Le groupe Dangote avance dans sa stratégie d’expansion régionale dans le secteur sucrier. Dans son rapport annuel 2024, relayé par notre confrère Ecofin, Dangote Sugar Refinery (DSR) confirme avoir franchi une étape clé pour l’implantation d’un complexe agro-industriel sucrier au Ghana
«Nous avons finalisé l’étude de faisabilité du projet ainsi que la conception initiale de l’usine. Le site d’implantation a été identifié dans une zone stratégique, et les autorités ghanéennes ont délivré les autorisations nécessaires pour assurer l’irrigation complète du périmètre,» indique le management du groupe Dangote.
25 000Ha dédié à la culture de la canne à sucre
Ledit projet prévoit l’installation d’une usine sucrière ultramoderne à Kwame-Danso, dans le district de Sene West situé dans la région de Bono, d’une capacité de broyage de 12.000 tonnes de canne à sucre par jour. Pour son approvisionnement en matière première, il reposera sur le développement d’un domaine de 25.000 hectares entièrement irrigué dédié à la culture de canne à sucre.
Cette raffinerie une fois opérationnelle, produira non seulement du sucre raffiné, mais aussi de la mélasse ou encore de l’éthanol. C’est en décembre 2023 que les premières fondations de ce projet ont commencé à se mettre en place, après que le Conseil régional de coordination de la région de Bono Est (BERCC) a conclu un partenariat stratégique avec le groupe nigérian.
Les négociations avec les autorités ghanéennes ont été facilitées dans le cadre de la politique « One District, One Factory », un programme d’industrialisation phare initié sous le mandat de l’ancien président Nana Akufo-Addo. En sécurisant désormais le foncier et les ressources hydriques, le projet franchit un cap structurant, annonciateur de la phase d’investissement dont le coût n’est pas encore révélé.
Un nouveau marché à conquérir
Il faut noter que le choix du Ghana pour l’expansion régionale de Dangote Sugar Refinery n’est pas anodin. Accra importe la quasi-totalité de ses besoins en consommation de sucre. Selon les données officielles, le Ghana a importé pour près de 2,3 milliards de cedis (162,4 millions de dollars) de sucre sous toutes ses formes (poudre, de cristaux ou de granulés) pour en 2024. Alors que le gouvernement cherche à réduire sa dépendance aux importations dans le cadre de ses ambitions d’autosuffisance, l’implantation d’une usine représente une opportunité pour le groupe Dangote de se positionner sur un marché porteur.
La concurrence locale reste faible, bien que la Komenda Sugar Factory, usine emblématique de l’industrie sucrière du pays dotée d’une capacité journalière de broyage de canne de 1.250 tonnes, tente de se relancer après des années de déclin. En 2024, un bail de 15 à 20 ans a été signé entre le gouvernement et le groupe indien West Africa Agro Ltd. pour assurer une meilleure gestion de cette usine.
Par ailleurs, la société chinoise Bui Sugar Ltd. a entamé en 2023 la construction d’une autre usine dans la région de Bono, visant une production de 60.000 tonnes de sucre par an. Ces investissements témoignent d’une évolution progressive du secteur sucrier au Ghana, encore largement dominé par les importations.
L’entrée du groupe Dangote dans la filière sucrière au Ghana pourrait renforcer le paysage sucrier local. Si les prochaines étapes de développement du projet se concrétisent, cet investissement pourrait également stimuler les chaînes de valeur agricoles locales, favoriser le transfert de technologies et renforcer la sécurité alimentaire du pays.
Sur ses terres natales, au Nigéria, Dangote règne déjà en maître dans l’industrie sucrière en contrôlant 70% du marché. En 2024, l’entreprise a déclaré une croissance de 51% de son chiffre d’affaires qui s’est établi à 665,6 milliards de nairas, soit 415,4 millions de dollars.