La Russie a reconnu le «droit souverain» de l’Ukraine à adhérer à l’Union européenne mais pas à l’Otan, à l’heure où Moscou et Washington opèrent un rapprochement sous le regard inquiet des Européens et de Kiev
Le porte-parole du Kremlin a reconnu, mardi 18 février, le « droit souverain » de l’Ukraine à adhérer à l’UE, mais pas à l’Otan. Une déclaration qui intervient alors que Moscou et Washington entament des pourparlers sur la fin du conflit en Arabie saoudite, en l’absence de Kiev et des Européens.
C’est une déclaration qui pourrait changer le cours de l’histoire. Ce mardi 18 février, la Russie, par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov, a reconnu le « droit souverain » de l’Ukraine à adhérer à l’Union européenne, mais pas à l’Otan. « Personne n’a le droit de dicter sa conduite à un autre pays« , a affirmé ce dernier lors d’une conférence de presse, ajoutant toutefois que la situation était « différent[e]lorsqu’il s’agi[ssait]de questions de sécurité et d’alliances militaires« , en référence à l’alliance transatlantique. Toujours selon son porte-parole, Vladimir Poutine serait également « prêt » à négocier avec Volodymyr Zelensky « si nécessaire« ,
Ces annonces officielles du Kremlin interviennent alors que la Russie et les Etats-Unis mènent des pourparlers pour mettre fin à l’invasion russe de l’Ukraine, entamée il y a près de trois ans, le 24 février 2022. Ce mardi, des délégations de hauts responsables russes et américains ont commencé à échanger en Arabie saoudite. Une rencontre « principalement consacrée au rétablissement » des relations entre les deux puissances, ainsi qu’à « la préparation d’éventuelles négociations sur le règlement » du conflit, avait précisé lundi le Kremlin.
Une fin de conflit en perspective
Tout s’est accéléré ces derniers jours. Après avoir affirmé à plusieurs reprises son souhait d’entamer des négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine, le président américain Donald Trump, revenu au pouvoir début janvier, s’est entretenu longuement au téléphone avec son homologue russe, Vladimir Poutine, le 12 février. A l’issue de cet appel, les deux hommes disent avoir convenu de lancer des négociations « immédiates » pour stopper ce conflit.
Une annonce qui a surpris de nombreux observateurs et dirigeants politiques européens, tant l’issue du conflit ukrainien semblait s’éloigner à mesure que celui-ci s’enlisait depuis des mois. Prises de court par l’annonce de Donald Trump, les capitales européennes ont rapidement fait part de leur inquiétude de voir un plan de paix aboutir sans concertation avec l’Ukraine et l’Union européenne.
L’UE entend ne pas être écartée des négociations de paix
Ce lundi 17 février, à l’initiative de la France, les chefs de gouvernement de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la Pologne, de l’Espagne, des Pays-Bas et du Danemark, se sont réunis à Paris avec António Costa et Ursula von der Leyen, respectivement présidents du Conseil européen et de la Commission européenne, ainsi que le Secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte. Ensemble, ils ont travaillé sur une position commune à adopter pour pouvoir exister et peser dans ces négociations de paix entre l’Ukraine et la Russie.
« L’Europe est prête et a la volonté de se renforcer, de prendre l’initiative de fournir des garanties de sécurité à l’Ukraine« , a déclaré Mark Rutte à l’issue de cette réunion. Souhaitant une « paix solide et durable« , Emmanuel Macron a indiqué que « la Russie [devait]cesser son agression et [que]cela [devait]s’accompagner de garanties de sécurité fortes et crédibles pour les Ukrainiens« . Pour Ursula von der Leyen, un « sursaut dans la défense européenne » est urgent.
L’adhésion de l’Ukraine à l’UE, un processus long
Après le début de l’invasion russe en Ukraine, le 24 février 2022, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a signé une demande d’adhésion à l’Union européenne dès le 28 février. Quelques jours plus tard, le 3 mars, la Moldavie et la Géorgie lui ont emboîté le pas, redoutant de devenir les prochaines cibles de Vladimir Poutine.
Le Conseil européen a accepté d’ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Ukraine le 14 décembre 2023, marquant un grand pas dans le processus d’intégration du pays à l’UE. Néanmoins, c’est un long chemin marqué par de nombreuses étapes, car le droit du pays candidat doit devenir conforme au droit européen, ce qui donne lieu à des négociations souvent complexes.
Pour adhérer à l’UE, le pays doit notamment satisfaire trois grands critères (les « critères de Copenhague« ) conditionnant son intégration : des institutions stables, une économie de marché viable et l’alignement avec l’acquis communautaire. Une résolution du conflit en Ukraine pourrait toutefois accélérer le processus d’adhésion du pays à l’UE, car cela permettrait de stabiliser davantage la vie démocratique et politique et de relancer progressivement une économie viable. L’ouverture des premiers chapitres d’adhésion, à commencer par celui des principes fondamentaux de l’UE, devrait avoir lieu en 2025, selon l’exécutif européen.
Avec agences