Les six chefs d’États de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) -Cameroun, Gabon, Tchad, RCA, Congo, Guinée équatoriale- ont tenu un sommet extraordinaire ce lundi 16 décembre à Yaoundé dans une tentative de trouver la parade contre la dégradation des indicateurs macro-économique dans la sous-région. La croissance du PIB est projetée à 3 % en 2025 contre 3,7 % en 2024, un niveau bien en dessous de la moyenne de 4,2 % en Afrique subsaharienne
Le taux d’inflation se situerait cette année au-dessus du seuil de 3% tandis que le déficit budgétaire moyen des pays de la Cemac devrait rester à 1,9 % en 2025 tandis que le risque de surendettement reste élevé. Cette situation pourrait gravement perturber l’activité du système bancaire dont l’exposition au risque souverain est passée de 10% en 2015 à 31% du total des actifs en 2023 ! C’est l’un des plus élevés sur le continent. Toutes ces questions seront soulevées par le chef de l’Etat camerounais Paul Biya, hôte du sommet et ses pairs avec insistance sur les conséquences des déséquilibres budgétaires dans certains pays susceptibles de
Leader économique de la Cemac, le Cameroun bénéficie de deux programmes en cours soutenus par le FMI d’un montant total de 1,01 milliard de dollars. Au terme de la dernière revue qui a eu lieu en juillet dernier, l’institution a consenti à décaisser 118,1 millions de dollars en faveur de Yaoundé, malgré des résultats mitigés révélés par le bilan d’étape. Selon le FMI, Yaoundé n’a pas respecté deux des six critères de performance, notamment le plancher du solde budgétaire primaire non-pétrolier et le plafond zéro pour l’accumulation de nouveaux arriérés de paiements extérieurs. Yaoundé s’est ensuite engagé à prendre des mesures correctives, mais s’il n’y parvient pas, cela pourrait gravement compromettre le décaissement prévu pour l’année 2025.
Performance mitigée également pour le Congo-Brazzaville en proie aux difficultés en matière de gestion de l’endettement en raison d’une accumulation récurrentes de sinistres sur plusieurs échéances de la dette, auxquels s’ajoutent l’aggravation du déficit primaire hors pétrole. Concernant la Centrafrique, les experts du FMI relèvent dans un bilan réalisé en été, que « tous les repères structurels, sauf un, ont tous été respectés, les autres tant mis en œuvre avec retard ».
Les retards dans les décaissements du FMI couplés à la baisse des recettes pétrolières sont susceptibles de fragiliser les avoirs extérieurs de la Cemac qui se situent sur une pente descendante depuis plusieurs années. Ils étaient de 7.000 milliards de francs CFA fin 2022 et devraient se situer à 6.500 milliards au 31 décembre 2024, soit l’équivalent de 4,6 mois d’importations. Ce niveau passerait à 4,2 mois en 2025. « En l’absence de réformes soutenues par l’ensemble des pays de la Cemac, le ratio de couverture des réserves de change pourrait se détériorer pour s’établir environ 3 mois d’importations des biens et services dans les cinq prochaines années », s’alarment les experts du FMI.