C’était attendu, c’est désormais officiel. Gabriel Attal est devenu mardi le plus jeune Premier ministre de l’histoire de la Ve République. La nomination de l’ancien ministre de l’Education nationale à Matignon met un terme à plus d’un an et demi de gouvernance d’Élisabeth Borne.
Ce nouveau chef de gouvernement engendre, logiquement, aussi de nombreuses réactions. Si dans la majorité Gabriel Attal est encouragé et félicité pour ses nouvelles fonctions, l’opposition, comme attendu, s’y oppose. Surtout à gauche.
Compliments et encouragements. Le ton de la majorité est donné en commençant par Yaël Braun-Pivet (Renaissance), la présidente de l’Assemblée nationale, qui « adresse tous [ses]vœux de succès à Gabriel Attal, nouveau Premier ministre.» « Je sais que nous pourrons travailler ensemble en confiance afin de poursuivre à l’Assemblée nationale les réformes économiques et sociales engagées au service des Français », a-t-elle ajouté.
« Le fait qu’il soit là, ça donne un élan supplémentaire pour porter nos réformes », estime pour sa part Sylvain Maillard, chef des députés Renaissance, à l’Assemblée nationale. De son côté, Aurore Bergé, ministre des Solidarités, a salué l’« audace » et le « dépassement pour porter la transformation dont notre pays a besoin avec le président de la République.»
La gauche très remontée
Jean-Luc Mélenchon a été l’un des premiers à réagir à la nomination de Gabriel Attal. Le chef de file de la France insoumise (LFI) dénonce le fait que «la fonction de Premier ministre disparaît. Le monarque présidentiel gouverne seul avec sa cour. Malheur aux peuples dont les princes sont des enfants.» Toujours à LFI, Manuel Bompard estime que la macronie, « minoritaire », « se replie sur elle-même. Attal, responsable du fiasco « Parcoursup », camoufleur de l’affaire Benalla et ministre de l’austérité budgétaire, est promu.»
Le député LFI François Ruffin ne se fait pas d’illusion et prédit qu’après la « vingtaine de 49.3, une réforme des retraites à marche forcée contre les citoyens, contre les syndicats, contre l’Assemblée » sous la gouvernance d’Élisabeth Borne, c’est au tour de « Gabriel Attal de poursuivre l’œuvre macroniste, toujours au profit des puissants, contre la vie des gens ».
Olivier Faure, premier secrétaire du PS, estime de manière assez concise qu’« Emmanuel Macron se succède à lui-même ». « La feuille de route du nouveau Premier ministre : indexer les salaires sur l’inflation, remettre le travail au cœur du projet France », prévient pour sa part Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.
Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes, semble quant à elle laisser une fine chance à Gabriel Attal de faire ses preuves et promet de juger « sur les actes » : « Protection du vivant, lutte contre les inégalités, respect démocratique. Il y a plein de manières très simples d’agir et vite. »
La droite veut lui laisser sa chance
Ils jugeront « sur les actes », promet Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat. « Il sera un bon Premier ministre s’il parvient à mener une bonne politique pour la France : une politique de redressement des comptes publics, de retour de l’autorité et de reconstruction de nos services publics effondrés », ajoute-t-il à l’adresse de celui qui a été ministre délégué chargé des Comptes publics dans un précédent gouvernement.
Éric Ciotti, président de LR, rappelle sa ligne en affirmant que « la France a un besoin urgent d’action : elle a besoin d’une autre méthode. La communication permanente doit laisser place à une politique de clarté et de fermeté ». Toujours chez Les Républicains, Aurélien Pradié lui souhaite « des réussites. Il est surtout le Premier ministre d’Emmanuel Macron. Il lui doit tout. Réussir vite est une chose. Faire ses preuves est autre chose. Le superficiel redoute toujours le temps long.»
Un « ballet puéril » pour l’extrême droite
« Que peuvent espérer les Français de ce quatrième Premier ministre et de ce cinquième gouvernement en sept ans ? Rien, répond Marine Le Pen. Lassés de ce ballet puéril des ambitions et des egos, ils attendent un projet qui les remette au cœur des priorités publiques.»
Le président du Rassemblement national tient la même ligne. «En nommant Gabriel Attal à Matignon, Emmanuel Macron veut se raccrocher à sa popularité sondagière pour atténuer la douleur d’une interminable fin de règne», ajoute Jordan Bardella.
Éric Zemmour, président de Reconquête !, constate pour sa part qu’ « une macronienne est remplacée par un macronien qui va remplacer des macroniens par d’autres macroniens. Emmanuel Macron est une toupie : s’il arrête de tourner en rond, il tombe.»
Avec AFP