Alors que les prix du cobalt ont décroché de près de 50 % en deux ans, le gouvernement congolais a décidé de suspendre pour quatre mois ses exportations de ce métal stratégique pour l’industrie des véhicules électriques, a annoncé l’Autorité de Régulation et de Contrôle des Marchés des Substances Minérales Stratégiques (Arecoms) dans un communiqué du 22 février
Cette décision vise à contrer la surabondance actuelle de l’offre sur le marché international afin de stabiliser les prix, précise Patrick Luabeya, Président du Conseil d’administration de l’Arecoms.
La surproduction mondiale de cobalt remonte à 2023, lorsque le marché avait enregistré un excédent record de 14.200 tonnes, selon le Cobalt Institute. Ce déséquilibre a entraîné un effondrement des cours de ce minerai, loin du pic de 90.000 dollars la tonne atteint en 2018. Le cobalt se négocie actuellement 4 fois moins, autour de 20 000 dollars au London Stock Exchange.
Pour rendre la suspension des exportations de cobalt effective, un décret a été signé par la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, le 22 février 2025. Ce texte autorise le régulateur à prendre des mesures pour préserver «la stabilité du marché.»
Difficile de supputer sur l’impact de la suspension
La décision de suspension concerne tout le cobalt issu de l’exploitation minière industrielle, semi-industrielle, à petite échelle ou de petite mine, ou artisanale. Autrement dit, tous les acteurs de la chaîne de production sont touchés, y compris le chinois CMOC et le groupe suisse Glencore, les deux premiers producteurs mondiaux de cobalt, présents sur plusieurs mines en RDC.
Pour le moment, aucun de ces opérateurs n’a réagi à cette décision.
La RDC est aujourd’hui le premier producteur mondial de cobalt. Sur une pente ascendante depuis cinq ans, ses exportations devraient dépasser 150.000 tonnes en 2024. Il est difficile de prédire l’impact de la suspension des exportations pendant quatre mois sur le marché mondial et sur les revenus d’exportation du pays, alors que le cobalt y contribue pour 15 à 20 %. Les autorités prévoient de réaliser une évaluation dans trois mois. En fonction des résultats, la mesure pourrait être adaptée ou levée.