En Côte d’Ivoire, le prix bord champ du cacao a été relevé à 2 200 FCFA/kg pour la campagne intermédiaire 2024-2025, soit une hausse de plus de 22 % en comparaison au prix de 1800 FCFA/kg fixé pour la campagne précédente. L’annonce qui a été faite le 2 avril dernier à Abidjan lors d’une cérémonie officielle, a ét é saluée par les représentants du secteur agricole
Cette nouvelle hausse intervient dans un contexte particulier, marqué par une flambée des cours mondiaux du cacao. Depuis 2024, les prix ont franchi le seuil des 10 000 dollars la tonne sur les marchés à terme, avec des prix oscillant entre 8 000 et 10 000 dollars en mars dernier. Cette envolée s’explique par une forte demande asiatique et une offre en recul dans une Afrique de l’Ouest fragilisée par des conditions climatiques défavorables. Depuis 2011, le prix payé aux planteurs a plus que doublé.
Une nouvelle avancée sociale pour les planteurs
Parmi les annonces notables de cette cérémonie figure également l’intégration des producteurs de café et de cacao au régime de la Couverture Maladie Universelle (CMU). Un chèque de 952 millions de FCFA a été remis à la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) pour prendre en charge les frais médicaux de quelque 700 000 planteurs déjà détenteurs de la carte CMU, concrétisant ainsi la promesse faite par Alassane Ouattara lors de son discours du 31 décembre dernier. “Le chef de l’État a eu la volonté de faire en sorte que tous les détenteurs de la carte du producteur de café-cacao bénéficient de la Couverture maladie universelle. Et cet acte vient d’être posé ce matin, comme pour dire que ce que le Président dit, c’est ce qu’il fait”, a exprimé Kobénan Kouassi Adjoumani, ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de Production vivrière.
Un engagement de longue date pour améliorer les conditions des cacaoculteurs
Ces initiatives s’inscrivent dans une série de mesures sociales déployées par le président Alassane Ouattara pour l’amélioration des conditions de vie des cacaoculteurs. Dès son accession au pouvoir, le Président a entrepris une réforme en profondeur de la filière, dans un pays où près de six millions de personnes en dépendent directement ou indirectement.
Baptisée “réforme Ouattara”, cette initiative visait à garantir un revenu plus stable et plus équitable aux producteurs, tout en assainissant la gouvernance du secteur en instaurant un cadre plus transparent et prévisible. Le gouvernement s’engageait notamment à garantir aux producteurs un prix d’achat minimum équivalant au moins 60 % du prix CAF (coût, assurance, fret) du cacao à l’exportation.
Cet effort de protection des producteurs s’est également exprimé à l’échelle régionale. En 2018, pour mieux défendre les intérêts des producteurs face aux géants de l’agro-industrie, la Côte d’Ivoire a formé, avec le Ghana (les deux principaux pays producteurs), une alliance surnommée «l’Opep du cacao», visant à peser davantage sur les prix mondiaux et à promouvoir des conditions de commercialisation plus équitables pour les planteurs.
Vers une filière plus durable et résiliente
Pilier de l’économie ivoirienne, le cacao représente 14 % du PIB et près de 45 % des recettes d’exportation. En tant que premier producteur mondial, la Côte d’Ivoire table sur une production d’environ 1,75 million de tonnes pour la saison 2024/2025 après une campagne 2023/2024 décevante, marquée par une baisse de 30 % en raison de conditions climatiques défavorables.
Pour faire face à ces défis, le pays mise aussi sur la technologie. La Sodexam, l’agence nationale de météorologie, s’est dotée de nouveaux outils pour permettre aux populations de mieux se préparer aux épisodes de pluies intenses ou de sécheresse avec des stations connectées capables de mesurer en temps réel l’humidité, la température ou la pluviométrie. Ces outils qui permettent aux agriculteurs d’ajuster leur calendrier cultural promettent d’augmenter leurs rendements de 10 à 15 %.