Selon les estimations de la Banque mondiale, 1,2 milliard de jeunes atteindront l’âge de travailler, au cours de la prochaine décennie. Or, 420 millions d’emplois seulement seront créés sur la même période ! Des centaines de millions de jeunes seront par conséquent privés de perspectives d’insertion sur le marché du travail, ce qui aura des conséquences de grande ampleur sur le développement du continent africain.
Une décennie pour trouver la bonne parade. Un délai trop court pour qu’une approche de l’emploi – un mode d’emploi -, à l’échelle du continent africain puisse aider à inverser la tendance. Surtout que les pistes tracées par les experts de la Banque mondiale (renforcer la gouvernance et les politiques publiques, mobiliser les capitaux privés) s’assimilent, pour la plupart des États africains sévèrement touchés par le chômage des jeunes diplômés, aux 12 travaux d’Hercule.
La voie à suivre est connue mais rien n’assure vraiment qu’elle puisse mener à l’emploi, le moyen le plus sûr de combattre la pauvreté et de faire progresser la prospérité en ce qu’elle renforce la capacité des pays à subvenir à leurs besoins et à valoriser leurs forces de travail.
L’emploi est aussi un facteur de stabilité dans le monde et un remède contre les causes profondes de la discorde et de la migration. Plus qu’une simple source de revenus, le travail apporte dignité et perspectives en permettant de libérer des potentiels, de favoriser l’autonomie des femmes, d’insérer les jeunes et de renforcer les conditions de vie locales. Les investissements dans l’accès des femmes aux opportunités économiques ont un effet multiplicateur considérable sur la réduction de la pauvreté, car ces dernières réinvestissent généralement jusqu’à 90 % de leurs revenus dans leurs familles et leurs communautés, selon l’étude de la Banque mondiale citée en référence.
C’est pour avoir négligé trop longtemps l’investissement massif dans les infrastructures de production que l’Afrique fait face aujourd’hui à la précarité de l’emploi, surtout dans les pays à faible revenu où l’on tarde à comprendre que la création d’emplois commence par l’action publique. Il incombe à ces pays de prioriser la santé et le bien-être de leur main-d’œuvre et d’investir dans les infrastructures qui permettent aux populations d’être productives et aux entreprises de fonctionner pour une meilleure offre en emplois… Ces investissements dans les infrastructures soutenus par la Banque mondiale établissent les fondations d’une croissance économique soutenue.
Ils ont permis, en 2024, de faire bénéficier 305 millions de jeunes de meilleurs enseignements et apprentissages et 381millions de personnes de soins de santé de qualité. L’année dernière, la Banque mondiale, – et d’autres organisations notamment la Banque africaine de développement, – a également lancé l’initiative Mission 300 avec l’objectif de fournir de l’électricité à 300 millions de personnes en Afrique d’ici à 2030. Or l’on sait que l’énergie est l’un des plus forts multiplicateurs de l’emploi et de la croissance.
Afin de réaliser tous ces investissements, les gouvernements doivent également être en mesure de mobiliser des ressources intérieures, à travers les recettes fiscales et les marchés financiers. Le Groupe de la Banque mondiale propose aux pays un large éventail de solutions pour une meilleure mobilisation des ressources domestiques et la mise en place d’une fiscalité plus progressive et efficace. Il aide 40 pays à faire grandir leurs marchés financiers en les accompagnant dans la formulation des politiques appropriées, le renforcement des financements en monnaie nationale et des marchés obligataires, ou encore le développement des investisseurs institutionnels nationaux tels que les fonds de pension.
Outre les nécessaires investissements publics, il est également indispensable de renforcer la gouvernance, d’adopter des politiques propices à l’entreprise et d’instaurer un environnement réglementaire prévisible. Des politiques publiques plus judicieuses et ambitieuses peuvent favoriser un environnement porteur où les conditions sont réunies pour permettre au secteur privé d’agir, se développer et stimuler la création d’emplois dans des secteurs diversifiés. Mais il faut pour cela que les États simplifient les réglementations, éliminent les obstacles bureaucratiques et réduisent les formalités administratives inutiles. Cela implique également de travailler en partenariat pour lutter contre la corruption. C’est un impératif clé duquel dépend le succès de toutes les autres réformes favorisant la création d’emplois