rendu visite depuis son renversement le 5 septembre courant, il ne se fait pas d’illusion sur son retour imminent aux affaires. Pour lui, imagine-t-il encore, ce n’est qu’une question de jours ou de semaines au plus. Son argument imparable, disons sa vérité à lui, tient en une conviction : président démocratiquement élu ! L’autre élément de persuasion qu’il a mis en avant est son bilan économique. Il ne cesse de l’encenser. Devant ses visiteurs, chefs d’Etat de la Cedeao : Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire et Nana Akufo-Addo du Ghana, il parla de son programme économique fin prêt pour la relance des affaires dans le pays. S’il est si sûr de l’importance de son action sur la vie des Guinéens, c’est que ses conseillers ne lui ont jamais dit la réalité de la situation politique, économique et sociale de la Guinée. C’est comme s’il a été maintenu sciemment loin de la réalité. Cette sortie d’un de ses affidés le résume bien, car dans son entourage, on s’accroche encore au passé : «il ne faut pas sous-estimer l’animal politique, ni les ressources physiques d’un homme certes âgé de 83 ans. Il a fait de la prison, il a été condamné à mort par contumace, il a vécu en exil… Il sait ce que c’est que de résister. Il est vaillant et presque gonflé par cette adversité».
Si en 63 ans d’indépendance, la Guinée continue toujours de tirer vers le bas nonobstant ses immenses ressources minières, agricoles, hydriques, … c’est que le pays a toujours souffert d’un déficit démocratique ou à tout le moins d’un leadership affirmé pour la mise en place des réformes institutionnelles fortes et durables qui, sous d’autres cieux, ont produit des miracles avec pourtant beaucoup moins de richesse.