«Le calme est rétabli», a assuré le chef de l’Etat, Julius Maada Bio dans une courte intervention dimanche soir à la télévision publique, après ce qu’il a décrit comme «une tentative visant à saper la paix et la stabilité à laquelle nous travaillons si durement.» Il a révélé que la plupart des leaders de cette tentative de coup d’Etat ont été arrêtés.
Tôt dans la journée, les populations de ce petit pays meurtri par une guerre civile sanglante dans les années quatre-vingt-dix, ont cru revivre un nouveau cauchemar lorsque des militaires et d’anciens combattants rebelles recyclés, ont tenté de forcer une armurerie militaire à Freetown, et affronter les forces de sécurité en plusieurs points de la capitale.
Le ministre de l’Information Chernor Bah avait reconnu que les «assaillants» avaient attaqué les prisons de Freetown et que de nombreux détenus s’étaient échappés, sans autre précision sur ces «assaillants.» Un calme précaire revenait en ville samedi dans la journée, a constaté un correspondant de l’AFP. Cependant, des checkpoints gardés par des forces de sécurité importantes ont été maintenus en place.
Aucun bilan humain officiel des violences n’a été communiqué. Le ministère de l’Information explique que des données sont actuellement compilées, pour établir un bilan. Mais les réseaux sociaux ont commencé à spéculer sur l’identité des «assaillants.» Un ancien membre de la garde rapprochée de l’ex-président Ernest Bai Koroma (2007-2018) serait cité parmi les assaillants qui ont été neutralisés par les forces de sécurité.
Le gouvernement a décrété un couvre-feu jusqu’à nouvel ordre tandis que que les autorités de l’aviation civile ont demandé aux compagnies aériennes de reprogrammer leurs vols en assurant que l’espace aérien restait ouvert.
La Cédéao a condamné cette tentative de «troubler la paix et l’ordre constitutionnel», langage communément employé pour les coups d’Etat qui écument en Afrique de l’Ouest. L’organisation a rappelé «son principe de tolérance zéro pour les changements anticonstitutionnels de gouvernement.» De son côté, l’Union européenne s’est dite «inquiète» et a appelé à «respecter l’ordre constitutionnel.» «Nous condamnons dans les termes les plus vigoureux la tentative de saisie forcée pendant la nuit de la caserne et de l’armurerie Wilberforce», a également fait savoir l’ambassade des Etats-Unis dans un message sur les réseaux sociaux.