Comment pouvons-nous trouver un équilibre entre responsabilité et opportunité en matière de climat ? Et quels sont les enjeux pour la démocratie alors que nous sommes confrontés à une nouvelle génération de défis ? La deuxième journée des Dialogues Atlantique a réuni des voix de l’autre côté de l’Atlantique pour répondre à ces questions et à bien d’autres
La sudité est l’avenir du multilateralisme
Les intervenants ont discuté du rôle du Sud global dans la gouvernance mondiale, soulignant sa diversité. Jacques Attali a soutenu que le Sud n’est pas monolithique, l’influence de la Chine et de la Russie en Afrique ne représentant pas ses intérêts plus larges. Omar Hilale, représentant permanentdu Maroc aux Nations, a souligné le potentiel politique du Sud lorsqu’il est uni, plaidant pour des réformes telles que l’élargissement du Conseil de sécurité de l’ONU pour une meilleure représentation. Erika Mouynes, Avocate panaméenne, a appelé à une plus grande implication des jeunes dans la gouvernance, tandis qu’Ana Palacio, ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères, a appelé à une réévaluation des modèles traditionnels pour adopter des solutions flexibles axées sur la technologie pour répondre aux besoins changeants du Sud.
Qui supporte le coût de la transition énergétique ?
La plénière s’est concentrée sur la responsabilité climatique, les pays industrialisés étant confrontés à une « dette carbone » en raison de leurs émissions historiques, tandis que les pays en développement détiennent des « crédits carbone » pour leurs contributions minimales. Carlos Lopes, économiste bissaoguinéen, a souligné la nécessité de mécanismes pour transférer les ressources des pays à fortes émissions vers les plus touchés. Malgré les promesses répétées, Dominique Strauss-Kahn, ancien directeur général du FMI, s’est demandé si la transition énergétique se ferait sans crise, tandis qu’Andreas Kraemer, Founder, Ecologic Institute, a suggéré de réorienter les subventions aux combustibles fossiles – actuellement de 7 000 milliards de dollars par an – vers les énergies renouvelables.
La démocratie à la limite : année électorale dans la région Atlantique
Les participants ont examiné les dynamiques démocratiques en évolution. Mohamed Beavogui, ancien Premier ministre de la Guinée, a souligné que les élections réussies au Ghana constituaient un modèle de stabilité, tandis que Kassie Freeman, CEO of the African Diaspora Consortium, a évoqué la politisation des questions raciales et identitaires. Paulo Portas, Ancien vice-premier ministre du portugal,a évoqué la montée de la démocratie numérique et son impact sur le paysage politique, illustré par le Brexit. Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l’Education en France, a identifié les menaces qui pèsent sur la démocratie en raison de la concurrence, du manque de diversité et des interférences extérieures, soulignant l’importance de s’attaquer aux questions identitaires et sociales pour contrer l’extrémisme.
Infrastructure intelligente : investir dans l’avenir connecté de l’Afrique
Jorge Arbache, Professeur d’Economie, a souligné le rôle de la technologie dans la promotion des initiatives vertes de l’Afrique, en particulier dans les domaines de l’énergie, des minéraux et de la production alimentaire. Il a fait valoir que l’Afrique doit tirer parti des technologies intelligentes pour mener à la décarbonisation. Arkebe Oqubay Metiku, Senior Minister & Special Adviser to PM, Ethiopia, a évoqué l’essor des technologies numériques et vertes, citant comme exemples les ports du Maroc et les énergies renouvelables de l’Éthiopie. Il a souligné la nécessité de financements innovants, notamment les investissements directs étrangers et les partenariats multilatéraux, pour combler le déficit d’infrastructures de l’Afrique. Nicolas Massot a proposé une collaboration entre l’Amérique du Sud et l’Afrique pour améliorer le développement agricole et réduire les importations alimentaires.
Au-delà de la fragmentation : construire des communautés d’intérêt Atlantique
Sergio Alcocer a souligné le rôle des think tanks dans la promotion de l’innovation par la coopération scientifique et technologique. Il a plaidé pour un apprentissage régional entre l’Amérique latine et l’Afrique afin de promouvoir le développement durable. Stephanie Miley a évoqué la fragmentation de la communauté atlantique, appelant à une collaboration intersectorielle et soulignant que les jeunes sont les principaux moteurs de la coopération transatlantique. Mamphela Ramphele a fait valoir que la reconnaissance du patrimoine commun et la lutte contre les systèmes d’exploitation sont essentielles pour bâtir des communautés inclusives, les jeunes étant les premiers à montrer la voie grâce à l’éducation et au leadership.